dimanche 22 décembre 2013

Question d'identité

J'étais largement passé à côté du phénomène Guillaume Gallienne. Pour commencer, je lui trouvais un air de Patrick Timsit, bizarre. Ensuite, bien que je l'aie remarqué dans plusieurs films, je ne voyais de lui que sa qualité de sociétaire de la Comédie-Française. Il m'est impossible d'expliquer pourquoi, mais je me méfiais de ce talent. Après bien des évitements, j'ai fini par me rapprocher en entendant parler de Les garçons et Guillaume, à table ! Et si je n'ai pas eu l'occasion de voir la pièce de théâtre, j'ai apprécié le film qui l'adapte.

Vous savez de quoi je parle, non ? Je crois qu'il faudrait faire preuve d'une sacrée inattention pour être parvenu à zapper ce long-métrage sorti fin novembre. À l'aube de la quarantaine, Gallienne y interprète son propre rôle, le rôle de sa vie, dira-t-on. Il joue aussi... sa mère. Les garçons et Guillaume, à table ! C'est ainsi, alors qu'il était enfant, que sa maman appelait ses trois garçons à l'heure du dîner. Absolument fasciné par cette grande bourgeoise, ledit Guillaume n'osait la reprendre et, même, se plaisait dans la peau d'une fille. Trouble identitaire qui, malgré une vraie souffrance, allait le conduire jusque sur les plus illustres planches nationales et, donc, sur l'écran géant d'innombrables cinémas. Illustration de ces années folles d'enfance compliquée, long chemin vers une prétendue normalité retrouvée, le film alterne joliment scènes dans un théâtre et images réinventées du passé révolu. Pour sa première oeuvre de réalisateur cinéma, Gallienne s'appuie sur quelque chose que, bien sûr, il connaît par coeur, mais fait montre d'une réelle maîtrise de l'outil caméra.

Chapeau ! Il est des transitions artistiques bien moins inspirées. Est-ce à dire qu'on tient là la comédie de l'année ? Je ne crois pas. Tenir les deux rôles est certes un vrai tour de force, mais il faut garder en mémoire que, sur scène, Gallienne jouait aussi l'ensemble des personnages secondaires - il n'y en avait peut-être pas autant. Soyons honnête sur ce coup-là: pour moi, le film n'est ni désopilant comme l'affirme Télérama, ni drôlissime comme le prétend Allociné. Je suis d'accord pour dire autre chose: sa grande qualité, c'est bien d'être touchant. Les garçons et Guillaume, à table ! vibre vraiment comme la vibrante déclaration d'amour d'un fils à sa mère, femme entre les femmes, qu'on quitte un jour, mais qu'on ne remplace jamais. Quand la question d'identité d'un enfant exposée ici trouve enfin une réponse, elle débouche sur une autre interrogation, cruelle et tendre à la fois. Il se sera alors passé moins d'une heure et demie pour résumer quelques années de vie. C'est assez pour se demander comment l'adulte va désormais... et vouloir le suivre encore un peu.

Les garçons et Guillaume, à table !
Film français de Guillaume Gallienne (2013)

Même si le processus comique du long-métrage s'appuie franchement sur le travestissement, il me paraîtrait très réducteur de le comparer avec d'autres films mettant en jeu l'ambivalence sexuelle. J'admets simplement que Certains l'aiment chaud m'amuse beaucoup plus. Précisons également qu'on est en tout cas bien loin de l'ambiance débridée - et théâtrale ! - de La cage aux folles. À vous d'en juger...

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Pour vous aider à vous faire une idée sur la chose...
Vous pouvez aussi aller jeter un oeil sur d'autres blogs amis. Exemples: "Sur la route du cinéma" et "Liv/raison de films" donnent tous deux un avis positif, quand "Le blog de Dasola" est plus nuancé.

1 commentaire:

ChonchonAelezig a dit…

Je suis curieuse de le voir, celui-là, j'aime bien Guillaume Galienne et sa façon de voir la vie, joyeusement, au fil des interviews.
On ne peut pas comparer au grand Billy... c'était une fiction ; ici c'est l'histoire vraie de Guillaume... c'est sûrement plus émouvant et propre à la réflexion.
Mais il n'empêche que, comme toi, waouh, je raffole de Certains l'aiment chaud !!!