La petite quarantaine de films allemands déjà présentés sur ce blog dit quelque chose de l'amitié que j'ai pour ce pays et son peuple. Aujourd'hui encore, je me trouve parfois obligé de justifier pourquoi. Comme si, au fond, nous étions en 1914 ou 1939. Je ne nierai pas pour autant que je suis souvent attiré par des films comme Frantz...
Autant vous prévenir si vous l'ignorez: Frantz est un film d'inspiration française. Les germanistes parmi vous auront sans doute remarqué un détail révélateur: le prénom-titre est mal orthographié - la langue allemande l'écrit Franz, sans T. Bref... le plus important est ailleurs. L'histoire démarre dans un petit village outre-Rhin, quelques mois seulement après la fin de la Première guerre mondiale. La jolie Anna fleurit chaque jour la tombe de son fiancé et tente de reprendre seule le cours de sa vie, d'autant plus modestement qu'elle vit sous le toit de ceux qui auraient dû devenir ses beaux-parents. Cette existence rangée est soudain perturbée: au cimetière, Anna aperçoit un homme éploré, qui se recueille sur la même sépulture. Et il est... français ! Que veut donc cet Adrien ? Comment ose-t-il braver ainsi la rancoeur tenace de certains anciens combattants allemands ? Le film construit sur ces questions un début de suspense. Je n'en dirai donc pas plus...
Attendez-vous tout de même à quelques rebondissements ! L'énigme première du film est assez vite dissipée, mais c'est aux conséquences de la vérité que nous sommes ensuite exposés - et c'est intéressant aussi. Je dois dire que j'ai plutôt bien aimé le jeu du tandem principal de ce drôle de thriller en costumes: Pierre Niney tient du talent confirmé, c'est vrai, mais l'Allemande Paula Beer est une découverte. Chacun s'exprimant dans la langue de l'autre, le pas de deux mérite les éloges. Je reste un peu plus mesuré sur le reste d'une distribution binationale de qualité, mais trop souvent réduite à jouer les utilités dans l'ombre des vedettes (si ce n'est les caricatures). Autre bémol quant à la forme: l'usage du noir et blanc ne m'a pas semblé apporter grand-chose au propos, d'autant moins en fait que quelques couleurs surgissent ponctuellement, pour appuyer je ne sais quelles idées. Nonobstant ces remarques, Frantz est un film qui m'a plu et surpris. Un bon point: il m'a emmené là où je ne pensais pas qu'il conduirait. Son inclinaison pour le romanesque me parait avoir joué en sa faveur.
Frantz
Film français de François Ozon (2016)
Un long-métrage plein de faux semblants: les habitués du réalisateur seront donc en terrain familier. Vous pouvez désormais aller fouiller dans mon index dédié pour trouver certains de ses opus précédents. Honnêtement, celui-là n'est pas mon préféré, mais ça reste du travail propre et du bon cinéma d'auteur populaire. On reste loin évidemment de la puissance d'un film-pamphlet comme Les sentiers de la gloire...
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Et maintenant, un petit clic ailleurs, voulez-vous ?
Pascale parle aussi du film, qu'elle a pu découvrir en avant-première. Pour un avis (un peu) plus distancié, vous pouvez lire Princécranoir.
Autant vous prévenir si vous l'ignorez: Frantz est un film d'inspiration française. Les germanistes parmi vous auront sans doute remarqué un détail révélateur: le prénom-titre est mal orthographié - la langue allemande l'écrit Franz, sans T. Bref... le plus important est ailleurs. L'histoire démarre dans un petit village outre-Rhin, quelques mois seulement après la fin de la Première guerre mondiale. La jolie Anna fleurit chaque jour la tombe de son fiancé et tente de reprendre seule le cours de sa vie, d'autant plus modestement qu'elle vit sous le toit de ceux qui auraient dû devenir ses beaux-parents. Cette existence rangée est soudain perturbée: au cimetière, Anna aperçoit un homme éploré, qui se recueille sur la même sépulture. Et il est... français ! Que veut donc cet Adrien ? Comment ose-t-il braver ainsi la rancoeur tenace de certains anciens combattants allemands ? Le film construit sur ces questions un début de suspense. Je n'en dirai donc pas plus...
Attendez-vous tout de même à quelques rebondissements ! L'énigme première du film est assez vite dissipée, mais c'est aux conséquences de la vérité que nous sommes ensuite exposés - et c'est intéressant aussi. Je dois dire que j'ai plutôt bien aimé le jeu du tandem principal de ce drôle de thriller en costumes: Pierre Niney tient du talent confirmé, c'est vrai, mais l'Allemande Paula Beer est une découverte. Chacun s'exprimant dans la langue de l'autre, le pas de deux mérite les éloges. Je reste un peu plus mesuré sur le reste d'une distribution binationale de qualité, mais trop souvent réduite à jouer les utilités dans l'ombre des vedettes (si ce n'est les caricatures). Autre bémol quant à la forme: l'usage du noir et blanc ne m'a pas semblé apporter grand-chose au propos, d'autant moins en fait que quelques couleurs surgissent ponctuellement, pour appuyer je ne sais quelles idées. Nonobstant ces remarques, Frantz est un film qui m'a plu et surpris. Un bon point: il m'a emmené là où je ne pensais pas qu'il conduirait. Son inclinaison pour le romanesque me parait avoir joué en sa faveur.
Frantz
Film français de François Ozon (2016)
Un long-métrage plein de faux semblants: les habitués du réalisateur seront donc en terrain familier. Vous pouvez désormais aller fouiller dans mon index dédié pour trouver certains de ses opus précédents. Honnêtement, celui-là n'est pas mon préféré, mais ça reste du travail propre et du bon cinéma d'auteur populaire. On reste loin évidemment de la puissance d'un film-pamphlet comme Les sentiers de la gloire...
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Et maintenant, un petit clic ailleurs, voulez-vous ?
Pascale parle aussi du film, qu'elle a pu découvrir en avant-première. Pour un avis (un peu) plus distancié, vous pouvez lire Princécranoir.
12 commentaires:
J'hésite toujours d'aller le voir au non au cinéma, n'étant pas particulièrement fan du réalisateur, même si j'ai beaucoup aimé quelques-uns de ses films, comme Sous le sable ou Potiche. Pour en revenir à la jeune actrice allemande Paula Beer, je suis très contente qu'un tel jeune talent dépasse les frontières de son pays. Je l'ai découverte l'année passée avec deux films : Poll de Chris Kraus et The Dark Valley d'Andreas Prochaska. Deux films allemands (dont un western) que j'ai aimés et que je te conseille volontiers, connaissant ton amitié pour ce pays :)
Paula Beer n'avait que 14 ou 15 ans lorsqu'elle est apparue dans son premier film (Poll de Chris Kraus) et j'avais été très impressionnée par son interprétation toute en nuances alors qu'elle était si jeune à l'époque. Je prends le pari qu'une carrière internationale s'ouvrira à elle très rapidement !
Je partage un peu ton avis sur François Ozon. Ce cinéaste met quelque chose de très personnel dans son cinéma. J'ai bien accroché à cette singularité dans certains cas, mais assez peu dans d'autres. Note bien que c'est aussi ce qui m'intéresse: quand je repère l'un de ses longs-métrages, j'ai de bonnes raisons de croire que je vais passer un bon moment, mais je n'ai pas de certitude. Du coup, ma curiosité me pousse à aller vérifier !
Un grand merci pour tes infos sur Paula Beer ! Qu'elle fasse une carrière internationale, c'est tout le mal que je lui souhaite. Cela dit, j'espère qu'on pourra continuer à la voir dans des films allemands, car j'aime aussi que les acteurs internationaux m'ouvrent les portes de leur pays d'origine. Ne pouvoir voir que peu des films allemands de Daniel Brühl, par exemple, a pour moi quelque chose de frustrant.
Tu rends bien grâce, malgré tes réserves, à ce très beau film de François Ozon qui a su remarquablement s'approprier un mélodrame jadis mis en scène par Ernst Lubitsch. Un regard franco-allemand sur l'ambiguïté d'un homme, sur les rapports outre-rhin (ou outre-reins qui sait ?) Le "t" est l'intrus, et ce n'est pas pour rien.
Drôle de coïncidence, j'ai vu hier soir le film Colonia de Florian Gallenberger, avec l'acteur Daniel Brühl. Je l'apprécie beaucoup également et je te rejoins tout à fait dans ta réflexion ;)
Tout à fait, c'est un film romanesque (ayant une femme pour héroïne) là où le Lubitsch était un mélodrame (ayant un homme pour héros) - je développe "chez moi". Un remake intelligent que j'ai bien aimé moi aussi, avec une belle actrice.
Strum
Bonsoir Martin, j'ai été très agréablement surprise par ce film vu hier soir. Pauline Beer vaut le déplacement à elle toute seule. Bonne soirée.
@Princécranoir:
Tout à fait d'accord pour dire que le film vaut mieux qu'un remake ordinaire, même si je n'ai pas vu le Lubitsch originel. Pour dire les choses comme elles sont, c'est surtout pour le traitement de la possible réconciliation franco-allemande que je suis allé voir "Frantz".
L'aspect troublant de cette histoire a finalement pris le dessus, mais je ne regrette rien, d'autant qu'en fait, de la part de François Ozon, je m'attendais bien à ce que la vérité des situations soit un peu plus difficile à cerner.
@Sentinelle:
Re-drôle de coïncidence: je viens d'entendre parler de la sortie prochaine d'un film avec notre ami Daniel. Ce sera "Seul dans Berlin" et ça se passera en 1940, avec un casting international et autour d'une histoire de parents... ayant perdu leur fils à la guerre !
@Strum:
Heureux de voir que le terme romanesque te convient: j'ai longtemps réfléchi à la manière de formuler au mieux ce que je voulais exprimer, mais il m'a semblé que c'était le mot le plus approprié.
Et merci pour ta distinction avec le mélodrame, très intéressante pour moi !
@Dasola:
Tout à fait d'accord avec toi quant à la qualité du jeu de Paula Beer. Au départ, c'est plutôt pour Pierre Niney que je suis allé voir le film. Mais je suis très heureux désormais d'avoir découvert cette jeune comédienne allemande !
J'ai trouvé Pierre Niney éteint et que ce rôle ne lui convenait pas.
Je l'ai trouvé long et répétitif alors que moi j'aime beaucoup ozon.
Paula Berr est irréprochable et j'ai trouvé les parents de Frantz craquants mais bon... vraiment décevant.
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce que tu dis au sujet de Pierre Niney: je ne crois pas qu'il soit éteint, mais je pense qu'il est probable que François Ozon lui ait demandé de ne pas laisser sortir les tourments du personnage.
En revanche, oui, c'est un peu long et parfois redondant. Mais ça ne m'a pas choqué plus que ça. Disons qu'au final, j'ai trouvé ça un peu froid, un peu distant, mais que j'ai apprécié l'idée de faire un film sur ce thème, qui ne séduira pas forcément un très vaste public. Pour un remake, c'est paradoxal, mais je pense que c'est aussi une oeuvre assez personnelle de la part du réalisateur.
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