Je préfère être prudent. N'étant pas (encore ?) un grand connaisseur du cinéma de Woody Allen, je me garde bien d'évaluer la qualité autobiographique de Radio days. Juste une certitude: le réalisateur est aussi le narrateur de cette histoire, sans apparaître face caméra. Il est également très probable qu'il ait mis de lui dans le personnage de Joe Needleman, le petit garçon juif autour duquel tourne l'histoire du film. Sans référence précise, Wikipedia avance que le cinéaste considère le long-métrage comme le meilleur de sa filmographie. Qu'il me soit permis de disconvenir, tout en reconnaissant humblement qu'Allen s'est peut-être fait plaisir. Tout simplement.
Ce bon vieux Woody fait tout même preuve d'un incroyable talent pour camper un décor original, ici, celui de l'Amérique prolétarienne des années 40. Radio days n'a pas exactement une structure ordinaire. Pas linéaire pour un sou, le scénario bâtit un kaléidoscope de personnages et de situations. C'est le transistor qui vient relier toutes les histoires entre elles: on nous invite à nous intéresser autant à ceux qui fabriquent les émissions qu'à ceux qui les écoutent. L'air de rien, on nous parle donc d'un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. En ce temps-là, pas de télé, encore moins d'Internet ou de téléphone portable. Le monde extérieur parvenait jusqu'aux gens par la seule puissance de la voix, souvent en différé. Et un petit garçon pouvait encore rêver de héros qu'il ne voyait pas...
Qu'un cinéaste - alors âgé de 52 ans - aborde avec une telle justesse l'apport d'un autre média, c'est sûrement nostalgique, mais aussi plutôt émouvant. Je gage qu'à défaut d'y reconnaître une évocation de l'enfance de Woody Allen, quelques vieux Américains se sont d'abord souvenus de leur propre jeunesse. Les bases du cinéma allenien sont respectées, cela dit: plus concrètement, Radio days n'oublie pas d'être drôle et de parler d'amour. En mère parfaite, épouse fidèle d'un vieux chamailleur, tante vouée au célibat éternel ou maîtresse d'école sexy, la femme elle-même vient ici s'incarner sous différentes formes, qu'on retrouvera isolées dans d'autres films. Il faut aimer ce long-métrage dans sa multitude d'approches. Accepter de s'y perdre un peu pour mieux alors ressentir sa beauté.
Radio days
Film américain de Woody Allen (1987)
Un point à ne pas oublier: le long-métrage fait également la part belle à une bande originale jazz du meilleur niveau. Il me paraît tellement intime que je ne vois guère d'autres oeuvres cinématographiques qui pourraient lui être comparées. Si vous aimez cette musique et les films d'époque, jetez quand même un oeil à Bird de Clint Eastwood. En attendant que je continue avec Woody Allen...
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