J'ai vu La forme de l'eau avant qu'il ait reçu quatre des Oscars 2018. Est-ce que j'en aurais fait le meilleur film de l'année ? Je ne sais pas. Ce dont je suis sûr, au moins, c'est que j'ai pris beaucoup de plaisir devant cette histoire, originale et presque décalée parmi les histoires "vraies" et de super-héros que Hollywood n'a de cesse de réinventer...
S'il faut absolument trouver un qualificatif à ce récit, je crois bien que le plus indiqué serait pulp. Depuis que ce cher Quentin Tarantino l'a remis au goût du jour, on sait que cet adjectif très américain correspond parfaitement aux fictions d'une certaine culture populaire. Nul doute que Guillermo del Toro, le réalisateur de La forme de l'eau, trouve de l'inspiration dans les récits de ces magazines bon marché apparus aux États-Unis avant-guerre. Dans le cas qui nous occupera aujourd'hui, il en profite pour donner le premier rôle à un personnage extrêmement humble: une simple femme de ménage. Pour compléter le tableau, on découvre aussitôt que cette Elisa Esposito est muette. Heureusement pour elle, elle peut compter sur deux amis: sa collègue de travail afro-américaine, Zelda, et son voisin, Giles, un illustrateur homosexuel, amoureux des chats. Tout cela pose le décor d'un film attendu pour faire l'éloge de la différence... et la suite le confirme. Dans le laboratoire secret qu'elle nettoie chaque jour, Elisa va croiser le chemin d'une mystérieuse créature. La chance de sa vie, peut-être.
Pour le caractériser, j'ai envie de dire que ce film est une merveille d'équilibre. Parce qu'un excellent Michael Shannon y joue un méchant comme on en voit peu, on tremble volontiers avec les personnages positifs, brillamment interprétés par Sally Hawkins, Octavia Spencer, Richard Jenkins ou Michael Stuhlbarg. On se laisse prendre au jeu quand l'émotion surgit de cette rencontre, pourtant très improbable, avec un monstre capable d'empathie. À son sujet, je tiens à souligner qu'un vrai acteur (Doug Jones) se cache dans le costume de la bête. Cette décision de ne pas recourir uniquement aux effets spéciaux confère d'ailleurs au film une patine bien particulière, joliment rétro. De fait, c'est même toute la direction artistique de La forme de l'eau qui évoque ainsi la facture du cinéma d'antan - et c'est beau à voir ! Cette dimension nostal-geek ne séduira pas forcément tout le monde. En réalité, si vous passez le cap du très onirique générique de début et des premières scènes d'exposition, je crois que le tout vous plaira. Bon... il y aurait matière à chipoter un peu, mais je n'en ai pas envie.
La forme de l'eau
Film américain de Guillermo del Toro (2017)
Avec qui découvrir cette histoire ? C'est une vraie question-piège ! Pourquoi ? Parce qu'à la réflexion, je crois qu'il faut que je dise également que le film est ouvertement hardcore, c'est-à-dire explicite dans toutes ses dimensions. Bien que romantique, il contient aussi quelques scènes d'une très grande violence. Les âmes plus sensibles se contenteront peut-être de E.T. ou, dans un autre genre, de Paul...
S'il faut absolument trouver un qualificatif à ce récit, je crois bien que le plus indiqué serait pulp. Depuis que ce cher Quentin Tarantino l'a remis au goût du jour, on sait que cet adjectif très américain correspond parfaitement aux fictions d'une certaine culture populaire. Nul doute que Guillermo del Toro, le réalisateur de La forme de l'eau, trouve de l'inspiration dans les récits de ces magazines bon marché apparus aux États-Unis avant-guerre. Dans le cas qui nous occupera aujourd'hui, il en profite pour donner le premier rôle à un personnage extrêmement humble: une simple femme de ménage. Pour compléter le tableau, on découvre aussitôt que cette Elisa Esposito est muette. Heureusement pour elle, elle peut compter sur deux amis: sa collègue de travail afro-américaine, Zelda, et son voisin, Giles, un illustrateur homosexuel, amoureux des chats. Tout cela pose le décor d'un film attendu pour faire l'éloge de la différence... et la suite le confirme. Dans le laboratoire secret qu'elle nettoie chaque jour, Elisa va croiser le chemin d'une mystérieuse créature. La chance de sa vie, peut-être.
Pour le caractériser, j'ai envie de dire que ce film est une merveille d'équilibre. Parce qu'un excellent Michael Shannon y joue un méchant comme on en voit peu, on tremble volontiers avec les personnages positifs, brillamment interprétés par Sally Hawkins, Octavia Spencer, Richard Jenkins ou Michael Stuhlbarg. On se laisse prendre au jeu quand l'émotion surgit de cette rencontre, pourtant très improbable, avec un monstre capable d'empathie. À son sujet, je tiens à souligner qu'un vrai acteur (Doug Jones) se cache dans le costume de la bête. Cette décision de ne pas recourir uniquement aux effets spéciaux confère d'ailleurs au film une patine bien particulière, joliment rétro. De fait, c'est même toute la direction artistique de La forme de l'eau qui évoque ainsi la facture du cinéma d'antan - et c'est beau à voir ! Cette dimension nostal-geek ne séduira pas forcément tout le monde. En réalité, si vous passez le cap du très onirique générique de début et des premières scènes d'exposition, je crois que le tout vous plaira. Bon... il y aurait matière à chipoter un peu, mais je n'en ai pas envie.
La forme de l'eau
Film américain de Guillermo del Toro (2017)
Avec qui découvrir cette histoire ? C'est une vraie question-piège ! Pourquoi ? Parce qu'à la réflexion, je crois qu'il faut que je dise également que le film est ouvertement hardcore, c'est-à-dire explicite dans toutes ses dimensions. Bien que romantique, il contient aussi quelques scènes d'une très grande violence. Les âmes plus sensibles se contenteront peut-être de E.T. ou, dans un autre genre, de Paul...
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Bonne nouvelle: j'avance dans le Movie Challenge...
Je coche avec joie la case n°18: "Le héros du film n'est pas humain". Affirmons l'évidence: c'est même ce qui le rend tout à fait fascinant !
Pour finir, si vous voulez lire d'autres avis sur le film...
Je note qu'il est assez bien accueilli, sans faire pourtant l'unanimité. Vous le vérifierez chez Pascale, Dasola, Tina, Princécranoir et Strum.
20 commentaires:
Hello Martin,
Bon, je ne vais rien dire de follement original mais je voulais juste te dire que ton enthousiasme fait plaisir à voir :)
Merci pour le lien Martin. Je réagis juste à cette phrase de ta critique car je ne trouve pas le film "beau à voir", sauf le costume de la créature : "c'est même toute la direction artistique de La forme de l'eau qui évoque ainsi la facture du cinéma d'antan - et c'est beau à voir !" A mon avis, la direction artistique rétro-fantastique fait surtout penser à du del Toro (il a une patte visuelle) et n'a que peu à voir avec la beauté classique des films hollywoodiens (si c'est bien de ces films-là dont tu parlais).
J'ai beaucoup aimé ce film, sans doute le plus beau de Del Toro depuis "Le labyrinthe de Pan" (et je pense même l'y préférer, à terme). Le plus beau film de l'année 2018, à mes yeux. Je suis content qu'il t'ait plu également, Martin ;)
@Sentinelle:
Merci. Je prends ça pour un compliment !
C'est encore mieux si mon enthousiasme est communicatif et/ou partagé.
Tu as vu le film avant que j'en parle, je sais, et il me semble que tu l'as apprécié aussi.
@Strum:
Hum... tu as bien raison de me reprendre, car, maintenant que quelques jours sont passés, je me souviens que je n'ai pas vu tant de ces vieux films hollywoodiens et que mes impressions sur ce que j'ai appelé le cinéma d'antan sont peut-être trompeuses. Merci de mettre ça sur le compte de l'enthousiasme dont Sentinelle parlait précédemment.
Tu ne trouves pas ce film "beau à voir" ? Je peux te comprendre, mais là, j'assume. C'est une histoire de goût, n'est-ce pas ? Je n'ai pas vu de faute de goût dans la photographie du film et pas davantage dans les mouvements de caméra. Mais tu as bien sûr tout à fait le droit de penser autrement ! Et même de contre-argumenter, si tu le souhaites.
@Laurent:
Oh toi, tu es encore plus enthousiaste que moi, on dirait !
Pour ma part, je vais tranquillement attendre 2019 avant de décerner mon prix du plus beau film de 2018.
Blague à part, je partage largement ton avis positif.
Il est probable que, d'ici peu, je découvre "Le labyrinthe de Pan". Nous en reparlerons sans doute.
Je n'ai jamais réussi à rentrer dans ce film et il n'aura été pour moi qu'un mauvais moment à passer. Entre la niaiserie des œufs durs posés au bord du bassin pour apprivoiser la crevette géante (digne des bonbons balancés à E. T.façon petit poucet) et la caricature de méchant qui s'arrache tout seul deux doigts, je n'y ai pas trouvé mon compte. Reste la qualité de l'image. Mais là encore, tout est sombre et glauque et je n'avais qu'une envie en sortant, c'était voir un grand ciel bleu et respirer (manque de bol il faisait nuit). Je n'ai ressenti qu'une sensation d'étouffement en visionnant ce film. Sûrement une histoire de goût. ;) Olivier
Tout m'a embarquée dans ce film même si je ne vois pas non plus en quoi il t'évoque le cinéma d'antan.
Mais ce n'est pas grave. Tu n'as même pas chipoté, ça fait plaisir:-)
Petite coquille entre sache et cache...
Racisme primaire, violence sadique, oppression des femmes, persécution des minorités, guerre froide, rejet de l’inconnu et totalitarisme. La vision de l’Amérique est bien sombre même pour un réalisateur mexicain.
Seul le descendant de la créature du lagon noir monstre incompris et dieu aquatique faisant des miracles peut inspirer l’amour et sauver l’humanité.
Hélas il retourne aux abysses, …….reste la poésie.
Une belle découverte pour ma part et, comme je le disais chez princecranoir, on reconnaît de suite la "Del Toro touch".
Pour le côté vieux films hollywoodiens, je pense que tu parlais peut-être de toutes ces références de films en N&B qui ont été parsemés ici et là ;)
@L'anonyme qui se trouve être Olivier:
Je trouve ton jugement sévère, mais je le comprends. Effectivement, si on ne rentre pas dans le film, ça doit paraître interminable. Je suis d'accord avec toi pour dire que tout est un peu caricatural. Cela dit, comme tu l'auras compris, j'ai marché. Affaire de goût, en effet.
C'est vrai aussi que ce n'est pas spécialement un film où l'on respire. Il nous manque des branchies.
@Pascale:
J'ai corrigé la coquille. Rien à avoir avec les oeufs d'Elisa.
Et donc oui, un acteur se cache... et je voulais que cela se sache !
Oublions le cinéma d'antan ! Ou plutôt, non, au contraire: plongeons-y plus profondément !
@CC Rider:
Vous avez raison: la vision de l'Amérique est bien sombre, en effet.
Les Mexicains ont tout de même quelques bonnes raisons de voir les États-Unis de travers, non ?
Toute considération politique mise à part, la poésie demeure, oui... et je dirai que c'est l'essentiel.
@Ideyvonne:
Quelque chose comme ça, je suppose. Tu dois les avoir en tête, toi, les images des films anciens qui pourraient être raccord avec celles de cette production d'aujourd'hui !
Il faut vraiment que je regarde (au moins) "L'étrange créature du lac noir"...
Merci à M. del Toro pour ce plongeon romantico-fantastique et merci à toi pour cette belle critique et le lien qui va avec. :-)
Avec plaisirs multiples, cher ami !
Le terme de "plongeon" est tout à fait indiqué, même si certains sont restés au bord du bassin.
Je ne crie pas au chef-d'oeuvre, quelques petits m'ont fait "tiquer" mais le résultat reste tout de même très, très, très bon.
Quelques petits... détails, je suppose ?
Moi aussi, mais j'ai dit que je ne chipoterai pas. C'est quand même au-dessus de la moyenne.
Disons que je trouve l'évolution dans la romance un peu trop rapide, pour ne citer que cet exemple. Et je m'attendais à un peu plus émouvant. Mais oui, ça vaut largement plus de la moyenne, j'ai tout de même mis une note généreuse ! :D
Je suis d'accord avec toi: un peu plus d'émotion n'aurait pas été de trop.
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