Une chronique de Martin
Dans l'esprit des producteurs de Buena vista social club, il y avait d'abord l'idée de faire se rencontrer des musiciens venus d'Afrique avec d'autres cubains, sur l'île des Caraïbes. Les artistes africains finalement coincés... à Paris, l'histoire s'est alors écrite sans eux. Elle part d'une démarche du guitariste américain Ry Cooder. Accompagné de son fils Joachim, percussionniste, il a choisi d'écumer La Havane à la recherche de chanteurs et instrumentistes oubliés. Son ami le cinéaste Wim Wenders l'a suivi dans l'aventure pour en tirer un documentaire. Un film que j'ai découvert il y a peu.
Compay Segundo, Ibrahim Ferrer, Ruben Gonzalez... leurs noms pourraient déjà vous évoquer quelque chose. Sinon, et à condition que vous ne soyez pas fermés à la musique latino, je vous conseille de leur offrir vos yeux et vos oreilles. Buena vista social club a ceci de touchant qu'il s'appuie avant tout sur des papys musiciens, certains ayant déjà dépassé les 80, voire les 90 ans. Une seconde vie leur est offerte, leur héritage préservé. Le film permet de faire sommairement leur connaissance, chacun étant interrogé à la fois sur ses origines sociales et celles de sa vocation musicale. L'occasion aussi de voir que tous ne roulent pas sur l'or au départ, loin de là. C'est parfois frustrant que le long-métrage ne développe pas davantage cet aspect biographique. La musique reste son moteur.
Buena vista social club filme aussi une double réussite. L'ouverture des Cooder a permis l'enregistrement de trois albums en un temps record et l'organisation de tournées hors de Cuba pour les musiciens concernés ! Dès le début, le long-métrage montre ainsi des images d'un concert aux Pays-Bas. Le plus émouvant arrive à la fin, à l'heure où la troupe s'embarque pour une représentation au Carnegie Hall, salle mythique de New York. Certains admettent n'avoir jamais mis les pieds aux États-Unis et on comprend pourquoi. Outre un montage parfois saccadé, c'est peut-être le principal reproche que je pourrais faire au film. Même si ce n'est pas son propos, il reste toujours muet sur son contexte géopolitique. Par cette discrétion, il peut sembler passer à côté de ce qui aurait été son véritable sujet. Dommage ?
Buena vista social club
Documentaire allemand de Wim Wenders (1999)
C'est ma première rencontre avec le cinéaste rhénan. Je finirai bien par découvrir son oeuvre de fiction. Que dire de plus en attendant ? Peut-être qu'effectivement, ce qu'il donne à voir ici reste très neutre dans le ton. Sans jamais aller jusqu'à cautionner la dictature castriste, le fil conducteur s'intéresse si exclusivement à la musique qu'il paraît en oublier - presque - tout le reste. C'est comme un film d'art qu'il faut regarder le reportage. Désolé: je n'en connais pas d'autres dans le genre. Je dois encore voir The wall d'Alan Parker, mais, documentaire oblige, je sais que ce n'est pas comparable...
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Ailleurs sur Internet...
Les rédacteurs de "L'oeil sur l'écran" ont moins apprécié le film.
1 commentaire:
Ze veux le voir ....
Ze signe pas, ze t'en avais parlé la dernière fois qu'on s'est vu ...
Bizzous
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