Une chronique de Martin
C'est à une dame de l'âge de ma grand-mère que je dois le plaisir d'être allé voir Bullhead. J'avais rapidement lu que le film était classé au tout premier rang des préférences mensuelles de Studio Ciné Live, l'un des magazines de cinéma que j'achète régulièrement. Je n'étais pas décidé à le découvrir rapidement, ne me sentant pas trop prêt pour affronter une histoire mafieuse dans le milieu agricole belge. C’est donc bien en petit groupe que je me suis décidé. Finalement, c'est parfait: j'ai pris ma première claque cinéma 2012 !
Bullhead n'est vraiment pas de ces films qui ont tout pour réussir. Le réalisateur signe son premier long-métrage et je n'avais jamais entendu parler de lui auparavant. Son travail sort sur les écrans français dans sa langue originelle, un patois flamand très déroutant pour les oreilles francophones. Même si quelques Wallons amènent parfois des termes français, l'essentiel est dit avec des mots impossibles à reconnaître. Le décor lui-même donne envie d'être ailleurs et pourtant ! J’ai rarement vu film noir aussi maîtrisé. Difficile à défendre sans trop en dire. Si j'ai illustré ma chronique avec deux visages, c'est bien pour ne rien révéler sur le scénario. J'ajoute que le film met aussi en scène de très bons comédiens.
Oui, Bullhead est également une histoire d'hommes et de femmes. Sordide, elle tourne autour de Jacky (Matthias Schoenaerts), enfant d’une famille mafieuse, personnage flippant et qui, pourtant, transpire d'une étonnante vulnérabilité. Je veux taire la nature même de ce qui le lie à Lucia (Jeanne Dandoy), mais le point de départ repose là encore sur quelque chose que je n'avais guère eu l'occasion de voir au cinéma. Au-delà de la prestation véritablement exemplaire de ces deux jeunes acteurs, le long-métrage est un diamant noir taillé dans une photo impeccable et encore "embelli" par une bande originale en adéquation. Du cinéma sensitif, rugueux. Le thème importe peu, au final: l'esthétique générale prend presque le dessus.
Bullhead
Film belge de Michaël R. Roskam (2011)
Que ça fait du bien de voir du cinéma flamand sur les écrans français ! Je passe sur le choix d'un titre anglophone pour la diffusion en France. Et je dirai juste que le personnage du film m'a rappelé celui de Drive, par son enfermement dans son destin. Le scénario, lui, m'a évoqué celui d'un Jacques Audiard ou d'un Martin Scorsese. J'ai lu depuis que le réalisateur se reconnaissait aussi une parenté avec les frères Coen. C'est vrai que son film comprend ici et là quelques scènes d'humour noir avec des criminels tout à fait crétins. Comme une petite note de dérision dans ce monde de brutes…
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