Une chronique de Martin
Autant le dire tout de suite: j'ai un rapport spécial avec les chevaux. Je respecte l'admiration que certains leur portent, mais j'ai toujours du mal à me sentir tout à fait à l'aise en leur présence. Le paradoxe étant que ma cinéphilie a commencé autour du western, là où ils sont généralement largement représentés. Le cinéma nous permettra prochainement de découvrir comment Steven Spielberg aborde l'animal. En attendant, c'est après avoir tourné autour que j'ai revu Pur sang, la légende de Seabiscuit. Un grand mélo à l'américaine.
Je ne parlerai pas de chef d'oeuvre, mais je me suis pourtant surpris à le trouver plutôt intéressant. Son casting n'y est pas pour rien. Rassembler Jeff Bridges et William H. Macy, c'est déjà bien. Ajouter un très correct Tobey Maguire et la jolie Elizabeth Banks, ça pose objectivement un décorum glamour assez sympa. Pas question toutefois d'oublier qu'il est avant tout ici question de cheval. Reconstituant une (énième) histoire vraie, le réalisateur Gary Ross évoque un champion des courses hippiques dans les années qui ont suivi la Grande dépression, en octobre 1929. La charge symbolique est évidente: ce canasson rebelle devenu roi des hippodromes devient le représentant d'une autre Amérique, celle des petites gens qui croient encore possible de faire de grandes choses en rêvant. Dommage, finalement, que Pur sang, la légende de Seabiscuit soit si peu bavard sur ce contexte et n'évoque qu'un noble quadrupède...
Pour autant, sur la forme, il n'y a pas grand-chose que je viendrai reprocher au film. Il est peut-être un peu long, mais, comme j'ai eu plusieurs fois l'occasion de l'écrire, j'aime bien les fresques. Disons alors que Pur sang, la légende de Seabiscuit est un peu répétitif. Sans lui faire offense, il a aussi tendance à surcharger ses effets dramatiques. La grandiloquence du titre en français donne d'ailleurs le ton, là où la version originale se contente d'un sobre Seabiscuit. Autre "problème": à peine le récit commence-t-il qu'on devine déjà comment il va finir. Le travail des comédiens n'est pas en cause. C'est plutôt par son scénario que le tout pêche un peu. Il me laisse l'impression que, pour adapter le bouquin de Laura Hillenbrand, Hollywood s'est contenté de belles images et a quelque peu négligé l'idée de rebondissements nécessaires au cinéma. Nommé pour sept des Oscars 2004, le long-métrage n'en a finalement obtenu aucun.
Pur sang, la légende de Seabiscuit
Film américain de Gary Ross (2003)
En attendant donc le War horse de Steven Spielberg, je suis obligé de constater que j'ai peu de références du côté "films à chevaux". Certes, L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux s'impose comme une évidence, mais il me faudrait le revoir pour en parler plus doctement. Reste l'image aussi de quelques westerns modernes comme Le secret de Brokeback Mountain, mais c'est évidemment autre chose qui est mis en avant ici. Côté classiques, je ne peux m'empêcher de sourire en constatant que, dans l'un de mes préférés, Butch Cassidy et le Kid, les héros troquent un temps leur cheval pour un vélo. J'ajoute cependant que, plus jeune, je n'appréciais guère ces incursions technologiques au détriment de l'animal.
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