J'avais plusieurs fois entendu parler de Hal Ashby, mais ses films m'étaient toujours étrangers: Jack Nicholson m'a incité à réparer cette lacune avec La dernière corvée, oeuvre pour laquelle il a reçu d'ailleurs le Prix d'interprétation masculine du Festival de Cannes. Mais il n'est pas le seul attrait de ce long-métrage je crois méconnu...
Dans l'Amérique des années 70, un jeune type engagé dans l'armée est pris la main dans le sac, en train de voler... quarante dollars. Problème: l'argent est le fruit d'une collecte caritative, organisée précédemment par l'épouse d'un officier. Notre pauvre ami bidasse écope donc de huit années d'emprisonnement ferme ! Deux soldats d'un rang supérieur sont chargés de le conduire jusqu'au pénitencier militaire. La dernière corvée offre l'occasion de faire quelques écarts sur une route tracée: les convoyeurs s'attachent tant à leur convoyé qu'ils décident de lui offrir du bon temps avant qu'il soit enfermé durablement. Le gamin suit le mouvement, touchant de naïveté. Comique d'abord, le scénario se fait alors plus profond. Les sourires qu'offrent les premières scènes s'effacent tout doucement, à mesure que le trio se rapproche de sa destination. La tendresse de ce regard sur un jeune homme ordinaire en fait un très joli moment de cinéma.
Dans le rôle du p'tit gars en train de découvrir la vie, Randy Quaid s'avère très convaincant, lui aussi. En troisième larron, Otis Young m'est apparu un peu en retrait, mais le film n'en pâtit pas. Je crois qu'il est assez significatif qu'il y ait un Noir, dans cette histoire. Finalement, chacun porte en lui un peu de marginalité - on le sent d'autant plus qu'en arrière-plan, on imagine vite la guerre du Vietnam et le destin inéluctablement tragique de toute cette génération. J'ajoute que La dernière corvée n'est pas ce que j'appellerais un film contestataire. En fait, il se montre d'une belle efficacité en suggérant beaucoup, sans jamais asséner. Il a également ce côté "cinéma brut" que j'aime bien dans certaines productions américaines de l'époque. C'est plutôt surprenant à (re)voir, plus de quarante ans plus tard. Quand certaines des grosses machineries hollywoodiennes actuelles jouent tout sur le patriotisme, ce type de récit fait vraiment du bien !
La dernière corvée
Film américain de Hal Ashby (1973)
Qu'ajouter à cela ? Je ne sais pas trop. J'ai vu un beau film, donc. D'après moi, il s'insère bien dans son époque, au côté des classiques scorsesiens, coppolesques ou ciminiens (cf. l'index des réalisateurs). Autre piste: La blessure. Road-movie oblige, je crois qu'on peut aussi le rattacher au Sugarland express de Spielberg, célébré à Cannes l'année suivante. Du cinéma populaire... dans sa meilleure acception.
Dans l'Amérique des années 70, un jeune type engagé dans l'armée est pris la main dans le sac, en train de voler... quarante dollars. Problème: l'argent est le fruit d'une collecte caritative, organisée précédemment par l'épouse d'un officier. Notre pauvre ami bidasse écope donc de huit années d'emprisonnement ferme ! Deux soldats d'un rang supérieur sont chargés de le conduire jusqu'au pénitencier militaire. La dernière corvée offre l'occasion de faire quelques écarts sur une route tracée: les convoyeurs s'attachent tant à leur convoyé qu'ils décident de lui offrir du bon temps avant qu'il soit enfermé durablement. Le gamin suit le mouvement, touchant de naïveté. Comique d'abord, le scénario se fait alors plus profond. Les sourires qu'offrent les premières scènes s'effacent tout doucement, à mesure que le trio se rapproche de sa destination. La tendresse de ce regard sur un jeune homme ordinaire en fait un très joli moment de cinéma.
Dans le rôle du p'tit gars en train de découvrir la vie, Randy Quaid s'avère très convaincant, lui aussi. En troisième larron, Otis Young m'est apparu un peu en retrait, mais le film n'en pâtit pas. Je crois qu'il est assez significatif qu'il y ait un Noir, dans cette histoire. Finalement, chacun porte en lui un peu de marginalité - on le sent d'autant plus qu'en arrière-plan, on imagine vite la guerre du Vietnam et le destin inéluctablement tragique de toute cette génération. J'ajoute que La dernière corvée n'est pas ce que j'appellerais un film contestataire. En fait, il se montre d'une belle efficacité en suggérant beaucoup, sans jamais asséner. Il a également ce côté "cinéma brut" que j'aime bien dans certaines productions américaines de l'époque. C'est plutôt surprenant à (re)voir, plus de quarante ans plus tard. Quand certaines des grosses machineries hollywoodiennes actuelles jouent tout sur le patriotisme, ce type de récit fait vraiment du bien !
La dernière corvée
Film américain de Hal Ashby (1973)
Qu'ajouter à cela ? Je ne sais pas trop. J'ai vu un beau film, donc. D'après moi, il s'insère bien dans son époque, au côté des classiques scorsesiens, coppolesques ou ciminiens (cf. l'index des réalisateurs). Autre piste: La blessure. Road-movie oblige, je crois qu'on peut aussi le rattacher au Sugarland express de Spielberg, célébré à Cannes l'année suivante. Du cinéma populaire... dans sa meilleure acception.
8 commentaires:
Tu peux maintenant embrayer sur 'Harold and Maud' ou l'excellent 'Shampoo' voire 'Coming Home' l'un des 1ers films traitant de la guerre du Viet-nam. 70's pour tous les 3. :-)
J'aime beaucoup Hal Hashby également et c'est une bonne idée de le mettre en valeur. Je recommande Harold et Maud, un film plein de tendresse, et Bienvenue Mister Chance, une satire hilarante et tendre là aussi (oui, Hashby est un cinéaste plein de compassion) de l'Amérique de la fin des années 1970. Le cinéma américain des années 1970 réserve nombre de pépites.
Strum
@Ronnie:
Merci pour toutes ces suggestions, l'ami ! Je vais noter l'ensemble de ces références et j'espère avoir l'occasion de les découvrir. Objectivement, ce n'est pas gagné, mais je ne vais pas renoncer si facilement. "Harold et Maude" me paraît suffisamment proche d'un classique pour que je croie en mes chances.
@Strum:
J'ai effectivement déjà entendu parler de "Bienvenue Mister Chance" en termes positifs. Cela me donne une envie féroce de mieux connaître ce réalisateur. Je suis par ailleurs tout à fait d'accord avec toi pour louer la qualité du cinéma américain des années 70.
Otis Young dont la filmographie se compte sur les doigts d'une main, reste pour les fans de western l'inoubliable "Jemal Davis" de la série télé les Bannis (the outcast). Au coté de Don Murray dont la carriére notamment dans les années 50 est beaucoup plus prolixe ( voir Bus stop avec Miss Monroe)il jouera un personnage complexe de chasseur de prime, ancien esclave (l'action se situe juste aprés la guerre de sécession)contraint de faire équipe avec un propriétaire terrien sudiste ruiné par la guerre. Une belle confrontation d'acteurs ou le jeu d'Otis tout en nuance fait merveille.
il faut lire "Jemal David "
@CC Rider:
Waouh ! Votre description donne envie, même si je regarde peu les séries. L'association des contraires a souvent donné des choses intéressantes en termes de scénario et là, je trouve l'idée plutôt originale. Wait and (maybe) see.
@CC Rider (deuxième):
Et merci pour votre rigueur cinéphile et orthographique !
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