Je voulais découvrir le cinéma d'Abel Ferrara depuis un bon moment. Pas attiré par son prochain film inspiré de l'affaire Strauss-Kahn, j'ai saisi l'occasion récente d'une diffusion télé de The king of New York pour assouvir un peu ma curiosité. C'est aussi Christopher Walken que j'étais content de retrouver ici. J'ai toujours trouvé l'acteur américain étrangement fascinant - c'est lié à son visage, je suppose. Cette fois, il est Frank White, un parrain du trafic de stupéfiants fraîchement sorti de prison et déterminé... à reprendre son business.
Ce personnage serait tout à fait ordinaire dans le paysage du cinéma hollywoodien s'il n'avait une spécificité: ce baron du crime voit grand et s'imagine maire de New York. Criminel endurci, il fréquente déjà quelques notables corrompus et s'imagine meilleur qu'eux, au motif qu'il souhaite sauver un hôpital de la fermeture administrative. L'ambigüité de son comportement ne l'empêche pas d'être ambitieux. Seul un (petit) groupe de policiers contrarie ses rêves de gloire politico-criminelle. Je veux dire aussitôt que The king of New York dresse un portrait de la ville des plus originaux. La première scène est à ce titre assez emblématique: Frank White observe la mégapole depuis le fauteuil arrière d'une limousine, à l'abri des sous-citoyens qui forment la faune des bas quartiers. Le titre du métrage annonce clairement la couleur: l'homme est de retour chez lui, empereur incontestable des grands voyous et petites frappes. Ceux qui oseront se mettre en travers de son chemin en paieront le prix. Les dialogues restent relativement rares et la violence toujours latente, explosive.
The king of New York porte le poids de son quasi-quart de siècle. D'aucuns ont émis l'idée qu'Abel Ferrara donnait alors à ses films l'imagerie de clips musicaux. C'est assez vrai ici et plutôt bien trouvé. Jimmy Jump, l'homme de main joué par Laurence Fishburne, paraît ainsi tout droit issu d'une vidéo de gangsta rap. Le scénario mélange allègrement toutes les communautés de la ville: blacks, irlandais, chinois... un melting pot du crime qui confère au métrage un ton particulier et une atmosphère réaliste. On ne sait trop sur quel pied danser: les "méchants" ont des principes, tandis que les "gentils", eux, n'hésitent pas à sortir du cadre légal pour faire respecter l'ordre. J'imagine que c'est là qu'il faut chercher la signature Abel Ferrara. Réputé pour l'aspect hardcore et transgressif de son style, le cinéaste sait pertinemment de quoi il parle, lui qui est né dans le Bronx il y a bientôt 63 ans. Ses comédiens composent une galerie de personnages haute en couleurs, dont Christopher Walken paraît en réalité l'élément le plus contrôlé. Faire couler le sang n'empêche pas d'avoir du style.
The king of New York
Film américain d'Abel Ferrara (1990)
Une précision: ce film ne doit pas être confondu avec un autre, sorti neuf ans plus tôt et signé Sidney Lumet - Le prince de New York. Attention également avec Un prince à New York, une comédie réalisée par John Landis en 1988, avec Eddie Murphy dans le rôle principal. Du coté d'Abel Ferrara, les comparaisons possibles ciblent davantage des films comme Le parrain ou Les affranchis. Je préfère d'ailleurs Francis Ford Coppola et, un peu en retrait, Martin Scorsese. Mon film de gangsters culte demeure L'impasse, de Brian DePalma.
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Pour rester sur le film qui nous a occupés aujourd'hui...
Je vous recommande la lecture de "Mon cinéma, jour après jour".
Ce personnage serait tout à fait ordinaire dans le paysage du cinéma hollywoodien s'il n'avait une spécificité: ce baron du crime voit grand et s'imagine maire de New York. Criminel endurci, il fréquente déjà quelques notables corrompus et s'imagine meilleur qu'eux, au motif qu'il souhaite sauver un hôpital de la fermeture administrative. L'ambigüité de son comportement ne l'empêche pas d'être ambitieux. Seul un (petit) groupe de policiers contrarie ses rêves de gloire politico-criminelle. Je veux dire aussitôt que The king of New York dresse un portrait de la ville des plus originaux. La première scène est à ce titre assez emblématique: Frank White observe la mégapole depuis le fauteuil arrière d'une limousine, à l'abri des sous-citoyens qui forment la faune des bas quartiers. Le titre du métrage annonce clairement la couleur: l'homme est de retour chez lui, empereur incontestable des grands voyous et petites frappes. Ceux qui oseront se mettre en travers de son chemin en paieront le prix. Les dialogues restent relativement rares et la violence toujours latente, explosive.
The king of New York porte le poids de son quasi-quart de siècle. D'aucuns ont émis l'idée qu'Abel Ferrara donnait alors à ses films l'imagerie de clips musicaux. C'est assez vrai ici et plutôt bien trouvé. Jimmy Jump, l'homme de main joué par Laurence Fishburne, paraît ainsi tout droit issu d'une vidéo de gangsta rap. Le scénario mélange allègrement toutes les communautés de la ville: blacks, irlandais, chinois... un melting pot du crime qui confère au métrage un ton particulier et une atmosphère réaliste. On ne sait trop sur quel pied danser: les "méchants" ont des principes, tandis que les "gentils", eux, n'hésitent pas à sortir du cadre légal pour faire respecter l'ordre. J'imagine que c'est là qu'il faut chercher la signature Abel Ferrara. Réputé pour l'aspect hardcore et transgressif de son style, le cinéaste sait pertinemment de quoi il parle, lui qui est né dans le Bronx il y a bientôt 63 ans. Ses comédiens composent une galerie de personnages haute en couleurs, dont Christopher Walken paraît en réalité l'élément le plus contrôlé. Faire couler le sang n'empêche pas d'avoir du style.
The king of New York
Film américain d'Abel Ferrara (1990)
Une précision: ce film ne doit pas être confondu avec un autre, sorti neuf ans plus tôt et signé Sidney Lumet - Le prince de New York. Attention également avec Un prince à New York, une comédie réalisée par John Landis en 1988, avec Eddie Murphy dans le rôle principal. Du coté d'Abel Ferrara, les comparaisons possibles ciblent davantage des films comme Le parrain ou Les affranchis. Je préfère d'ailleurs Francis Ford Coppola et, un peu en retrait, Martin Scorsese. Mon film de gangsters culte demeure L'impasse, de Brian DePalma.
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Pour rester sur le film qui nous a occupés aujourd'hui...
Je vous recommande la lecture de "Mon cinéma, jour après jour".
1 commentaire:
Super gentil de citer mon billet, mais il n'était guère étoffé. Je me demande pourquoi je n'étais pas plus inspirée, car ce film est magnifique ! Mais quelquefois, les mots manquent : on trouve ça beau, et puis c'est tout, on a du mal à analyser.
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