Los Angeles, 25 mars 1954: Tant qu'il y aura des hommes obtient huit Oscars et égalise ainsi le record de l'époque. Touchée, l'Académie consacre le film comme meilleur long-métrage de 1953 et couronne son réalisateur, Fred Zinnemann, pour la première fois. J'ai eu envie de me frotter enfin à ce grand classique du cinéma américain. Histoire de voir s'il pouvait m'émouvoir, 60 ans après son triomphe...
La première chose que j'ai connue sur ce film, c'est cette image iconique d'un couple enlacé et submergé par l'océan. Elle s'était tapie dans un recoin de ma mémoire visuelle depuis un bon petit moment. Devenu adulte, j'ai vu quelques films de l'homme, Burt Lancaster, mais je crois qu'en regardant Tant qu'il y aura des hommes, j'ai vu aussi mon premier film avec la femme, Deborah Kerr. Elle et lui sont deux des stars d'un magnifique casting, avec aussi Montgomery Clift, Frank Sinatra, Ernest Borgnine et, une autre découverte pour moi, Donna Reed. La première chose que j'ai aimée en découvrant finalement l'histoire qui les rassemble tous, c'est qu'il n'y a pas vraiment de premiers rôles. Tiré d'un livre, le scénario fait la part belle à tous les personnages, sans manichéisme. Un très bel équilibre.
Nous sommes ramenés en 1941. Un dénommé Robert Prewitt intègre un régiment basé à Hawaï. Son officier supérieur l'imagine aussitôt comme l'homme qui fera briller la troupe lors des combats de boxe organisés entre les différents corps d'armée. Problème: le soldat refuse de monter sur un ring, traumatisé par un accident qu'il a causé quelques années auparavant. Ce n'est pas suffisant pour l'envoyer devant une cour martiale, mais bien assez pour lui valoir d'incessantes brimades venues de son commandement. Prewitt encaisse sans moufter et s'efforce d'être irréprochable par ailleurs. Petit à petit, il gagne le respect de certains de ses camarades. Intelligemment, le film décrit alors la compagnie en détail, établissant alors que la discipline ne vaut que si elle s'accompagne d'une éthique.
Contexte historique oblige, Tant qu'il y aura des hommes aurait pu n'être qu'un banal long-métrage patriotique, exaltant les valeurs éternelles de l'Amérique face à un ennemi évidemment étranger. Honnêtement, je ne vais pas vous dire que les Japonais bénéficient ici d'une bonne image, mais je vous le certifie: l'épée de Damoclès qu'ils représentent n'est pas le sujet du film. Fred Zinnemann s'ingénie plutôt à nous montrer le quotidien des troufions, moments de détente compris. Bon, OK, à l'écran, les prostituées du roman originel sont devenues de simples hôtesses - il fallait bien passer entre les mailles de la censure. N'empêche: ce qui nous est montré conserve un fort pouvoir émotionnel. Pour peu que vous soyez sensibles au charme du cinéma ancien, laissez-vous donc emporter...
Le titre français ne doit pas vous tromper: les personnages féminins sont, ô joie ! bien plus que des faire-valoir. Des thèmes audacieux comme l'adultère sont illustrés, sans faux semblant. Il y a d'ailleurs quelques beaux salauds, dans cette histoire, et, oui, des femmes courageuses, qui pleurent parfois, mais savent aussi se révolter contre l'injustice qui leur est faite. L'ensemble est filmé dans un noir et blanc impeccable - je n'ai jamais regretté l'absence de couleurs. Comme dans de nombreuses autres productions de cette époque lointaine, la musique renforce aussi les sentiments, mais j'ai trouvé qu'elle était bien dosée, sublimant notamment quelques scènes muettes. Bref, j'aurais encore bien des choses à dire, mais je préfère vous laisser des surprises.Vous l'aurez compris: je me suis ré-ga-lé !
Tant qu'il y aura des hommes
Film américain de Fred Zinnemann (1953)
Le titre anglophone (From here to eternity) est bien plus allusif. Tant mieux: j'ai vraiment aimé découvrir ce film sans trop en savoir d'abord. À partir du même sujet ou presque, l'émotion qu'il déploie dépasse largement celle du très explicite Pearl Harbor (Michael Bay). Si vous avez envie de rire, changement de cap: je vous recommande plutôt le 1941 de Steven Spielberg. À chacun son style, n'est-ce-pas ?
La première chose que j'ai connue sur ce film, c'est cette image iconique d'un couple enlacé et submergé par l'océan. Elle s'était tapie dans un recoin de ma mémoire visuelle depuis un bon petit moment. Devenu adulte, j'ai vu quelques films de l'homme, Burt Lancaster, mais je crois qu'en regardant Tant qu'il y aura des hommes, j'ai vu aussi mon premier film avec la femme, Deborah Kerr. Elle et lui sont deux des stars d'un magnifique casting, avec aussi Montgomery Clift, Frank Sinatra, Ernest Borgnine et, une autre découverte pour moi, Donna Reed. La première chose que j'ai aimée en découvrant finalement l'histoire qui les rassemble tous, c'est qu'il n'y a pas vraiment de premiers rôles. Tiré d'un livre, le scénario fait la part belle à tous les personnages, sans manichéisme. Un très bel équilibre.
Nous sommes ramenés en 1941. Un dénommé Robert Prewitt intègre un régiment basé à Hawaï. Son officier supérieur l'imagine aussitôt comme l'homme qui fera briller la troupe lors des combats de boxe organisés entre les différents corps d'armée. Problème: le soldat refuse de monter sur un ring, traumatisé par un accident qu'il a causé quelques années auparavant. Ce n'est pas suffisant pour l'envoyer devant une cour martiale, mais bien assez pour lui valoir d'incessantes brimades venues de son commandement. Prewitt encaisse sans moufter et s'efforce d'être irréprochable par ailleurs. Petit à petit, il gagne le respect de certains de ses camarades. Intelligemment, le film décrit alors la compagnie en détail, établissant alors que la discipline ne vaut que si elle s'accompagne d'une éthique.
Contexte historique oblige, Tant qu'il y aura des hommes aurait pu n'être qu'un banal long-métrage patriotique, exaltant les valeurs éternelles de l'Amérique face à un ennemi évidemment étranger. Honnêtement, je ne vais pas vous dire que les Japonais bénéficient ici d'une bonne image, mais je vous le certifie: l'épée de Damoclès qu'ils représentent n'est pas le sujet du film. Fred Zinnemann s'ingénie plutôt à nous montrer le quotidien des troufions, moments de détente compris. Bon, OK, à l'écran, les prostituées du roman originel sont devenues de simples hôtesses - il fallait bien passer entre les mailles de la censure. N'empêche: ce qui nous est montré conserve un fort pouvoir émotionnel. Pour peu que vous soyez sensibles au charme du cinéma ancien, laissez-vous donc emporter...
Tant qu'il y aura des hommes
Film américain de Fred Zinnemann (1953)
Le titre anglophone (From here to eternity) est bien plus allusif. Tant mieux: j'ai vraiment aimé découvrir ce film sans trop en savoir d'abord. À partir du même sujet ou presque, l'émotion qu'il déploie dépasse largement celle du très explicite Pearl Harbor (Michael Bay). Si vous avez envie de rire, changement de cap: je vous recommande plutôt le 1941 de Steven Spielberg. À chacun son style, n'est-ce-pas ?
5 commentaires:
Je l'ai vu il y a déjà un petit moment (lorsqu'il était passé sur Arte) et j'en garde un très bon souvenir, un film fort et très bien interprété.
Et je ne l'ai toujours pas vu !
Alors qu'il y a eu une rétrospective Burt Lancaster à la cinémathèque et que j'ai absolument tout loupé pfff
Bonjour Martin, je n'ai pas revu ce film depuis un moment mais j'ai surtout le souvenir de Monty Clift. Bonne journée.
j ai vu ce classique à la television dans les années 70 et lu le roman de james jones pendant mon service militaire (coincidence). J'ai pris autant de plaisir dans les deux cas. Ce qui est trés rare , les adaptations au cinéma de grands romans sont parfois si décevantes.
Franck Sinatra est inoubliable en Maggio, et la scéne de la sonnerie "aux morts" un grand moment de cinéma..
Oui c'est un bel équilibre entre tous les personnages même si, comme Dasola, celui de Prewitt m'a plus marquée.
Deborah Kerr est absolument sensationnelle dans ce rôle. Elle a ainsi montré qu'elle pouvait incarner un personnage sensible et complexe.
Et à en croire les "potins d'Hollywood" Frank Sinatra a usé de toutes ses relations pour jouer Maggio
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