mardi 5 avril 2016

Robocop junior

Bon... toi, derrière ton écran, si tu es un fidèle de ce blog, je suppose que tu as l'habitude des hauts et des bas de mon niveau d'exigence. Certains soirs, c'est clair: je n'ai pas envie de regarder un film "compliqué" et un bon blockbuster des familles suffit à mon bonheur. Au sujet de Chappie, pour tout dire, j'étais tout de même dubitatif...

Maintenant que je l'ai vu, je confirme: ce n'est pas un chef d'oeuvre. Je vais commencer par le positif: l'idée de départ. Dans une Afrique du Sud gangrénée par la violence, le scénario raconte que la police fait désormais appel à des renforts robotiques, avec une efficacité vérifiée sur le terrain. Problème: l'une de ces machines-flics tombe entre d'assez mauvaises mains, alors que l'ingénieur qui l'a fabriquée vient tout juste de l'équiper... d'une conscience (presque) humaine ! Question intéressante: que devient donc un processeur informatique quand il n'est pas programmé, mais "éduqué" ? Peut-il se montrer suffisamment intelligent pour distinguer le bien du mal ? Suspense...

À ce stade, je trouve encore que Chappie pose une problématique valable. L'ennui, c'est en fait qu'elle donne lieu à un développement d'intrigue plus bourrin que philosophique. Ouais... le film m'a donné l'impression d'être fabriqué de bric et de broc. Comme je l'ai lu ailleurs et après coup, le casting lui-même est des plus hétéroclites. Aux côtés de la grande Sigourney Weaver, on croise un Hugh Jackman très moyen et un Dev Patel sympathique, mais à peine mieux inspiré. Surprise: la présence de deux rappeurs sud-africains parmi les rôles principaux. Problème: Yolandi Vi$$er et Ninja - la fille et le gars - interprètent assez mal des personnages somme toute peu attachants. Allô maman robot: une junkie materne un pauvre tas de ferraille ! Bilan: le nanar n'est pas loin. Les amateurs de films à effets spéciaux pourront peut-être y trouver leur compte, mais moi, je dois admettre que j'espérais quand même un spectacle un peu plus consistant. Chose qui me surprend: dans l'ensemble, le film a l'air plutôt apprécié.

Chappie
Film américain de Neill Blomkamp (2015)

Les connaisseurs auront reconnu le réalisateur du fameux District 9. Mon ancienne chronique montre que je n'avais pas vraiment adhéré non plus à ce premier opus - toujours au rayon science-fiction. Damned ! Malgré Jodie Foster et Matt Damon, je ne suis pas motivé pour voir l'autre film de Blomkamp, Elysium, tourné entre les deux. De la SF récente que j'ai pu aimer ? Oui: Seul sur Mars ou Oblivion.

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Ailleurs sur le Net...
Pascale note qu'un beau gosse s'est transformé en robot: déception ! 2flics, qui s'en moque un peu, n'est finalement guère plus indulgent...

10 commentaires:

ChonchonAelezig a dit…

Malgré les critiques, je serais curieuse de le voir. Car j'ai adoré District 9 mais beaucoup moins Elysium. Ca me ferait un film arbitre...

princécranoir a dit…

Et moi j'ai trouvé ça épouvantable. Pourtant, et contrairement à toi, j'avais été plutôt convaincu par "District 9" et aussi, dans une moindre mesure tout de même, par "Elysium" (plus formaté mais intéressant). Mais là, franchement...

Martin a dit…

@Chonchon:

Il faut savoir ne tenir compte que de ses envies pour se forger un avis. Fonce si le coeur t'en dit et reviens donc nous donner ton point de vue. J'aime assez l'idée du film arbitre, même si une carrière ne se dessine pas forcément en trois opus seulement.

Martin a dit…

@Princécranoir:

Je crois que je garde une forme d'indulgence pour ce genre de spectacles, que je pense destinés à un public autre que moi. Je le dis sans snobisme. Après, vu ce que je sais (ou crois savoir) de l'évolution de Neill Blomkamp, je ne suis pas sûr qu'il ait vraiment la fibre indé que certains lui prêtaient après "District 9"...

princécranoir a dit…

"District 9" était un film qui apportait une certaine originalité à la science-fiction, soutenue par des prédécesseurs de prestige comme Peter Jackson ou James Cameron. Blomkamp avait su marier le high-tech à une approche très naturaliste des bidonvilles (reprise dans un format plus hollywoodien pour "Elysium"), qualité visuelle qu'il a d'ailleurs gardé dans les paysages urbains délabrés de "Chappie". C'est une des rares choses que l'on peut d'ailleurs sauver du film.

Martin a dit…

Je suis assez d'accord avec tout ça. Le fait est que je pensais que "District 9" établirait un parallèle encore plus appuyé entre cette AfSud futuriste et celle de l'apartheid. Quand c'est devenu un film de SF un peu bourrin, j'ai décroché.

"Chappie" a effectivement des qualités visuelles, mais au niveau du scénario, je crois que le film se tourne résolument vers un public autre que nous, Princécranoir. Et encore une fois, je dis ça sans condescendance aucune.

Pascale a dit…

Oui, recouvrir Sharlto de ferraille est une hérésie !!!
Mais il faudra que tu m'expliques ton système d'étoilage car manifestement tu n'as pas aimé ce film (et tu as mille fois raisons !!!Sharlto sous de la ferraille !!! On rêve !!!) et tu lui mets trois étoiles !
Dans mon système, à partir de *** on peut REVOIR le film !

Martin a dit…

Pascale, nous ne notons pas de la même façon: ta gamme à toi est plus étendue, déjà, puisque tu as des non-étoiles en guise de notes négatives. Quant à moi, je pondère toujours ma notation par rapport à ce que je pouvais attendre du film.

Si je mets deux étoiles ou moins (ça arrive, si, si !), c'est que je veux signifier qu'en plus de ne pas me plaire, j'ai l'impression que le film se moque même du public qu'il vise et/ou qu'il n'y a aucun travail derrière. Or, "Chappie" me semble pouvoir plaire aux plus geeks que moi.

Tiens, j'ajoute une précision: si je mets pile deux étoiles et demie (la moyenne), c'est que je ne sais pas vraiment quoi penser du film.

2flicsamiami a dit…

Un film raté, davantage qu'Elysium (que j'apprécie énormément), film que Blomkampp critique pourtant bien plus vertement. Comme tu le soulignes, les fondations étaient intéressantes, mais le traitement n'ai pas à la hauteur des enjeux.

PS : le lien vers ma chronique redirige vers l'article de Pascale. Je te donne donc le bon lien : https://poingcritique.wordpress.com/2015/03/13/critique-chappie-2015/

Martin a dit…

Neil Blomkamp aurait-il encore trop peu d'expérience pour bien s'entendre avec ses producteurs américains ? C'est possible. C'est toujours difficile de savoir, quand un réalisateur critique l'un de ses films, s'il crache dans la soupe ou s'il a effectivement été empêché de faire exactement ce qu'il voulait.

PS: ton lien est modifié, l'ami, et désolé pour mon erreur initiale.