Il existe peut-être un trajet plus court. Google Maps donne 898 miles pour aller de Billings, Montana, à Lincoln, Nebraska, soit l'équivalent de 1.445 de nos kilomètres. Dans Nebraska, le film, c'est la route parcourue par Woodrow et son fils David. Le premier nommé a reçu une lettre qui dit qu'il est le grand gagnant d'une loterie, à hauteur d'un million de dollars. Il n'a pas envie d'écouter ceux qui prétendent qu'il s'agit d'une arnaque. Et c'est juste parce que cette obstination l'interroge que son second garçon l'accompagne chercher son "gain"...
Woodrow est-il sénile ? S'accroche-t-il à un ultime espoir pour oublier que le temps passe et que ses vieux jours n'ont plus rien d'exaltant ? David est-il soucieux ou pense-t-il devoir saisir une dernière occasion d'être proche de son père ? L'intelligence de Nebraska, c'est de laisser chacun libre de répondre à ces questions. Le film va son chemin lentement, presque tranquillement, sans donner de réponse définitive aux thématiques posées - il se termine d'ailleurs par le très beau plan d'une voiture filant vers l'horizon et tous les possibles. Cette odyssée dérisoire au coeur de l'Amérique profonde est efficace et touchante parce qu'elle mélange harmonieusement plusieurs émotions complémentaires: le ton est tour à tour drôle, mélancolique et digne. C'est évident qu'Alexander Payne, réalisateur, et Bob Nelson, scénariste, ont un grand respect pour le personnage de Woodrow. Imparfait, voire pathétique, il est surtout magnifiquement... humain.
Il faut bien dire que, devant la caméra, on assiste à un grand numéro de Bruce Dern. Souvenez-vous: en mai dernier, à 76 ans, l'acteur américain repartait du Festival de Cannes avec le Prix d'interprétation masculine. À l'antithèse de son nouvel héros, il rappelait avoir joué "plus de psychopathes, de marginaux et de camés que n'importe qui". Rien de tel ici, malgré un certain penchant pour la bière bon marché. Au sommet de son talent, Bruce Dern est le joyau d'une distribution quasi-parfaite, dont la justesse de jeu fait merveille. C'est formidable de voir autant de visages burinés réunis à l'écran et je veux citer l'extraordinaire June Squibb, 84 ans, au rang des seconds rôles majeurs, épouse acariâtre et malgré tout aimante. La belle retenue d'un Will Forte - alias David - en passe presque au second plan. N'allez surtout pas reculer devant l'image en noir et blanc: Nebraska est l'un des petits bijoux de ce début d'année 2014. Un joli voyage en famille.
Nebraska
Film américain d'Alexander Payne (2014)
Du même cinéaste, je voudrais voir The descendants, l'unique rôle de père de George Clooney. Pour le moment, je n'ai encore découvert que Sideways, un autre road-movie attachant avec Paul Giamatti. Alexander Payne tourne peu et bien. Les routes de ses films sillonnent l'Amérique populaire, ce fameux Promised land cher à Gus van Sant. On peut également songer à Jim Jarmusch et ses Broken flowers...
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Après toute cette route, faites une pause chez les copains...
Une autre chronique positive vous attend sur "Le blog de Dasola".
Woodrow est-il sénile ? S'accroche-t-il à un ultime espoir pour oublier que le temps passe et que ses vieux jours n'ont plus rien d'exaltant ? David est-il soucieux ou pense-t-il devoir saisir une dernière occasion d'être proche de son père ? L'intelligence de Nebraska, c'est de laisser chacun libre de répondre à ces questions. Le film va son chemin lentement, presque tranquillement, sans donner de réponse définitive aux thématiques posées - il se termine d'ailleurs par le très beau plan d'une voiture filant vers l'horizon et tous les possibles. Cette odyssée dérisoire au coeur de l'Amérique profonde est efficace et touchante parce qu'elle mélange harmonieusement plusieurs émotions complémentaires: le ton est tour à tour drôle, mélancolique et digne. C'est évident qu'Alexander Payne, réalisateur, et Bob Nelson, scénariste, ont un grand respect pour le personnage de Woodrow. Imparfait, voire pathétique, il est surtout magnifiquement... humain.
Nebraska
Film américain d'Alexander Payne (2014)
Du même cinéaste, je voudrais voir The descendants, l'unique rôle de père de George Clooney. Pour le moment, je n'ai encore découvert que Sideways, un autre road-movie attachant avec Paul Giamatti. Alexander Payne tourne peu et bien. Les routes de ses films sillonnent l'Amérique populaire, ce fameux Promised land cher à Gus van Sant. On peut également songer à Jim Jarmusch et ses Broken flowers...
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Après toute cette route, faites une pause chez les copains...
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1 commentaire:
Tiens... je ne me souviens pas avoir entendu parler de ce film. Faut dire que je suis un peu en retard dans la lecture de mes Studio... A noter, donc. J'aime bien Bruce Dern en plus.
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