mardi 5 octobre 2010

Fausse monnaie, vraies embrouilles

Il faut savoir se ranger: en résumé, c'est le (bon ?) conseil que donne Le Dabe au début de Le cave se rebiffe. Au prix d'un long voyage vers l'Amérique du sud, son vieux pote Charles est venu le consulter sur son idée de fabriquer de la fausse monnaie. "Trop risqué", assure Jean Gabin dans un langage plus fleuri, puisque de Michel Audiard. En face, Bernard Blier est tout déconfit et ne sait pas comment il va faire pour redevenir un voyou respecté. Même son établissement parisien, un claque pourtant chicos, a vu filer le gros de sa clientèle. La reconversion s'annonce difficile, sauf si Le Dabe change d'avis...

Il fêtera ses cinquante ans l'année prochaine: Le cave se rebiffe s'avance comme le digne représentant de tout un pan du cinéma français. Construit sur un suspense relatif, il est surtout remarquable par le verbe qu'il donne à entendre. Les amoureux de la langue devraient s'en donner à coeur joie devant la précision de ces textes mythiques. Je n'en citerai pas aujourd'hui: une simple recherche Internet vous permettra de vous familiariser, tant ces répliques cultissimes y sont reproduites au kilomètre. Bien sûr, c'est meilleur encore dans la voix des très bons acteurs choisis par Gilles Grangier. Gabin, Blier et tous les autres, rôles secondaires mais importants.

Un pan du cinéma français, disais-je. Un biologiste aurait pu parler d'espèces aujourd'hui disparues. Devant ce genre de productions, j'ai toujours l'impression de regarder un film comme on n'en fait plus aujourd'hui. Oeuvres "à la papa" ? Sûrement pas ! Si j'ai également parlé de suspense, c'est que Le cave se rebiffe est aussi une intrigue policière... autour d'un trafic de fausse monnaie, donc. Le mystère du point de départ ne tient pas longtemps: je me permets dès lors d'indiquer ici que Le Dabe finira par céder aux prières de son ami Charles. C'est la manière dont tout ça va se terminer qui pourrait bien vous surprendre. Curieux ou amateurs du genre, n'hésitez plus !

Le cave se rebiffe
Film français de Gilles Grangier (1961)
Classique parmi les classiques, cette production quasi-cinquantenaire reste des plus délectables pour la finesse de ses dialogues. Ni film noir, ni réellement oeuvre de comédie, elle serait en quelque sorte un mélange des deux, savamment dosé. Je la comparais volontiers au très fameux Les tontons flingueurs, de Georges Lautner. Bingo ! Je viens juste d'apprendre qu'elle est l'adaptation cinéma d'un roman de la même série, signé Albert Simonin ! Ceux qui aiment le travail de Gilles Grangier avec Jean Gabin peuvent également l'apprécier dans d'autres styles: la comédie pure avec Les vieux de la vieille (chronique du 26 mai 2008) ou le polar de Gas-oil (20 avril 2009).

1 commentaire:

PJO++ a dit…

Allez juste une pour le plaisir ...
- J't'enverrai un gonze dans la semaine. Un beau brun avec des petites bacchantes. Grand. L'air con
- Ca court les rues les grand cons.
- Oui mais celui là, c'est un gabarit exceptionnel! Si la connerie se mesurait, il servirait de mètre étalon! Y serait à Sèvres!
J.Gabin / F.Rosay