jeudi 26 mai 2016

Coup de chaud

Les premiers films ont ceci d'intéressant qu'ils nous permettent d'entrer dans l'univers d'un créateur. C'est l'occasion de vérifier aussi si l'artiste en question avait d'emblée posé des bases, à retrouver ensuite dans d'autres de ses oeuvres. Les débutants, eux, ouvrent une porte sur un monde resté inexploré et potentiellement attirant...

Pour les fidèles suiveurs du cinéma contemporain, Joyce A. Nashawati n'est certes pas tout à fait une inconnue, puisque cette réalisatrice franco-grecque comptait déjà trois courts-métrages avant de tourner son premier long: Blind sun. Avec l'aide technique du directeur photo attitré de Theo Angelopolous, palmé d'or en 1998, la jeune femme s'intéresse ici au sort d'un dénommé Ashraf Idriss. Un couple français confie à cet homme visiblement nord-africain la mission de surveiller sa villa en son absence. Pour respecter les consignes, il lui faut donner au chat de l'eau en bouteille et vider la piscine de son contenu. Toute autre décision exposerait le gardien à de très sérieux ennuis...

Sous une chaleur accablante, Blind sun est dès le début un film incertain. Quand, avant même de prendre ses fonctions, Ashraf Idriss tombe sur un policier qui lui retire ses papiers, on ne comprend pas pourquoi. Petit à petit, la paranoïa monte: il arrive des choses inexplicables - ou, en tout cas, inexpliquées. Le dispositif narratif repose essentiellement sur ces questions laissées sans réponse. Atmosphère, atmosphère... on peut sans doute se sentir étouffé. J'imagine que la cinéaste a souhaité composer des images sensorielles et, si c'est bien sa volonté, c'est assez réussi: l'intérêt que l'on peut avoir pour ce qui se passe autour du personnage principal tient beaucoup à ce qu'on perçoit l'essentiel par ses yeux. Bilan: ça titille l'imagination, sans être toujours des plus captivants. L'expérience m'a parfois laissé sur le bord de la route, un peu frustré. Joyce A. Nashawati a des références... mais doit encore les "digérer".

Blind sun
Film franco-grec de Joyce A. Nashawati (2015)

Une précision peut-être intéressante: la réalisatrice est née au Liban et a vécu au Ghana, au Koweït, en Grèce, à Londres et à Paris. J'imagine que ce parcours peut avoir influencé les aspects composites de son scénario. Au petit jeu des comparaisons, on pourra prendre plaisir à voir ici la trace de Spielberg (Duel), Polanski (Le locataire) ou Kubrick (Shining). Ce qui incitera également à surveiller la suite...

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