Ma méthode d'écriture ? Elle est la même depuis un bon moment déjà. Il se passe toujours quelques jours entre celui où je vois un film donné et ceux où sa chronique est écrite, puis publiée. Ce décalage me permet d'approfondir ma connaissance de ce même long-métrage. En général, j'aime bien (re)voir ce que d'autres en ont dit. J'apprécie également de mieux découvrir ses créateurs, artistes ou techniciens. Cette fois, le recul m'a fait constater que j'ai enchaîné deux films sociaux. Jimmy's hall - celui d'aujourd'hui - parle d'un temps ancien.
Avec lui, nous sommes plongés dans l'Irlande du début des années 30. Le pays sort tout juste d'une guerre civile, les uns et les autres s'opposant notamment sur la teneur du lien avec le voisin britannique. En 1922, James Gralton, lui, a quitté son pays natal pour un exil américain un peu forcé. Il entend désormais retrouver l'harmonie relative du foyer familial, avec l'espoir de réconforter sa vieille mère. Seulement, pour ses amis et les jeunes du coin, le Jimmy d'autrefois demeure une légende et une promesse: il est l'incarnation d'un monde meilleur, où les pauvres gens ont voix au chapitre et comptent autant que les prétendus puissants, propriétaires ou hommes d'église. Révolutionnaire, cette idée ? Pour Gralton, elle l'est si peu qu'elle doit s'imposer partout sans autre forme de contrainte. D'autres l'entendent évidemment comme une pure idéologie de subversion, nuisible. Quand elle conduit le héros à rouvrir les portes d'une ancienne salle commune, la réaction - brutale - ne se fait pas attendre longtemps...
Ma propre histoire familiale rend assez touchant le fait d'évoquer cette thématique un 4 août, jour anniversaire de mon grand-père paternel et, depuis 1790, de l'abolition en France des privilèges seigneuriaux et féodaux. J'ai du mal à comprendre qu'un magazine aussi intelligent que Cahiers du cinéma parle d'un "navet" (je cite). Les mots sont cinglants: "Bonne conscience. Étalage de mièvrerie démagogique. Absence du moindre enjeu politique". Je ne trouve pas. Sincèrement, je m'interroge: jusqu'à quel point doit-on être cynique ou détaché d'une certaine réalité sociale pour ne pas juger que ce film peut aussi parler aux gens, tout simplement ? Jimmy's hall sombre-t-il lui aussi dans la caricature ? Ponctuellement, c'est le cas. De l'histoire vraie sur laquelle il s'appuie, le scénario de Paul Laverty retient parfois les aspects les moins complexes. Aller en sens opposé serait étonnant quand on fait oeuvre de cinéma, non ? Il me semble qu'il y a assez de médias pour dire la "vraie vie". À bon entendeur...
Jimmy's hall
Film britannique de Ken Loach (2014)
Stop ou encore ? En compétition à Cannes en mai, en partie financé par des producteurs irlandais et français, ce long-métrage pourrait bien être la dernière fiction de Ken Loach. Le vieux lion anglais réfléchit, à l'approche de ses 80 ans, au cap qu'il suivra désormais pour ses dernières années. Respect, Monsieur ! J'espère vous revoir au cinéma, mais Jimmy's hall serait une bien belle et très digne fin.
----------
Si vous voulez aussi prolonger votre réflexion...
Vous pouvez lire "Sur la route du cinéma" et/ou "Le blog de Dasola".
Avec lui, nous sommes plongés dans l'Irlande du début des années 30. Le pays sort tout juste d'une guerre civile, les uns et les autres s'opposant notamment sur la teneur du lien avec le voisin britannique. En 1922, James Gralton, lui, a quitté son pays natal pour un exil américain un peu forcé. Il entend désormais retrouver l'harmonie relative du foyer familial, avec l'espoir de réconforter sa vieille mère. Seulement, pour ses amis et les jeunes du coin, le Jimmy d'autrefois demeure une légende et une promesse: il est l'incarnation d'un monde meilleur, où les pauvres gens ont voix au chapitre et comptent autant que les prétendus puissants, propriétaires ou hommes d'église. Révolutionnaire, cette idée ? Pour Gralton, elle l'est si peu qu'elle doit s'imposer partout sans autre forme de contrainte. D'autres l'entendent évidemment comme une pure idéologie de subversion, nuisible. Quand elle conduit le héros à rouvrir les portes d'une ancienne salle commune, la réaction - brutale - ne se fait pas attendre longtemps...
Ma propre histoire familiale rend assez touchant le fait d'évoquer cette thématique un 4 août, jour anniversaire de mon grand-père paternel et, depuis 1790, de l'abolition en France des privilèges seigneuriaux et féodaux. J'ai du mal à comprendre qu'un magazine aussi intelligent que Cahiers du cinéma parle d'un "navet" (je cite). Les mots sont cinglants: "Bonne conscience. Étalage de mièvrerie démagogique. Absence du moindre enjeu politique". Je ne trouve pas. Sincèrement, je m'interroge: jusqu'à quel point doit-on être cynique ou détaché d'une certaine réalité sociale pour ne pas juger que ce film peut aussi parler aux gens, tout simplement ? Jimmy's hall sombre-t-il lui aussi dans la caricature ? Ponctuellement, c'est le cas. De l'histoire vraie sur laquelle il s'appuie, le scénario de Paul Laverty retient parfois les aspects les moins complexes. Aller en sens opposé serait étonnant quand on fait oeuvre de cinéma, non ? Il me semble qu'il y a assez de médias pour dire la "vraie vie". À bon entendeur...
Jimmy's hall
Film britannique de Ken Loach (2014)
Stop ou encore ? En compétition à Cannes en mai, en partie financé par des producteurs irlandais et français, ce long-métrage pourrait bien être la dernière fiction de Ken Loach. Le vieux lion anglais réfléchit, à l'approche de ses 80 ans, au cap qu'il suivra désormais pour ses dernières années. Respect, Monsieur ! J'espère vous revoir au cinéma, mais Jimmy's hall serait une bien belle et très digne fin.
----------
Si vous voulez aussi prolonger votre réflexion...
Vous pouvez lire "Sur la route du cinéma" et/ou "Le blog de Dasola".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire