mercredi 21 janvier 2015

Chemin de croix

Vous parler de Ben-Hur deux semaines après l'attaque de la rédaction de Charlie Hebdo a quelque chose d'incongru. J'ai hésité à revenir ici sur cette action terroriste, comme je l'avais fait quand deux bombes avaient explosé au marathon de Boston, le 15 avril 2013. Le film d'aujourd'hui parle lui aussi de fanatisme religieux. Il est souvent vu comme l'un des plus grands péplums jamais réalisés. Ou le meilleur...

Dans la Jérusalem antique, un haut dignitaire juif retrouve avec joie son ami d'enfance, devenu citoyen et soldat de Rome. Le premier espère vivre en paix, mais l'autre compte imposer sa loi. Les enfants d'hier se déchirent et se séparent avec fracas. Quand un incident survient qui ralentit un court instant l'entrée en ville de l'armée romaine, Ben-Hur - c'est le nom du prince de Judée - s'oppose encore une fois à son camarade Messala et, trahi par ce dernier, est envoyé aux galères. C'est une injustice flagrante et le début d'une vie d'exil. Centré sur ce personnage de dignitaire déchu, le long-métrage entraîne alors son héros dans une série de péripéties dramatiques. Semé d'embûches, son parcours pour revenir chez lui est aussi l'occasion d'un éveil à la spiritualité. On peut bel et bien parler de film biblique, puisque le Christ lui-même apparaît plusieurs fois... de dos. Je ne vois rien qui puisse heurter les idées des non-chrétiens, en fait.

Tout ou presque a été dit sur le faste de ce film aux onze Oscars ! L'aura de Charlton Heston a diminué avec le temps, sans nuire forcément à la réputation du long-métrage. C'est certain pourtant qu'aujourd'hui, les 3 heures 34 de cette fresque sont anachroniques. Ben-Hur offre un voyage dans ce qu'il est convenu d'appeler l'âge d'or du cinéma hollywoodien. Il exalte des sentiments forts et contrastés. La loyauté du héros affronte l'ambition du méchant: de pouvoir aussitôt imaginer comment tout finira ne doit surtout pas vous priver du spectacle et vous empêcher d'être émerveillés. J'ai l'impression que certains des réalisateurs actuels, à l'image de Ridley Scott notamment, ont tenté de préserver l'héritage de ce grand classique. Ce que j'apprécie, moi, c'est d'être immergé dans une reconstitution fastueuse, animée par une marée de figurants - ils étaient 400.000 sur l'ensemble du tournage ! Une copie restaurée circule depuis 2011.

Ben-Hur
Film américain de William Wyler (1959)

Ce chef d'oeuvre ne peut sûrement pas être présenté comme un "cas" isolé. Le cinéma US était alors friand de superproductions historiques de ce genre. Aux côtés des grands noms, j'ai un faible pour certaines d'entre elles, comme La chute de l'empire romain par exemple, sorti cinq ans plus tard. Ceux d'entre vous qui voudraient voir un autre film d'essence évangélique jetteront également un oeil à Barabbas (1961).

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Ils ont eux aussi parlé du long-métrage...

Les rédacteurs de "L'oeil sur l'écran" lui accordent la note maximale.

8 commentaires:

Princécranoir a dit…

Une de ces grandes fresques monumentales à l'antique comme on aimait en voir jadis. J'ai personnellement toujours plaisir à revoir ce Ben-Hur, tout comme d'autres grands titres de la même époque (Spartacus, Cléopâtre en tête). J'ai toujours un peu de mal avec le film d'Anthony Mann "la chute de l'empire romain" (pourtant Mann est un de mes réalisateurs préférés) mais je crois qu'il mérite une nouvelle chance. Je tenterai d'y remédier dès que le temps me le permettra. Quant à Wyler, c'est loin d'être un manchot (un de ses plus beaux films est sans doute "the best years of our lives" sur le retour des vétérans de la seconde guerre), et le rapprocher d'un Ridley Scott aujourd'hui n'est pas inintéressant, en dehors même de leurs thématiques communes.

Martin a dit…

Merci pour ce commentaire, cher ami. Je vais tâcher de me souvenir de ta suggestion signée William Wyler.

Je dois dire que, si tu redonnes une chance à "La chute de l'empire romain", je me réjouis à l'avance de lire ton analyse. La parenté avec le "Gladiator" de Ridley Scott m'a sauté aux yeux ! On y retrouve Stephen Boyd, dans la peau du héros cette fois. Et le reste du casting vaut lui aussi le détour, Sophia Loren et Alec Guinness en tête.

2flicsamiami a dit…

Argh, je n'ai pas vu ce classique. Je mérite d'être fouetter au sang pour ça !

2flicsamiami a dit…

"fouetté" serait plus correcte :)

Martin a dit…

@ 2flics première version:

Je n'irai pas jusqu'à préconiser qu'on te donne des coups de fouet pour si peu, mais bon... si tu as l'occasion de le voir, ça peut être intéressant de s'y plonger, au moins pour connaître un peu mieux le patrimoine cinématographique américain.

Martin a dit…

@2 flics deuxième version:

Oui, c'est clair ! Mais toujours pas de coups de fouet en vue, sois rassuré...

ideyvonne a dit…

"Barabas" me semble mieux que "la chute de l'empire romain" mais incontestablement "Ben Hur" reste une sacrée référence cinématographique dans les peplum!
Quant au film "les plus belles années de notre vie" dont parle Princécranoir, je l'ai vu récemment sur une chaîne ciné et il vaut le détour (à avoir, ce film avait reçu 10 Oscars)

Martin a dit…

J'avais vraiment apprécié "Barabbas", moi aussi. Cette scène de crucifixion tournée pendant une vraie éclipse de soleil m'a impressionné !

"La chute de l'empire romain" est peut-être un peu plus faible et reprend sans doute certains éléments déjà vus auparavant, mais je reste sensible à son charme ancienne école.