samedi 13 juillet 2013

Vivre sans les grands

Au moment de le regarder l'autre soir, j'étais pratiquement certain d'avoir déjà vu La guerre des boutons. Cela doit désormais remonter à une trentaine d'années, si mes repères temporels sont exacts. Autant dire que je ne me souvenais de presque rien. Je note aussi pour commencer qu'à supposer que je l'ai découvert en 1982, le film d'Yves Robert avait alors déjà vingt ans, l'un des petits détails amusants étant qu'il adapte au début des années soixante un roman de Louis Pergaud censé se dérouler en 1912. De là à affirmer alors que littérature et cinéma sont arts intemporels, il y a encore un pas.

Désolé: je ne le franchirai pas. Laissez-moi tout de même vous dire ce dont il est question: à l'image du roman originel, le long-métrage met en vedette deux bandes de gamins, petits habitants de villages de la France profonde. Couilles molles et peigne-culs: quand ils font autre chose que chahuter en classe, Longeverne et Velrans aiment s'adonner aux plaisirs simples de la bataille rangée. Ils évitent consciencieusement tout contact avec le monde bête et raisonnable des adultes: en plein air, leur motivation première est de se retrouver entre marmots pour s'humilier réciproquement. Les vainqueurs pourront fumer et boire comme des grands... ou presque. La guerre des boutons: le titre du film dit tout de leur butin. On connaît tous des quêtes moins raisonnables. La folie des plus jeunes est relative...

Je le dis comme je le pense: La guerre des boutons est un film d'enfants. On a vite l'impression de voir débouler à l'écran les dizaines de pensionnaires d'une jolie colonie de vacances. Ce qui peut conférer au long-métrage un côté charmant, c'est que ces minots n'ont pas l'air dirigés. Entendons-nous bien: il est plus que probable qu'ils le soient. Pourtant, ce qui est frappant, c'est le naturel dont ils font preuve. Qu'ils dialoguent ou agissent sans parole, ils s'impliquent tous à fond. Apparemment, ils ont décidé de s'amuser ! Deux nouvelles versions cinéma de cette vieille histoire sont sorties simultanément il y a quelque temps: je ne suis pas sûr qu'elles aient la même fraîcheur. Ici, il est remarquable que les adultes passent presque inaperçus. Zappés, Michel Galabru, Jean Richard, Jacques Dufilho... rien que ça !

La guerre des boutons
Film français d'Yves Robert (1962)

"Si j'aurais su, j'aurais pas venu"... la réplique-culte de P'tit Gibus rappellera peut-être des souvenirs aux plus nostalgiques d'entre vous. Les autres pourront toujours aimer le film pour la façon dont il place les enfants au centre de tout - ce n'est pas très fréquent au cinéma. La fin laisse certes planer un peu de nostalgie, mais le pragmatisme des grands ne triomphe pas tout à fait. Ouf ! On sera moins éprouvé que devant Les 400 coups. Moi, j'ai repensé à Moonrise Kingdom...

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