Bon, en attendant le retour - hypothétique - de mes plumes associées, j'entame cette sixième année "bobinienne" sans mention de l'auteur de la chronique. Ce sera "Martin par défaut", OK ? Je tiens toutefois une promesse faite hier: l'apparition d'une nouvelle nation de cinéma sur le blog. Une fois encore, je me sens redevable à Arte.
C'est en effet la petite chaîne franco-allemande qui, un soir de match de foot, a préféré diffuser Captain Abu Raeb, un film... jordanien ! Je n'en avais jamais entendu parler avant de lire le programme télé en quête de (bons) choix estivaux. Même Télérama se contentait d'ailleurs de trois lignes de résumé. J'étais en route vers l'inconnu !
C'est en effet la petite chaîne franco-allemande qui, un soir de match de foot, a préféré diffuser Captain Abu Raeb, un film... jordanien ! Je n'en avais jamais entendu parler avant de lire le programme télé en quête de (bons) choix estivaux. Même Télérama se contentait d'ailleurs de trois lignes de résumé. J'étais en route vers l'inconnu !
Si ce que j'ai lu depuis est exact, le long-métrage serait le premier issu de son pays depuis un demi-siècle ! Je crois pouvoir le présenter comme un spectacle familial, même si certaines (courtes) scènes recèlent une violence difficile à accepter pour les plus jeunes. Il est d'abord question d'un brave type, homme de ménage à l'aéroport d'Amman, qui découvre et s'accapare une casquette de pilote abandonnée à la poubelle. Avec ce couvre-chef, aux yeux d'un groupe d'enfants du voisinage, il va devenir le Captain Abu Raeb, de retour chez lui entre deux vols internationaux. Une jolie illusion maintenue avec d'autant plus de bonheur qu'elle vient idéalement combler le trou laissé par une longue solitude affective. À partir de cette trame poétique, le scénario esquisse alors d'autres thèmes plus profonds...
Pour être juste avec le film, je crois qu'il faut d'abord tenir compte du fait qu'il arrive un peu de nulle part. C'est un objet filmique légèrement bancal, peut-être un peu trop long, avec quelques ellipses bien venues et, à l'inverse, des scènes relativement dispensables. L'étonnant est que, d'abord assez drôle avec ce personnage principal au grand coeur, le long-métrage bascule petit à petit vers le drame. J'ai la très nette impression qu'il dit quelque chose de la Jordanie d'aujourd'hui, sans vraiment savoir à quoi m'en tenir, ne connaissant que très mal la situation actuelle du pays. Captain Abu Raeb m'a plu pour ce qu'il est: le représentant d'une nation dont j'ignorais jusqu'alors toutes les expressions artistiques. Il évoque de manière frontale la condition des femmes en terre d'Islam, celle des enfants, les conflits de génération, la vieillesse et la mort. C'est beaucoup. Trop, diront certains. Mais ça a le mérite d'exister et donc d'orienter notre regard vers autre chose que ce qu'il connaît déjà par coeur.
Captain Abu Raeb
Film jordanien d'Amin Matalqa (2007)
Cette découverte culturelle m'a fait songer à un autre film apprécié cette année et tourné autour d'un groupe d'enfants: Nobody knows. Du Japon à la Jordanie, il n'y a qu'un saut de puce, au plan alphabétique. L'espace est plus important dans la maîtrise de l'outil cinéma. Qu'importe: je me réjouis de voir s'ouvrir d'autres horizons.
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