samedi 12 septembre 2020

L'été à Madrid

L'oisiveté serait-elle mère de tous les vices ? C'est ce qu'un proverbe prétend, mais il a probablement été inventé avant le confinement. D'aucuns prétendent que le travail, c'est la santé: ouais, mon oeil ! L'héroïne d'Eva en août ne fait rien et nous sommes invités à vérifier si ça lui va bien. Un programme sympa avant le retour de l'automne...

Contrairement à nombre de ses compatriotes, la jolie Eva est restée tout l'été à Madrid. Un ami lui a prêté les clés de son appartement sans lui demander de contrepartie, mais en lui précisant que la porte de l'immeuble ferme mal. Le film prend donc le pari que le spectateur saura s'attacher à cette trentenaire indécise et aimera alors la suivre dans ses diverses pérégrinations citadines en quête d'on ne sait quoi. Lancé sur cette intrigue minimaliste, Eva en août aurait pu n'être qu'une banale carte postale en mouvement de la capitale espagnole. C'est, je crois, un peu plus que cela, mais la posture contemplative demeure sans doute la meilleure pour se laisser embarquer. Ou pas...

C'est tout en délicatesse que la personnalité d'Eva se révèle, au gré des lieux qu'elle fréquente et des personnes qu'elle rencontre. Certaines la connaissent déjà, d'autres, comme nous, la découvrent. J'ai ressenti une mélancolie croissante dans le déroulé du récit. Chercher le sens caché des images me paraît vain, mais il est permis d'interpréter le film comme une longue (eh oui, deux heures !) suite d'impressions fugaces et personnelles: le scénario a de fait été écrit par le réalisateur et son actrice, Itsaso Arana, la comédienne déclarant qu'elle serait ravie qu'on apprenne à la connaître à travers son personnage. Dans bien des critiques, Eva en août est présenté comme une oeuvre d'inspiration rohmerienne, ce que son naturalisme supposé peut certes justifier - même s'il faut se garder des raccourcis faciles. J'ai pour ma part vu un long-métrage évanescent, dont la fin ouverte nous laisse seuls écrire la morale. C'est toujours mieux ainsi !

Eva en août
Film espagnol de Jonàs Trueba (2019)

Le rythme particulier et l'absence d'enjeux réels de ce long-métrage risque de dérouter une partie du public. L'anti-film d'action absolu ! J'ai bien aimé, moi, et je me suis souvenu d'une lointaine découverte avec un autre film en VO espagnole: Amorosa Soledad (Argentine). J'imagine qu'en France, on aurait choisi Audrey Tautou dans le rôle principal. L'occasion de voir Le battement d'ailes du papillon ? Oui...
 
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Si mon avis ne vous convainc pas...
Vous lirez avec intérêt celui de Dasola, qui est (presque) son opposé.

Une petite précision "technique"...
Cette chronique est la dernière que je vous propose cette semaine. Mes prochains textes seront ainsi publiés tous les deux ou trois jours.

2 commentaires:

dasola a dit…

Bonjour Martin K, j'ai trouvé que ce film n'avait aucun intérêt, trop long, même s'il s'arrête le 15 août... Quand un des personnages souffle pour ouvrir les chakras d'Eva, on atteint le sommet du ridicule. Bonne journée et merci pour le lien.

Martin a dit…

Pas d'quoi ! Cette fameuse scène est un peu trop étirée, oui, mais assez révélatrice du personnage.