Marié à Hélène et père d'un enfant, Frédéric est un homme heureux. C'est du moins ce qu'il croît et affirme volontiers: en une femme unique, il estime posséder un peu de toutes les autres. Pas question pour lui d'avoir une aventure. Et même quand Chloé réapparaît ? Frédéric connaît bien cette fille qui fut la compagne d'un de ses amis, avant de le quitter avec perte et fracas. Il n'a pas franchement envie de la voir s'insérer dans sa petite vie rangée. La demoiselle, elle, va en décider autrement. Petit à petit, elle s'incruste dans le décor. C'est le point de départ de L'amour l'après-midi, deuxième des films d'Eric Rohmer que je vous propose de découvrir à ma suite.
Je le précise pour ceux qui l'ignorent: le réalisateur français récemment décédé avait pour habitude de classer ses divers films dans plusieurs sous-ensembles. L'amour l'après-midi est le dernier d'une série de six longs-métrages présentés comme des Contes moraux. Il ne m'a pas scotché à l'écran, mais j'en apprécie toutefois différentes facettes. La plus remarquable - en ce sens qu'elle est relativement représentative de toute la filmographie de Rohmer - est qu'il s'articule autour d'acteurs peu connus. Cela donne à ces images un certain réalisme, que vient d'ailleurs contrebalancer leur jeu parfois emprunté. Je ne me prétendrais pas expert de ce style vraiment particulier. Par honnêteté, j'admets qu'il a de quoi dérouter.
Le principal intérêt de ce film reste pour moi situé dans le crescendo dramatique qu'il propose à notre analyse. La question est posée depuis le début: malgré tout l'amour qu'il porte à Hélène, Frédéric craquera-t-il pour Chloé ? Le fera-t-il en toute connaissance de cause ou bien parce qu'il aura été piégé ? La réponse, elle, arrive lentement et survient à la toute fin du métrage. Elle pourrait bien en surprendre plus d'un. L'amour l'après-midi n'est pas toujours celui que l'on croit. Quant à savoir s'il est moral ou pas, c'est une interrogation qui peut faire naître un débat. Rohmer n'assène aucun jugement et reste assez détaché de ses personnages. Disons qu'il expose leurs pensées en nous laissant libres des nôtres. Et notons alors qu'en comparaison avec toutes ces fois où le cinéma insiste sur un message, ça peut être une bonne raison de jeter un oeil au film. Bref, à vous de voir...
L'amour l'après-midi
Film français d'Eric Rohmer (1972)
Je réclame un peu d'indulgence et de patience: il me semble évident que je ne maîtrise pas encore suffisamment le travail du réalisateur pour juger ses films avec suffisamment de pertinence. C'est donc avant tout avec l'idée d'en savoir plus désormais que j'ai apprécié celui-là. Le comparer à un autre m'est difficile, à vrai dire. Je peux quand même conseiller Un frisson dans la nuit, première réalisation de Clint Eastwood. Cet excellent thriller date de la même époque. Plus angoissant, il présente lui aussi un personnage de jolie femme qui, sans vraie invite, s'installe petit à petit dans la vie d'un homme.
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