Quelle place reste-t-il pour l'empathie dans l'oeuvre de justice ? Appuyées sur le droit, les décisions des tribunaux guérissent-elles autre chose que les maux de la société ? Un film comme My Lady permet de s'interroger sur ces questions, pour peu qu'on s'y intéresse. Ce qu'une étape de mon parcours (professionnel) m'a amené à faire...
Je n'avais pas spécialement décidé de voir ce long-métrage anglais. Finalement, l'insistance d'un ami m'a convaincu de réagencer la liste de mes priorités. Est-ce que je le regrette ? Non. My Lady est un film intéressant, porté par une non moins remarquable Emma Thompson. Scénarisé par Ian McEwan à partir de l'un de ses romans, il raconte l'histoire d'une magistrate chargée de se pencher sur des situations médicales des plus délicates, comme, par exemple, celle d'enfants siamois qu'il faudrait séparer pour leur laisser une chance de survie. Un jour, c'est le dossier d'un garçon leucémique qu'il lui faut traiter d'urgence: encore mineur, le jeune homme est menacé d'une mort rapide s'il n'est pas transfusé, ce que ses parents et lui refusent obstinément au nom de leurs croyances religieuses. On en vient vite aux questions que je posais en ouverture de ma chronique. L'application nuancée des textes est-elle possible par la voie étroite de l'humanisme ? Je vous laisse étudier la réponse donnée par le film.
Ce long-métrage, je l'ai réellement apprécié dans sa première partie. La caméra nous invite à suivre Madame le Juge dans ses fonctions éminentes, mais également dans l'intimité de son quotidien familial. Mariée sans enfant, elle laisse son époux, prof d'université, imaginer qu'elle ne s'intéresse plus à lui, accaparée qu'elle est par son boulot. Stanley Tucci offre une belle subtilité à ce personnage de mari dépité. Pourtant, une fois cette situation exposée, My Lady m'a paru discret sur cette sous-intrigue, s'orientant plutôt vers les conséquences inattendues d'une rencontre entre la magistrate et l'adolescent concerné au tout premier chef par la fameuse délibération à venir. Autant vous le dire: je n'ai pas trouvé cela des plus passionnants. Dommage, car, encore une fois, je tiens à souligner que la qualité d'interprétation des divers comédiens n'est pas en cause - le travail du jeune (et trop maquillé) Fionn Whitehead étant plutôt honorable. J'avoue: je suis sorti de la salle un rien déçu. Better luck next time...
My Lady
Film britannique de Richard Eyre (2018)
Une histoire intéressante, de bons acteurs, mais un petit sentiment d'inachevé: au final, c'est ce que je retiens de cette séance cinéma. Notez toutefois que, sur les écrans, la justice est souvent expéditive ou placée en d'autres mains que celles des magistrats professionnels. Sur la manière de travailler de ces derniers, je crois utile d'ajouter que je préfère le superbe Le juge et l'assassin. D'une autre époque...
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Quid du bouquin ?
Le roman de Ian McEwan est disponible en France aux éditions Folio sous le titre L'intérêt de l'enfant (son titre original: The children act).
La parole est à la défense...
C'est un fait établi: le film a davantage plu à Pascale, Dasola et Tina.
Je n'avais pas spécialement décidé de voir ce long-métrage anglais. Finalement, l'insistance d'un ami m'a convaincu de réagencer la liste de mes priorités. Est-ce que je le regrette ? Non. My Lady est un film intéressant, porté par une non moins remarquable Emma Thompson. Scénarisé par Ian McEwan à partir de l'un de ses romans, il raconte l'histoire d'une magistrate chargée de se pencher sur des situations médicales des plus délicates, comme, par exemple, celle d'enfants siamois qu'il faudrait séparer pour leur laisser une chance de survie. Un jour, c'est le dossier d'un garçon leucémique qu'il lui faut traiter d'urgence: encore mineur, le jeune homme est menacé d'une mort rapide s'il n'est pas transfusé, ce que ses parents et lui refusent obstinément au nom de leurs croyances religieuses. On en vient vite aux questions que je posais en ouverture de ma chronique. L'application nuancée des textes est-elle possible par la voie étroite de l'humanisme ? Je vous laisse étudier la réponse donnée par le film.
Ce long-métrage, je l'ai réellement apprécié dans sa première partie. La caméra nous invite à suivre Madame le Juge dans ses fonctions éminentes, mais également dans l'intimité de son quotidien familial. Mariée sans enfant, elle laisse son époux, prof d'université, imaginer qu'elle ne s'intéresse plus à lui, accaparée qu'elle est par son boulot. Stanley Tucci offre une belle subtilité à ce personnage de mari dépité. Pourtant, une fois cette situation exposée, My Lady m'a paru discret sur cette sous-intrigue, s'orientant plutôt vers les conséquences inattendues d'une rencontre entre la magistrate et l'adolescent concerné au tout premier chef par la fameuse délibération à venir. Autant vous le dire: je n'ai pas trouvé cela des plus passionnants. Dommage, car, encore une fois, je tiens à souligner que la qualité d'interprétation des divers comédiens n'est pas en cause - le travail du jeune (et trop maquillé) Fionn Whitehead étant plutôt honorable. J'avoue: je suis sorti de la salle un rien déçu. Better luck next time...
My Lady
Film britannique de Richard Eyre (2018)
Une histoire intéressante, de bons acteurs, mais un petit sentiment d'inachevé: au final, c'est ce que je retiens de cette séance cinéma. Notez toutefois que, sur les écrans, la justice est souvent expéditive ou placée en d'autres mains que celles des magistrats professionnels. Sur la manière de travailler de ces derniers, je crois utile d'ajouter que je préfère le superbe Le juge et l'assassin. D'une autre époque...
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Quid du bouquin ?
Le roman de Ian McEwan est disponible en France aux éditions Folio sous le titre L'intérêt de l'enfant (son titre original: The children act).
La parole est à la défense...
C'est un fait établi: le film a davantage plu à Pascale, Dasola et Tina.
10 commentaires:
Je constate que les filles aiment plus ce film que les garcons. Un homme n'aurait pas résisté à l'insistance d'une jeune fille (pardon pour les a priori). J'ai aimé la 2eme partie (sauf la ridicule scène au piano...) qui démontre encore en s'en éloignant sa grande conscience professionnelle... en plus de la différence d'âge.
C'est vrai que la partie où est décortiqué le métier est passionnante.
Dans ma prochaine vie je VEUX être Emma Thompson : belle, intelligente, drôle, militante etc...
Oui, ton a priori est discutable. Mais bon...
Emma Thompson a la classe, c'est certain, mais le film ne m'a pas passionné.
Je parlais de cette situation au cinéma...
Dans la vie on voit rarement des hommes avec des gamines de 2 à 3 fois leur âge en moins.
Ah, tu voulais dire au cinéma ? D'accord. J'avais mal compris.
Ce n'était pas clair.
Non, mais ça l'est, désormais. Merci.
Pascal a raison :
- moi aussi je veux être comme Emma Thompson
- c'est un portrait incroyable de femme, comme on n'en voit finalement peu au cinéma et en littérature (comme quoi, pas besoin d'être un homme pour écrire un beau rôle féminin). Je crois qu'en tant que femme, il me semble qu'il y a des choses, des sentiments qu'on va peut-être mieux ressentir qu'un homme me semble-t-il.
Pascale (rectification)
non mais
@Tina 1:
Je suis d'accord: le portrait de femme est réussi. J'ai simplement trouvé qu'il ne tenait pas toutes ses promesses.
C'est clairement subjectif. Et "genré" ? Peut-être.
@Tina 2:
Pascale, absolument ! Ce n'était pas le moment d'oublier le e final de notre amie, m'enfin !
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