Une chronique de Martin
Le soir où j'ai revu The queen, Arte diffusait un documentaire consacré à sa majesté Elizabeth II d'Angleterre. C'est alors que j'ai réalisé que, le 6 février dernier, la fille de feu George VI célébrait officiellement ses 60 ans sur le trône. Plus modestement, le film, lui, revient sur un épisode délicat de ce long règne: la semaine qui a suivi la mort de la princesse Diana, à la fin du mois d'août 1997.
Stephen Frears a osé envisager ce qui a pu se passer dans l'intimité de la famille royale pour expliquer que la reine et son mari le duc d'Édimbourg soient alors restés à Balmoral, leur résidence d'été.
Cette idée de scénario ne pourrait intéresser que les monarchistes invétérés ou, au contraire, les révolutionnaires avides d'une tête royale à couper. Je ne suis ni l'un ni l'autre et j'ai aimé The queen. C'est sans doute parce que le film n'est pas une reconstitution historique à proprement parler. Si, en la circonstance, il est établi que les Windsor ont beaucoup attendu avant de rentrer à Londres, les motivations et états d'âme qui furent les leurs ne sont pas sortis de leur château. Il a donc bien fallu les imaginer à partir d'éléments réels, broder sur les quelques fils apparents, en somme. Se contenter de quelques discours du Premier ministre Tony Blair ou de celui prononcé par la reine, quelques jours plus tard, en direct télévisé.
Il n'est d'ailleurs que de voir la manière dont le Tony Blair du film défend l'image de sa royale patronne pour comprendre que le ton général reste favorable à Elizabeth II. Son apparente indifférence devant la tragédie qui choque si fort son peuple masque de la dignité plutôt que du mépris pour la femme qui, à l'époque, était devenue l'ex-épouse de son fils. L'intelligence de The queen est de renverser la perspective et, d'un certain point de vue, de se mettre à la place de la reine, capitaine d'un navire qui prend l'eau mais qu'elle ne peut en aucun cas abandonner. Représentée en grand-mère protectrice des princes William et Harry, notamment, elle devient un peu celle de tous les Britanniques. Une vieille dame qui affronte le chagrin sans fléchir et dont on peut alors de nouveau admirer le courage.
The queen
Film britannique de Stephen Frears (2006)
Vous ne serez pas étonnés si j'ajoute que la réussite du film repose pour une grande part sur les épaules de Helen Mirren, la comédienne choisie pour interpréter Elizabeth II. C'est d'autant plus remarquable que l'intéressée est capable de tout autre chose, comme le montre notamment sa prestation dans le loufoque Red. Pour être complet dans mon analyse, j'ajoute deux points: 1) Stephen Frears lui aussi brille par sa polyvalence (cf. ma chronique récente sur High fidelity) et 2) le reste de sa distribution ici permet de recomposer idéalement toute la galerie des personnages réels. Joli quatuor que celui formé par James Cromwell, Michael Sheen, Alex Jennings et Mark Bazeley.
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Pour avoir une autre vision sur le film...
Je vous recommande vivement la lecture des analyses déjà publiées sur deux blogs amis: "L'oeil sur l'écran" et "Sur la route du cinéma".
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