Au programme aujourd'hui: une bonne leçon d'histoire à la sauce hollywoodienne. Je trouve que George Clooney a plutôt bien fait d'aborder ce sujet fort peu connu: au cours de la seconde guerre mondiale, un petit groupe d'historiens de l'art est parti sur le front pour récupérer diverses oeuvres dérobées par les Nazis, dans l'espoir de les restituer à leurs véritables propriétaires, fondations, musées ou simples particuliers. On les a surnommés les Monuments men. C'est aussi - vous l'aurez compris - le titre du film qui les "ressuscite".
Avec celle de la résistance, leur action mérite l'éloge: de grands chefs d'oeuvre ont été sauvés, qu'Hitler avait imaginé garder... ou détruire. George Clooney est ici producteur, scénariste, réalisateur et acteur. Sans doute le sujet lui tenait-il à coeur - et c'est tant mieux. Nanti d'un carnet d'adresses XXL, il en a profité pour contacter ses copains et donner de bons rôles à Matt Damon, Bill Murray, John Goodman, Cate Blanchett, Jean Dujardin... entre autres. Cette distribution glamour n'a rien à se reprocher: le vrai problème de Monuments men ne tient nullement à une quelconque contre-performance dans le jeu de l'un ou l'autre des protagonistes. Si le film m'a déçu, c'est plutôt parce qu'il est "propret", sans véritable aspérité. Il en deviendrait même caricatural, pour ainsi dire. La guerre devient une circonstance anecdotique, la zone de conflit un décor qu'on peut traverser aisément. Et, bien sûr, personne ne souffre de réelles privations...
Plutôt bien fichu, pas antipathique, le film m'a en fait paru "décalé". L'un de mes regrets est qu'il soit si bêtement patriotique: les Alliés sont des mecs bien, évidemment, les Allemands des brutes épaisses promptes au mensonge et les Russes une nouvelle menace à éviter d'urgence. En y ajoutant la bande originale d'un Alexandre Desplat pour une fois peu inspiré, on obtient un long-métrage grandiloquent sans raison objective, qui sonne faux. L'autre souci tient au choix d'insérer dans l'intrigue quelques séquences humoristiques: je suis friand des blagues "clooneysques", en général, mais là, ça tombe souvent comme un cheveu sur la soupe. C'est que Monuments men mélange les genres: les monstruosités du conflit armé et de la Shoah sont évoquées par petites touches, mais justement... je me suis dit que c'était trop ou pas assez ! Je n'ai pas vu un mauvais film, non. C'est juste que, paradoxalement, tout ça finit par manquer d'émotion.
Monuments men
Film américain de George Clooney (2014)
Petite déception, donc. Je n'ai mis que trois étoiles, ce qui me semble refléter au mieux l'idée que le sujet méritait meilleur traitement. J'imagine bien que l'ami George a voulu faire un autre de ces films entre potes qu'il affectionne tant: je le respecte, mais je dirais juste que ce n'était peut-être pas le meilleur choix à retenir, pour le coup. Reste le plaisir du casting et de la belle reconstitution. C'est déjà ça. Au rayon films sur l'art en temps de guerre, et même si ce parallèle est lui-même discutable, vous pourriez préférer "Le dernier métro".
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La presse est assez critique, mais qu'en est-il ailleurs ?
Pascale ("Sur la route du cinéma") n'a pas été emballée, loin de là. Dans sa "Bulle", Princécranoir n'a pas de termes plus élogieux. Nouveau venu croisé ailleurs, 2flicsamiami donne juste la moyenne (cf. "Callciné"). Et Phil Siné (cf. sa "Cinémathèque") parle carrément d'oeuvre puante ! Bigre ! Et dire que pendant ce temps, Clooney crée la polémique en réclamant la restitution de la Joconde à l'Italie...
Avec celle de la résistance, leur action mérite l'éloge: de grands chefs d'oeuvre ont été sauvés, qu'Hitler avait imaginé garder... ou détruire. George Clooney est ici producteur, scénariste, réalisateur et acteur. Sans doute le sujet lui tenait-il à coeur - et c'est tant mieux. Nanti d'un carnet d'adresses XXL, il en a profité pour contacter ses copains et donner de bons rôles à Matt Damon, Bill Murray, John Goodman, Cate Blanchett, Jean Dujardin... entre autres. Cette distribution glamour n'a rien à se reprocher: le vrai problème de Monuments men ne tient nullement à une quelconque contre-performance dans le jeu de l'un ou l'autre des protagonistes. Si le film m'a déçu, c'est plutôt parce qu'il est "propret", sans véritable aspérité. Il en deviendrait même caricatural, pour ainsi dire. La guerre devient une circonstance anecdotique, la zone de conflit un décor qu'on peut traverser aisément. Et, bien sûr, personne ne souffre de réelles privations...
Plutôt bien fichu, pas antipathique, le film m'a en fait paru "décalé". L'un de mes regrets est qu'il soit si bêtement patriotique: les Alliés sont des mecs bien, évidemment, les Allemands des brutes épaisses promptes au mensonge et les Russes une nouvelle menace à éviter d'urgence. En y ajoutant la bande originale d'un Alexandre Desplat pour une fois peu inspiré, on obtient un long-métrage grandiloquent sans raison objective, qui sonne faux. L'autre souci tient au choix d'insérer dans l'intrigue quelques séquences humoristiques: je suis friand des blagues "clooneysques", en général, mais là, ça tombe souvent comme un cheveu sur la soupe. C'est que Monuments men mélange les genres: les monstruosités du conflit armé et de la Shoah sont évoquées par petites touches, mais justement... je me suis dit que c'était trop ou pas assez ! Je n'ai pas vu un mauvais film, non. C'est juste que, paradoxalement, tout ça finit par manquer d'émotion.
Monuments men
Film américain de George Clooney (2014)
Petite déception, donc. Je n'ai mis que trois étoiles, ce qui me semble refléter au mieux l'idée que le sujet méritait meilleur traitement. J'imagine bien que l'ami George a voulu faire un autre de ces films entre potes qu'il affectionne tant: je le respecte, mais je dirais juste que ce n'était peut-être pas le meilleur choix à retenir, pour le coup. Reste le plaisir du casting et de la belle reconstitution. C'est déjà ça. Au rayon films sur l'art en temps de guerre, et même si ce parallèle est lui-même discutable, vous pourriez préférer "Le dernier métro".
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La presse est assez critique, mais qu'en est-il ailleurs ?
Pascale ("Sur la route du cinéma") n'a pas été emballée, loin de là. Dans sa "Bulle", Princécranoir n'a pas de termes plus élogieux. Nouveau venu croisé ailleurs, 2flicsamiami donne juste la moyenne (cf. "Callciné"). Et Phil Siné (cf. sa "Cinémathèque") parle carrément d'oeuvre puante ! Bigre ! Et dire que pendant ce temps, Clooney crée la polémique en réclamant la restitution de la Joconde à l'Italie...
1 commentaire:
Je suis assez d'accord avec toi. Le problème, qui m'est apparu à la lecture du livre dont il est l'adaptation, c'est que George Clooney n'a pas su trancher entre un réalisme documentaire et une vraie fiction qui prend ses distances avec la réalité. Au final, un film bâtard mais, comme tu le dis, pas désagréable.
Par contre, je me demande ce que vous avez avec la partition de Desplat. Elle sur dramatise un peu certaines scènes, mais techniquement, c'est quand même géant ! Non, vraiment, là, je suis chocolat...
Merci pour la dédicace en fin d'article :)
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