mardi 9 février 2016

Walt avant Harry

L'ami Clint Eastwood n'a pas quarante ans quand il rencontre et tourne pour la première fois sous la direction de son mentor, Don Siegel. Définitivement revenu d'Europe, il a conservé le Stetson qui l'a rendu célèbre pour s'offrir alors la tête d'affiche d'Un shérif à New York. L'occasion d'incarner un flic aux méthodes quelque peu particulières...

Au début du film, Walt Coogan traque un fugitif dans un désert d'Arizona. Un peu plus tard, son chef l'expédie dans la Grosse Pomme pour ramener un bad boy arrêté par la police locale et qui a également des comptes à rendre à l'autre bout du pays. Le brave justicier solitaire tombe alors, évidemment, sur des collègues très pointilleux quant au respect des règles d'extradition. Un shérif à New York joue beaucoup sur cette opposition classique entre partisans obsessionnels de l'ordre établi et franc-tireur bien déterminé à accomplir sa mission au plus vite. Clintounet est un habitué du genre - il l'a peut-être créé ! Si ça vous fatigue rien que de l'imaginer, autant passer votre chemin.

Pour ma part, j'éprouve encore du plaisir à suivre les pérégrinations de ce personnage taiseux, d'autant qu'ici, il lui arrive d'en baver. Même si les situations et dialogues sont un peu datés, j'ai trouvé amusante la place que le film accordait aux personnages féminins. Voir la psychologue de la police résister au bellâtre et constater ensuite combien l'intéressé peut se laisser embobiner par la girlfriend du méchant, ainsi que sa maman, c'était ma foi assez savoureux. Objectivement, ça ne vole pas toujours très haut, mais il y a aussi quelques belles scènes d'action pour relever la sauce - avec, en points d'orgue, une bagarre dans une salle de billard et une course-poursuite à moto. Un shérif à New York tient ses promesses, ni plus, ni moins. Cela aura suffi pour répondre à mes modestes attentes à son endroit.

Un shérif à New York
Film américain de Don Siegel (1968)

Je suppose que cette première collaboration Eastwood / Siegel reste moins connue que celle sortie trois ans plus tard: L'inspecteur Harry. Avant de revoir cet autre classique du polar à gros bras, je suis ravi d'avoir eu l'opportunité de découvrir un film encore inédit pour moi. Info-bonus: il inspira une série, sortie en France sous le même nom. NBC diffusa au total 46 épisodes, entre septembre 1970 et avril 1977.

10 commentaires:

Véronique Hottat a dit…

Je l'ai revu l'année passée si mes souvenirs sont bons. C'est vrai que c'est quand même un peu (beaucoup ?) daté mais Clintounet reste Clintounet. Puis les personnages taiseux mais qui agissent, je suis souvent preneuse :)

eeguab a dit…

Don Siegel est un bon metteur en scène et l'humour n'est pas absent de ce Coogan's bluff. Quant aux films datés, désuets ou ayant vieilli c'est une notion qui m'est assez étrangère. Les films sont de leur époque et voilà tout. Par exemple même un peplum est un film très sixties. Il y a quelques exceptions mais plutôt dans l'autre sens, des films un peu visionnaires, précurseurs, en avance sur leur temps.

Martin a dit…

@Sentinelle:

Clintounet reste Clintounet, absolument ! Je n'aurais pas mieux dit. Et j'ai bien l'intention de continuer d'explorer ses plus vieux films... en attendant le jour où je les aurai tous vus.

Martin a dit…

@Eeguab:

Tu as bien raison de relever les quelques petites pointes d'humour présentes dans ce film - elles ont contribué au plaisir que j'ai pris à le regarder. Par ailleurs, et même si cette chronique ne le laisse pas forcément supposer, je suis assez d'accord avec toi pour dire que les films sont avant tout de leur époque. Si j'ai parlé de situations et de dialogues "datés", c'est sans la moindre volonté de renier le bon moment que j'ai passé.

ideyvonne a dit…

Bien que ce soit Clint, j'ai toujours eu du mal avec ce personnage mais il est vrai que son humour le sauve.
Quoi qu'il en soit, du Clint dans un autre registre que les westerns (car à cette époque c'était souvent ça) c'était une nouveauté et cela lui a permis de passer à bien d'autres genres cinématographiques par la suite. De plus, les westerns suivants avaient des personnages bien plus complexes ("Pale Rider" ou "impitoyable")

Martin a dit…

Venu tout droit de l'Arizona, ce Walt Coogan est ma foi assez brut de décoffrage, c'est vrai. Le justicier solitaire n'est pas spécialement aimable avec les dames - c'est le moins qu'on puisse dire. Je crois toutefois qu'il y a un peu de dérision dans cette composition et, comme tu le dis justement, elle annonce d'autres personnages eastwoodiens, plus intéressants.

cc rider a dit…

La différence entre Walt est Harry est de taille, Coogan est flic tétu et revanchard qui veut aller au bout de sa mission et prouver à ses collègues New yorkais qui le prennent pour un péquenot attardé de quoi il est capable . Harry lui est un rebelle solitaire dont le sacerdoce est d'éliminer les salopards qui salissent sa ville par tous les moyens sans états d'ame mais en respectant malgré tout la loi (voir la tirade à la fin de Magnum Force). Mikael Douglas pris dans une situation similaire à celle de Walt mais au pays du soleil levant , fera dans "Black Rain" un mélange assez croustillant de ces deux personnages en y rajoutant un coté psychotique plutôt réussi .

Martin a dit…

Merci pour cette exégèse, CC Rider ! Je suis ravi de constater que l'on peut toujours compter sur vous pour apporter d'intéressants compléments à mes chroniques sur ce type de films. Et, somme toute, je suis d'accord avec votre analyse. Le fait est que je n'ai pas revu "L'inspecteur Harry" depuis longtemps. Je vais tâcher de le mettre à mon programme un jour prochain.

Quant à "Black rain", je l'ai laissé passer sur une de mes chaînes récemment, mais je tâcherai de l'attraper à l'occasion d'une prochaine diffusion. C'est sympa de m'y encourager !

ChonchonAelezig a dit…

Super fan de Clint, mais Harry n'est pas mon personnage préféré. Un film "nostalgique", mais franchement pas mon préféré... j'ai été un peu déçue pour ma part.

Martin a dit…

Tu as raison: c'est certain que Clint a fait mieux, comme acteur et bien sûr comme réalisateur. Néanmoins, Don Siegel reste son mentor et ça m'a fait plaisir de pouvoir découvrir ce premier fruit de leur collaboration.