mercredi 24 juillet 2013

Veronica, la vraie

Le hasard a voulu que je revoie Veronica Guerin très rapidement après que la journaliste est revenue dans l'actualité irlandaise. L'une de ses anciennes consoeurs au Sunday Independent viendrait d'écrire un livre pour la présenter sous un jour - un peu - moins favorable. Quant à John Traynor, que le film désigne comme son indic, il est sorti du bois. Parti d'Irlande après le meurtre, il affirme en être totalement innocent. Je me suis dit qu'il serait plutôt bien d'ajouter quelques mots sur l'histoire à l'origine du film de Joel Schumacher.

Le réalisateur américain aurait un peu trop insisté sur le côté sordide. Son film prend quelques raccourcis et s'autorise des inexactitudes. Exemple: le principal criminel de cette affaire aurait été condamné pour trafic de cannabis et non pas d'héroïne comme le long-métrage l'imagine allègrement. Bon, 28 années de prison, quand même...

Quelque six mois avant qu'elle soit tuée, la vraie Veronica Guerin recevait un prix et soulignait alors à quel point le cadre juridique était contraignant pour le travail des journalistes irlandais. Au cours de sa carrière, elle fut contrainte à inventer plusieurs pseudonymes pour désigner les criminels en cause dans ses articles. Son message fut finalement entendu et la législation sur la diffamation assouplie.

Certains affirment que la journaliste emmenait son fils sur le théâtre de ses interviews et, en règle générale, n'écoutait guère les consignes de prudence émises par son mari. En recevant son prix, elle devait toutefois mentionner leur soutien à tous deux. Pour essayer d'expliquer ce type d'attitudes, d'aucuns jugent qu'elle et son époux n'avaient pas assez d'argent pour confier leur enfant à une crèche.

Quelle que soit sa part d'ombre, il est certain que Veronica Guerin n'a pas été oubliée. Une stèle rappelle sa mémoire au coeur du château de Dublin et une bourse pour jeunes journalistes d'investigation porte son nom. Le film suggère qu'elle n'était pas forcément la meilleure des rédactrices pour l'orthographe. Cette anecdote-là semble exacte. 

Dans ma chronique précédente, j'ai dit que le film restait assez évasif sur la manière dont fonctionne une rédaction. Ce qu'il ne montre pas et qui est avéré, c'est que Veronica Guerin n'a pas toujours été journaliste. En revanche, là où le cinéma colle bien à la réalité, c'est quand il révèle qu'elle avait fait des études de comptabilité. Études utiles, apparemment, quand il s'est agi des investigations futures.

Autre conséquence de son travail: après sa mort, le parlement irlandais vota une loi permettant la saisie de biens des personnes suspectées d'avoir commis des crimes organisés. Un organisme public fut créé pour cette mission. Le film indique que ce type de criminalité aurait chuté de 15% dans la foulée. Je n'ai pas pu vérifier ce chiffre.

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