Une chronique de Martin
Et voilà ! La grande famille du cinéma français a rendu son verdict. 81% des 4.199 votants potentiels se sont exprimés pour décerner hier les 37èmes Césars. J'ai regardé la totalité de la cérémonie. Il est donc temps de vous faire part de mes impressions. D'une manière générale, et à titre d'introduction, j'indique que je n'ai pas vu certains des films candidats, ni même l'ensemble des lauréats. Malgré ça, je trouve que le palmarès a de la tenue. Revue de détail.
Même si ce n'est pas tellement une surprise, je suis vraiment content que The artist ait été le grand gagnant de la soirée. On va voir maintenant comment Michel Hazanavicius et son équipe s'en sortent aux Oscars, mais, pour l'heure, ils continuent de marcher sur l'eau. Six récompenses sont venues enrichir leur palmarès, à savoir d'abord le César du meilleur film, celui du meilleur réalisateur, mais aussi, pour les équipes techniques, ceux du trio musique / photo / décor. Cinq et un qui font bien six, avec celui de la jolie Bérénice Béjo, César de la meilleure actrice. Jean Dujardin, lui, repart bredouille. Mais n'oublions pas qu'il avait eu le Prix d'interprétation à Cannes !
Honnêtement, je suis également ravi qu'Omar Sy lui soit passé devant. Même si le jeune comédien n'a pas fait preuve d'une audace folle en jouant dans Intouchables, je trouve que le film doit beaucoup à son enthousiasme communicatif. Sur un thème évidemment beaucoup moins anodin que son style le laisserait penser, j'ose espérer que ce jeu libéré a permis à beaucoup de gens d'oublier quelque temps les petits et grands soucis de leur quotidien. N'est-ce pas aussi ce que l'on demande au cinéma ? On peut être surpris que l'interprète ait oublié de rappeler que son personnage existe vraiment. Tant pis: en jouant, il rend hommage à sa façon. J'espère maintenant que nous le verrons dans d'autres registres.
Le César du second rôle féminin est revenu à Carmen Maura. Honnêtement, je n'ai pas de souvenir de cette comédienne espagnole avant Les femmes du 6e étage. Il paraît qu'elle est l'une des égéries de son compatriote Pedro Almodovar. En attendant de voir d'autres de ses films, je suis content qu'on lui ait attribué une récompense pour celui-là - un peu "gentillet", c'est vrai. J'y vois un signe d'ouverture vers d'autres horizons cinématographiques. Et j'aime ça !
Du côté des hommes, là, je suis franchement satisfait: Michel Blanc méritait vraiment ce César du second rôle masculin. Je l'ai trouvé excellent dans L'exercice de l’État. Comme lui, je trouve réjouissant que sa première compression dorée lui arrive pour un personnage sérieux, à contre-emploi de ceux qui étaient son apanage au début de sa carrière. Il dit y voir un encouragement à continuer et je dirais qu'il le mérite amplement. Son talent peut le porter plus haut encore. Une précision importante: le film qui lui vaut cette consécration récolte, lui, deux autres récompenses, pour le scénario et pour le son.
Cette année, les espoirs ne sont pas deux, mais trois ! Il y a d'abord les deux comédiens principaux d'une même oeuvre, Angèle et Tony. Difficile d'en dire plus: je ne sais rien du film, ni de ses interprètes. Pour l'instant, il faudra vous contenter de leurs noms: Clotilde Hesme et Grégory Gadebois. Ceux d'entre vous qui auraient davantage d'infos à apporter sont les bienvenus en commentaires. J'en reparle évidemment moi-même dès que j'aurai pu voir le long-métrage.
Même chose pour Polisse, en fait. On m'a simplement dit deux mots de la scène mémorable offerte à Naïdra Ayadi, seconde des lauréates du César de l'espoir féminin. Primé à Cannes, le film de Maïwenn fait partie de ceux que je n'ai pas réussi à attraper en salles l'an passé. Partie remise pour une séance DVD ou télé. Si, bien que cité au rang des favoris, Joey Starr est reparti sans rien, le long-métrage a, lui, tout de même su séduire la majorité des votants pour son montage.
En bref, j'ajoute que L'Apollonide (souvenirs de la maison close) vient de recevoir un César pour ses costumes. Je n'ai pas vu le film. Maintenant, ça ne me semble pas injustifié selon les images aperçues ici et là. Désolé de ne pas pouvoir en dire davantage...
Parmi mes déceptions, celle du César de l'adaptation, décerné simultanément à Roman Polanski et Yasmina Reza - tous deux absents de la cérémonie ! - pour Carnage. Parce que Polanski a fait beaucoup mieux par le passé et que Reza, lui, a travaillé sur un texte littéraire... qu'il avait lui-même écrit. Je ne vais pas vous prétendre que c'est facile: je l'ignore. Je suppose juste qu'il y a plus compliqué.
A priori, je suis beaucoup plus intéressé par Le cochon de Gaza. César de meilleur premier film, cette oeuvre me paraît aussi offrir une ouverture sur autre chose que le cinéma 100% franco-français. J'ai également appris que le réalisateur, Sylvain Estibal, était cinéaste, donc, mais aussi et d'abord écrivain-journaliste. Typiquement un argument pour que je m'intéresse à ses travaux !
Asghar Farhadi et son film Une séparation, je n'ai - inversement - plus besoin de vous les présenter. Je suis assez fier que des artistes de mon pays soutiennent ainsi sur la durée un cinéaste iranien, confronté à des thématiques difficiles et sous la menace permanente de la censure. Le réalisateur va tourner son prochain long-métrage en France. Je tâcherai de m'en souvenir pour surveiller la sortie.
Je suis un peu moins emballé à l'idée de découvrir Le chat du rabbin sur écran. Je connais encore mal la bande dessinée, je dois l'admettre. J'ai aimé ce que j'ai lu: le premier tome. Je n'ai rien contre Joann Sfar et Antoine Delesvaux, mais je trouve simplement un peu dommage d'attribuer un prix de cinéma à une oeuvre picturale née dans un bouquin. Surtout que les autres candidats me semblaient présenter davantage d'originalité. Ça ne suffit donc pas toujours. Précision hier de Joan Sfar: ses BD... n'ont jamais reçu de prix !
Que dire de L'accordeur, César du court-métrage ? Trois fois rien. Je ne l'ai pas vu et, jusqu'à l'annonce officielle des candidats en lice dans cette catégorie, je n'en avais même jamais entendu parler. Désormais, je sais simplement qu'on y retrouve entre autres Grégoire Leprince-Ringuet et... Grégory Gadebois, l'espoir masculin ! Et aussi que le réalisateur, Olivier Treiner, a su me faire sourire hier au soir en expliquant que le cinéma lui avait permis de tuer son père et que, depuis, le brave homme se portait plutôt bien malgré tout.
Voilà, bientôt fini. Il me reste à dire que le César du documentaire est revenu à Tous au Larzac, film consacré aux paysans du plateau du même nom, restés célèbres pour s'être battus dans les années 70 contre l'implantation d'un camp militaire sur leurs terres. L'ultime clin d'oeil politique d'une profession elle aussi en lutte pour sa survie ? Peut-être. Il me paraît honnête d'ajouter finalement que les échos donnés à la vie réelle sont restés peu nombreux lors de la cérémonie cette année. Et, honnêtement, j'ai trouvé ça plutôt mieux ainsi.
Deux mots rapides sur Mathieu Kassovitz. Je rappelle que le cinéaste avait vulgairement craché dans la soupe "Césars" après avoir appris que son dernier film - L'ordre et la morale - n'avait été sélectionné qu'à une seule reprise. Il n'a rien reçu mais, surprise, il était là ! Encore plus fou, il a même remis un prix ! Hypocrite ? Privilégié ? Déjà pardonné ? Je ne saurais dire, mais ça m'a quelque peu troublé. D'après certaines sources, il était en réalité attendu... plus tôt !
Guillaume Canet, lui, avait l'honneur de présider cette cérémonie millésime 2012. Je l'ai trouvé très effacé. Franchement respectueux de ses confrères, ça oui, mais pas très explicite dans sa déclaration d'amour au cinéma. L'année dernière, Jodie Foster avait manifesté beaucoup plus d'allant, mais bon... je ne devrais peut-être pas comparer l'incomparable. Et puis, il faut dire également qu'Antoine de Caunes, en maître de cérémonie, n'a pas toujours été au top.
Il a toutefois assuré l'essentiel: un bel hommage à la comédienne récompensée du César d'honneur, j'ai nommé Kate Winslet. Curieusement, elle non plus n'a pas été géniale dans son discours. J'attendais mieux d'elle: sur un écran de cinéma, je la trouve généralement nettement plus inspirée. Enfin, elle a su faire preuve de professionnalisme, malgré tout, en étant glamour, ambassadrice annoncée de la beauté naturelle et hilare devant les blagues salaces de son ami Michel Gondry. Avec le bel hommage à Annie Girardot, l'humour à froid d'Alexandre Astier poursuivi par un drôle de dragon en peluche et, autant l'admettre, la robe de Sara Forestier, c'est l'un des petits détails que j'ai vraiment appréciés lors de cette cérémonie assez sympa dans l'ensemble. Et ce sera donc mon (bon) point final !
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