mercredi 10 juillet 2013

L'argent et la mort

Savez-vous ce qu'est un spoiler ? Pour ceux qui ne fréquentent pas aussi souvent que moi la blogosphère cinéma, j'indique qu'un spoiler désigne la révélation de la fin d'un film - ou celle de son argument principal. On utilise le même mot en verbe: certains spoilent, d'autres se font spoiler. C'est ce qui m'est arrivé avec Psychose, le classique d'Alfred Hitchcock. J'étais parvenu à passer entre les gouttes amères de la vérité jusqu'à ce que mes yeux tombent sur... un documentaire consacré au spoiler ! Pour ma chronique, je préfère garder le silence.

Un débat divise le petit monde des cinéphiles: y a-t-il une prescription pour le spoiler ? Peut-on estimer que dix, vingt, cinquante, cent ans après sa sortie, un film est assez connu de tous pour qu'on parle librement de son intrigue et de sa conclusion ? Ma réponse est non ! Pour parler de Psychose, je dirai donc seulement que le film s'intéresse d'abord à une dénommée Marion Crane, une jeune femme qui entretient une relation cachée avec un homme, Sam Loomis. Lassée de cette vie clandestine, la blondinette d'apparence ordinaire saisit l'opportunité de voler une grosse somme à son patron et prend la route, déterminée à retrouver son amant et à prendre sa destinée en mains. Voilà ! Je n'en dirai pas plus. Le titre d'Alfred Hitchcock suggère des détours vers la folie. Celui que j'ai choisi vous laissera penser à des rebondissements d'ordre criminel. Les deux impressions sont bonnes, mais j'ai décidé de ne rien expliciter. Bien que sachant d'office ce qui allait arriver, j'ai sursauté en une ou deux occasions...

Chose étonnante: nommé pour quatre Oscars en 1961, Psychose revint bredouille de la cérémonie. Il reçut d'abord un accueil critique mitigé. Les choses changèrent rapidement et il est considéré aujourd'hui comme l'un des chefs d'oeuvre du film de suspense. Objectivement, l'ambiance qu'il met en place est des plus prenantes. Ce qui est fascinant, c'est qu'à l'image du premier personnage féminin, l'intrigue prend le chemin des écoliers. Sans jamais s'égarer en chemin, Hitch nous fait également frissonner en allumant ici et là quelques contre-feux scénaristiques: avec génie, il parvient à donner l'apparence d'une menace à ce qui se révèle au final tout à fait banal. Objet de multiples suites, parodies et clins d'oeil, le long-métrage doit beaucoup à sa bande originale: la partition de Bernard Hermann tisse une toile sonore dont on ne s'échappe pas. Un spoiler malvenu fait que je ne peux pas vous dire ce qu'on ressent quand on se frotte à cette oeuvre sans a priori. Je vous conseille vivement d'essayer !

Psychose
Film américain d'Alfred Hitchcock (1960)

Comment évoquer le long-métrage sans évoquer la prestation d'Anthony Perkins, premier rôle masculin ? Je resterai évasif: voyez par vous-mêmes. J'aurais pu dire également qu'après avoir vu Psychose, vous ne prendrez plus une douche sans arrière-pensée macabre, mais ça ne servirait pas à grand-chose. Autant souligner que j'ai vu mon Hitch favori... enfin, à ce stade de mes découvertes. Tourné en noir et blanc, il s'avère aussi sombre que La main au collet est lumineux. Plus apprécié, il a inspiré un remake de Gus van Sant.  

3 commentaires:

dasola a dit…

Bonjour Martin, j'ai revu ce film récemment. J'ai constaté des invraisemblances dans la chronologie mais il y a l'ambiance inquiétante, la musique de Bernard Hermman et surtout le regard halluciné inoubliable d'Anthony Perkins au dernier plan. Bonne journée.

Jean-Pascal Mattei a dit…

Et la série dérivée vaut le détour (mortel) au fameux motel :
http://lemiroirdesfantomes.blogspot.fr/2014/09/bates-motel-la-maman-et-la-putain.html?view=magazine

Martin a dit…

@Jean-Pascal:

Je ne suis pas un grand amateur de séries, mais je dois admettre que je saisirais bien volontiers l'occasion de découvrir celle-là si elle se présente.