52 ans et dix longs-métrages: je vais peut-être arrêter de considérer David Fincher comme un petit malin. Cela étant, il reste indéniable que le natif de Denver, Colorado apprécie les mystères poisseux capables de lui/nous retourner le cerveau. Adaptation paraît-il fidèle d'un bestseller de la littérature policière, Gone girl en construit un. Son scénario est signé Gillian Flynn, déjà auteur(e) du roman originel.
Venus de New York vivre dans le Missouri, Amy et Nick Dunne forment ce qu'il est convenu d'appeler un couple sans histoire. Ils sont mariés depuis cinq ans et leur harmonie saute aux yeux. Vraiment ? Un jour où les tourtereaux sont censés célébrer leur anniversaire, Nick sirote un bourbon au pub du coin et raconte ses déboires conjugaux à la fille du comptoir, Margo, qui est aussi sa soeur jumelle. Quand il rentre finalement chez lui, il n'y retrouve que son chat: Amy a disparu et, détail angoissant, la table du salon est en miettes. Son sang-froid relatif et son allure désinvolte font que le "pauvre" mari se trouve bientôt accusé de meurtre. Gone girl entame alors un chassé-croisé visuel pour nous montrer le présent, mais aussi le passé d'une union pas-si-modèle-que-ça. C'est assez bien ficelé, même sans éviter complètement les clichés du genre. Les images sont plutôt réussies dans le genre "esthétique glacée" et composent lentement un maillage oppressant, densifié par la musique de Trent Reznor et Atticus Ross. Bref, sur le seul plan formel, je ne vois aucune fausse note à signaler.
Sur le plan narratif, je me suis laissé embarquer, comprenant vite toutefois que Nick devait être innocent et l'histoire plus complexe qu'une banale dispute entre époux en route vers le crime. Ben Affleck joue intelligemment ce type dépassé par les événements, crédible dans le rôle ingrat du citoyen moyen sur fond de crise économique. Face à lui, Rosamund Pike est juste parfaite: sa blondeur cadre bien avec sa nature d'héroïne hitchcockienne, bien entendu moins sage qu'il n'y paraît au premier regard. J'ai aimé que Gone girl délaisse vite les oripeaux du thriller pour nous entraîner dans une réflexion complexe sur la dictature des apparences. Au passage, le film égratigne les mythes de l'Américaine contemporaine, grands avocats pénalistes, flics bornés ou mass medias tout-puissants. J'ai trouvé cette démonstration appuyée, un peu trop parfois pour être juste. David Fincher offre deux heures et demie de cinéma: c'est beaucoup. Il expédie quelques personnages en route: c'est dommage. La partie d'échecs reste jouissive pour qui se fiche un peu de la vraisemblance.
Gone girl
Film américain de David Fincher (2014)
Titre oblige, il me semble que le film pourrait aisément être confondu avec Gone baby gone, sorti en 2007, autre histoire de disparition réalisée par... Ben Affleck et interprétée par son frère Casey. Il y a probablement un peu plus de noirceur chez David Fincher, déjà réputé pour sa défiance à l'égard de la société consumériste (Fight club). Devant ce spectacle, j'ai également souvent pensé à Seven et Zodiac.
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Une histoire de qualificatif...
En évoquant ses défauts, certains disent du film qu'il est misogyne. Pas moi. Pervers ? Oui, je peux l'admettre. Et malsain ? Un tantinet. Initialement, j'avais pensé titrer ma chronique "Toile d'araignée"...
Il fait en tout cas parler de lui sur la blogosphère cinéma...
Vous pourrez donc en lire d'autres analyses sur "Callciné", "Sur la route du cinéma", "Le blog de Dasola" et "Le blog de Tinalakiller". J'encourage aussi un détour sur l'espace "Ma bulle" de Princécranoir. Sans oublier, par souci d'exhaustivité, d'aller voir "Chez Sentinelle"...
Venus de New York vivre dans le Missouri, Amy et Nick Dunne forment ce qu'il est convenu d'appeler un couple sans histoire. Ils sont mariés depuis cinq ans et leur harmonie saute aux yeux. Vraiment ? Un jour où les tourtereaux sont censés célébrer leur anniversaire, Nick sirote un bourbon au pub du coin et raconte ses déboires conjugaux à la fille du comptoir, Margo, qui est aussi sa soeur jumelle. Quand il rentre finalement chez lui, il n'y retrouve que son chat: Amy a disparu et, détail angoissant, la table du salon est en miettes. Son sang-froid relatif et son allure désinvolte font que le "pauvre" mari se trouve bientôt accusé de meurtre. Gone girl entame alors un chassé-croisé visuel pour nous montrer le présent, mais aussi le passé d'une union pas-si-modèle-que-ça. C'est assez bien ficelé, même sans éviter complètement les clichés du genre. Les images sont plutôt réussies dans le genre "esthétique glacée" et composent lentement un maillage oppressant, densifié par la musique de Trent Reznor et Atticus Ross. Bref, sur le seul plan formel, je ne vois aucune fausse note à signaler.
Sur le plan narratif, je me suis laissé embarquer, comprenant vite toutefois que Nick devait être innocent et l'histoire plus complexe qu'une banale dispute entre époux en route vers le crime. Ben Affleck joue intelligemment ce type dépassé par les événements, crédible dans le rôle ingrat du citoyen moyen sur fond de crise économique. Face à lui, Rosamund Pike est juste parfaite: sa blondeur cadre bien avec sa nature d'héroïne hitchcockienne, bien entendu moins sage qu'il n'y paraît au premier regard. J'ai aimé que Gone girl délaisse vite les oripeaux du thriller pour nous entraîner dans une réflexion complexe sur la dictature des apparences. Au passage, le film égratigne les mythes de l'Américaine contemporaine, grands avocats pénalistes, flics bornés ou mass medias tout-puissants. J'ai trouvé cette démonstration appuyée, un peu trop parfois pour être juste. David Fincher offre deux heures et demie de cinéma: c'est beaucoup. Il expédie quelques personnages en route: c'est dommage. La partie d'échecs reste jouissive pour qui se fiche un peu de la vraisemblance.
Gone girl
Film américain de David Fincher (2014)
Titre oblige, il me semble que le film pourrait aisément être confondu avec Gone baby gone, sorti en 2007, autre histoire de disparition réalisée par... Ben Affleck et interprétée par son frère Casey. Il y a probablement un peu plus de noirceur chez David Fincher, déjà réputé pour sa défiance à l'égard de la société consumériste (Fight club). Devant ce spectacle, j'ai également souvent pensé à Seven et Zodiac.
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Une histoire de qualificatif...
En évoquant ses défauts, certains disent du film qu'il est misogyne. Pas moi. Pervers ? Oui, je peux l'admettre. Et malsain ? Un tantinet. Initialement, j'avais pensé titrer ma chronique "Toile d'araignée"...
Il fait en tout cas parler de lui sur la blogosphère cinéma...
Vous pourrez donc en lire d'autres analyses sur "Callciné", "Sur la route du cinéma", "Le blog de Dasola" et "Le blog de Tinalakiller". J'encourage aussi un détour sur l'espace "Ma bulle" de Princécranoir. Sans oublier, par souci d'exhaustivité, d'aller voir "Chez Sentinelle"...
3 commentaires:
Comme tu le sais déjà, j'ai adoré ce film, dans mon top 5 de mes films préférés de cette année. Une excellente adaptation du roman, une analyse pertinente du rôle des médias dans notre société ainsi qu'un regard sombre sur le mariage. Le casting est impeccable, surtout Rosamund Pike, impressionnante.
Comme tu le sais, j'ai énormément apprécié cet excellent thriller. Je te rejoins sur Rosamund Pike, superbement impressionante.
argh... que j'ai hâte de le voir celui-là !
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