mardi 10 décembre 2013

Magique et mélancolique

Il peut y avoir quelque chose d'assez formidable à être encore étonné par quelqu'un qu'on croyait connaître. Alors que son ultime film sortira dans les salles au début de l'année prochaine, je me suis laissé surprendre par Hayao Miyazaki autour d'une oeuvre de plus de 20 ans. Certes, j'avais cherché à éviter toute information sur Porco Rosso. Cela dit, alors que le vieux maître japonais m'avait habitué aux fables mythologiques et/ou écologistes, il montre ici une toute autre facette de ses grandes facultés, ainsi qu'une culture historique très étendue.

Porco Rosso - le cochon rouge, en italien - est un personnage atypique: un pilote d'hydravion, rescapé de la première guerre mondiale, qui gagne sa vie comme chasseur de primes aérien. Parvenir à rendre crédible ce point de départ, c'est le premier signe du talent d'un créateur. Pour ma part, je suis non seulement entré tout de suite dans cette histoire, mais j'ai par ailleurs très vite oublié qu'il s'agissait d'un dessin animé. Et quel dessin animé, mes enfants ! Même adulte, il est difficile de ne pas s'émerveiller devant ce style inimitable et reconnaissable entre tous. En fait, Hayao Miyazaki aime ce qu'il crée et ça se voit ! Je suis trop peu connaisseur de l'aviation pour vous en dire plus, mais il est sûr que le maître s'est documenté. Et, de fait, ce n'est jamais au détriment du plaisir et de l'émotion...

Ce petit miracle sur pellicule s'incarne parfaitement dans son héros. L'intrigue nous offre de frissonner grâce aux valeurs chevaleresques défendues par ce dernier, mais désormais dépassées, comme conçues pour un autre temps. Et vu que Porco Rosso parle aussi d'engagement et d'amour, il enferme en lui beaucoup de mélancolie - ce que vient d'ailleurs sublimer un magnifique générique final et la petite scène cachée derrière. Vous noterez que je n'ai rien dit des personnages "secondaires" du film. Si j'ai choisi de mettre des guillemets, c'est bien parce qu'ils ne le sont pas vraiment, secondaires. Improbables parfois, ils sont en revanche tous humains. Le pilote à face de cochon a deux femmes dans sa vie: celle qui espère son retour sur la terre des hommes et celle qui répare son avion. Mais il vole en solitaire...

Porco Rosso
Film japonais de Hayao Miyazaki (1992)

Je reviens à mon titre: ce film est magique et mélancolique. Alchimie parfaite entre l'émerveillement premier et un arrière-plan historique plus sombre - l'intrigue parle de la montée du fascisme, notamment. D'après moi, c'est sûrement l'oeuvre la plus adulte du vieux senseï. Elle préfigure peut-être ce que sera Le vent se lève, qui sortira donc cet hiver pour évoquer paraît-il d'autres avions... et Hiroshima. Avant que je ne vous en reparle, vous retrouverez d'autres Miyazaki sur ce blog. Je place Porco Rosso parmi les meilleurs. Mes préférés demeurent toutefois Le voyage de Chihiro et Ponyo sur la falaise.

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Ce que vous pouvez faire aussi pour prolonger le plaisir...
C'est aller lire l'avis (très positif) publié du côté de "L'oeil sur l'écran".

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