dimanche 25 mai 2014

La Palme pour Ceylan

Ami(e)s cinéphiles, vous devez le savoir: une nuit et un matin entier ont passé depuis la soirée de clôture du 67ème Festival de Cannes. Sans plus attendre, je tenais à vous proposer un compte-rendu personnel - la meilleure façon aussi d'oublier mon impatience d'aller voir quelques-uns des films, primés ou non, d'ailleurs. J'accueillerai volontiers vos remarques et possibles compléments en commentaires.

Vingt-et-un ans après avoir obtenu "sa" Palme d'or, la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion présidait le jury 2014. Ces neuf artistes ont attribué la récompense suprême à Sommeil d'hiver, du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan. Je reconnais que je n'avais cherché aucune info particulière sur ce long-métrage (3h16 !) avant hier soir. Il raconte l'histoire d'un ancien comédien, devenu tenancier d'hôtel, quelque part en Anatolie centrale. Avec lui, sa femme, qu'il n'aime plus vraiment, et sa soeur, fraîchement divorcée. Du vrai cinéma d'auteur, donc. Certains critiques ont évoqué une filiation artistique avec le Suédois Ingmar Bergman et le Russe Andreï Tarkovski. Pour moi, ce sera donc une totale plongée dans l'inconnu. Tardive, d'ailleurs, puisque Ceylan en est désormais à quatre prix cannois. Le film doit sortir le 13 août.

Une autre surprise est peut-être venue du Grand Prix: il a été attribué à l'Italienne Alice Rohrwacher, pour son film Les merveilles. L'argument glamour du long-métrage, c'est certainement la présence de Monica Bellucci dans la distribution. On va devoir attendre encore pour en savoir plus: la sortie du long-métrage n'est pas programmée avant... janvier 2015 ! Le scénario tournerait autour d'une famille d'apiculteurs, dont le quotidien est perturbé par un jeune délinquant arrivé dans le cadre d'un programme de réinsertion sociale. Il serait aussi question du tournage d'une émission de téléréalité. Présenté ainsi, ça m'attire peu, mais si ça nous amène du bon cinéma italien...

Spontanément, j'ai un intérêt plus net pour le travail du réalisateur britannique Mike Leigh. J'en parle ici parce que son Mr Turner a valu à son acteur principal, Timothy Spall, le Prix d'interprétation masculine. Il faudra patienter jusqu'en octobre pour mieux connaître le peintre anglais qui a inspiré le film. Je tâcherai de ne pas oublier !

En revanche, je vous indique ce dimanche que vous pouvez apprécier sans délai le talent de Julianne Moore, Prix d'interprétation féminine. L'actrice américaine est honorée avec Maps to the stars, dynamitage en règle du mythe hollywoodien par le Canadien David Cronenberg. Pas d'avis sur le film, mais une certitude: il est sorti depuis mercredi.

Party girl est le dernier des films dont je veux parler dès aujourd'hui de manière un peu plus détaillée. Pourquoi ? Parce qu'il est le lauréat de la Caméra d'or, récompense dédiée aux premiers longs-métrages. Diffusé en ouverture de la sélection Un certain regard, cette oeuvre est collective et française, signée Marie Amachoukeli, Claire Burger et Simon Theis. Anciens étudiants à la Fémis, ces trois "bizuths" proposent le portrait d'Angélique, une meneuse de cabaret de 60 ans. Apparemment, sous des allures de documentaire, il s'agirait pourtant bien d'une fiction. Je note qu'il y a quatre ans, les deux réalisatrices femmes avaient déjà obtenu un César... du meilleur court-métrage.

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Afin d'être complet, voici la liste des autres films primés hier:
- Prix de la mise en scène: Foxcatcher de Bennett Miller...
Un film américain sur la lutte, avec Steve Carell à contre-emploi.

- Prix du jury: Mommy de Xavier Dolan...
Le retour chez sa mère d'un petit voyou, par le prodige québécois.

- Prix du jury (ex-aequo): Adieu au langage de Jean-Luc Godard...
En 3D, un opus poétique et expérimental du maître franco-suisse.

- Prix du scénario: Leviathan d'Andrey Zvyagintsev...
Le récit d'une expropriation subie, dans le nord de la Russie.

- Palme d'or du court-métrage: Leidi de Simon Mesa Soto... 
Une jeune Colombienne cherche son petit ami, père de son enfant.
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Pour finir cette chronique, j'avais dans un premier temps imaginé céder à la tentation people et évoquer par exemple le petit pas dansé entre Nicole Kidman et Lambert Wilson lors de la cérémonie d'ouverture. J'avais aussi songé à relever la présence - inattendue ! - de ma très chère Cate Blanchett, venue promouvoir le nouveau dessin animé de chez Dreamworks, Dragons 2. Je préfère finalement saluer une dernière fois Gilles Jacob, le président du Festival de Cannes. Début juin, à bientôt 84 ans et après 36 saisons cannoises, il cèdera son fauteuil à Pierre Lescure, l'ancien PDG du groupe Canal+. J'aimerais que l'héritage donne de beaux fruits. Monsieur... merci !

2 commentaires:

ChonchonAelezig a dit…

Beaucoup d'inconnus cette année, en tous cas pour moi, et c'est tant mieux, ça donne envie de les découvrir.
J'ai bien aimé la palme attribuée à Timothy Spall, un excellent acteur de second rôle qu'on voit très souvent et qui mérite bien d'être enfin récompensé. Le peintre en question, Turner, est un de mes préférés... Donc j'attends avec impatience.
J'ai aussi adoré l'hommage émouvant que Xavier Dolan a rendu à Jane Campion, c'était trop mimi !

dasola a dit…

Bonjour Martin, je pense que j'irai voir la Palme dès qu'il sortira. J'avais bien apprécié Uzak, Les trois singes et Il était une fois en Anatolie. Pas un cinéma "facile" mais j'apprécie. Pour les autres, je ne sais pas. Bonne journée.