dimanche 16 février 2014

Un labyrinthe blanc

Je suis arrivé en retard au cinéma pour voir mon premier film français de l'année. J'ai raté la scène où Mathieu Amalric, prof d'université, couche avec l'une de ses étudiantes. Coup de chance ! Même s'il ne révèle rien de fondamental, ce pré-générique ajoute quelque chose d'explicite à une production cinéma qui laisse une part importante à l'imagination. L'amour est un crime parfait est un film double, à la fois thriller policier et observation d'un esprit perturbé. Un suspense un peu oppressant parcourt le métrage de bout en bout.

Marc, donc, est prof d'université, quelque part dans les montagnes suisses. Il se sait et se dit écrivain raté, mais enseigne pourtant l'art de l'écriture. Plus qu'accessoirement, il séduit nombre de ses élèves. Aussi, quand la plus brillante d'entre elles disparaît, la police l'interroge aussitôt. Marc cache mal son goût pour les jeunes femmes. Cela dit, sur cette Barbara, il ne sait rien... ou plutôt ne se souvient de rien. Le "héros" de L'amour est un crime parfait cacherait-il quelque chose ? Pas sûr, mais c'est un drôle de type. Son doyen l'encourage à éviter tout comportement ambigu, mais le conseil paraît lui glisser dessus, sans effet. On découvre alors que Marc continue d'attirer les regards et notamment ceux d'Annie, une autre étudiante sexuellement extravertie, et d'Anna, qui, un beau jour, se présente directement à lui comme la belle-mère de la disparue. Et il y a aussi Marianne, sa soeur, qui partage son toit et peut-être davantage...

Ce que je retiens de cette histoire, c'est d'abord une atmosphère. L'énigme initiale est vite passée au second plan de mes pensées. Doucement mais sûrement, le scénario avance et distille des indices quant à sa résolution ultime, mais j'ai trouvé que c'était subsidiaire. C'est d'abord par l'image et les décors que l'essentiel s'exprime. Tourné sur le campus de l'école polytechnique de Lausanne, bâtiment blanc, sinueux et ouvert à la lumière, le film joue sur les paradoxes. Le mystère plane au coeur d'un labyrinthe de verre où rien ne semble pouvoir rester dans l'ombre. Seuls les sommets enneigés voisins pourraient éventuellement étouffer les secrets en barrant l'horizon. L'amour est un crime parfait doit beaucoup à ce cadre. Il m'a suffi pour occulter plusieurs - petits - défauts. J'ai plutôt apprécié le trio d'actrices, Maïwenn Le Besco, Karin Viard et surtout Sara Forestier. Denis Podalydès complète honorablement cette distribution efficace.

L'amour est un crime parfait
Film français d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu (2014)

Hormis un titre un rien alambiqué, tout au plus pourrais-je reprocher au film une tendance à s'encombrer de références "intellos". Il faut noter qu'il s'inspire d'Incidences, un roman de Philippe Djian (2010). Tout ça est peut-être un peu trop écrit pour être tout à fait sur le ton juste, d'où ma note un peu mitigée, au final. Il y a là quelque chose d'assez sophistiqué, qui peut faire écho à Une histoire d'amour. Autre thriller en montagne, Possessions, lui, reste bien loin derrière.

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Un autre avis vous intéresse ?

Pascale livre le sien sur son blog, "Sur la route du cinéma". Elle note l'aspect quelque peu érotique du film: ça ne lui a pas beaucoup plu...

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