Quand, aussitôt après que je l'ai découvert, on m'a demandé de parler de Möbius, j'ai dit que c'était un film ambitieux. Je porte toujours l'espoir de convaincre qu'il est agréable de voir le cinéma français s'aventurer dans ce registre généralement accolé aux seuls films américains. Fruit semble-t-il d'une longue maturation, l'oeuvre 2013 d’Éric Rochant est une histoire d'amour sur fond d'espionnage. Franchement, je crois qu'il aurait été très facile de se casser la gueule en beauté avec un tel projet. Et je dis donc que ce n'est pas le cas.
Cécile de France et Jean Dujardin ont pris eux aussi le risque d'altérer leur image plutôt sage pour venir défricher un nouveau territoire expressif. Elle, habituelle jolie fille, joue d'abord sur la froide rudesse de son personnage, Alice, tradeuse sans état d'âme et d'une efficacité redoutable. Lui, espion russe en maraude à Monaco, exprime parfaitement l'ambivalence de ce Grégory Lioubov, d'une précision clinique dans son exercice professionnel, mais finalement vulnérable parce que trop seul. Je crois que le ton général de l'intrigue est donné dès la première rencontre: "Je crois que je suis en train de merder sérieusement". En effet. Et si ça vous paraît parfois trop compliqué de comprendre pourquoi, je vous recommande de vous concentrer d'abord sur l'histoire d'amour des deux protagonistes. Möbius parle avant tout d'un couple, bien plus que d'une quelconque activité criminelle. Sans en dire trop, j'ajoute que c'est un vrai film noir...
Formellement, c'est une grande réussite. L'image est d'une beauté aussi éclatante que celle d'une Cécile de France devenue femme fatale. J'ai trouvé véritablement très intelligent de tourner une partie du film à Monaco tout en évitant les plans habituels autour du Casino ou sur le Grand Prix. Fluide, le montage ne complique pas davantage un scénario qui l'est déjà, ce qui, en l'occurrence, est une qualité. L'ambiance sonore, enfin, est discrète mais assez insidieuse: elle a su me maintenir accroché aux images. Au niveau du jeu, le duo vedette brille donc par son audace - je vous passe les détails pour maintenir une certaine surprise. Jean Dujardin prend une dimension supplémentaire, ce qui en fait l'un des comédiens les plus intéressants de sa génération. Sa partenaire développe son registre et, oui, reste tout à fait convaincante. Émilie Dequenne et Tim Roth nous offrent des seconds rôles de premier choix. Möbius n'est pas un film incontournable. Ce n'est pas un excellent film. C'est un film complexe à plus d'un titre et qui, pour ça, vaut donc largement qu'on s'y arrête. Ambitieux: c'est bel et bien, je pense, le qualificatif le plus juste.
Möbius
Film français d’Éric Rochant (2013)
Comparaison n'est pas raison. Je note toutefois que Cécile de France et Jean Dujardin n'en sont pas vraiment à leur coup d'essai en matière policière. La comédienne belge s'était déjà lancée dans l'aventure Gardiens de l'ordre, avec moins d'à-propos. Idem avec le chouchou des Français, qui était flic dans Contre-enquête. Si vous découvrez maintenant le réalisateur avec Möbius, je vous recommande vivement le seul autre de ses films que je connais: Les patriotes.
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Et, pour finir, un petit tour ailleurs ?
C'est possible avec "Le blog de Dasola" ou "Sur la route du cinéma".
Cécile de France et Jean Dujardin ont pris eux aussi le risque d'altérer leur image plutôt sage pour venir défricher un nouveau territoire expressif. Elle, habituelle jolie fille, joue d'abord sur la froide rudesse de son personnage, Alice, tradeuse sans état d'âme et d'une efficacité redoutable. Lui, espion russe en maraude à Monaco, exprime parfaitement l'ambivalence de ce Grégory Lioubov, d'une précision clinique dans son exercice professionnel, mais finalement vulnérable parce que trop seul. Je crois que le ton général de l'intrigue est donné dès la première rencontre: "Je crois que je suis en train de merder sérieusement". En effet. Et si ça vous paraît parfois trop compliqué de comprendre pourquoi, je vous recommande de vous concentrer d'abord sur l'histoire d'amour des deux protagonistes. Möbius parle avant tout d'un couple, bien plus que d'une quelconque activité criminelle. Sans en dire trop, j'ajoute que c'est un vrai film noir...
Formellement, c'est une grande réussite. L'image est d'une beauté aussi éclatante que celle d'une Cécile de France devenue femme fatale. J'ai trouvé véritablement très intelligent de tourner une partie du film à Monaco tout en évitant les plans habituels autour du Casino ou sur le Grand Prix. Fluide, le montage ne complique pas davantage un scénario qui l'est déjà, ce qui, en l'occurrence, est une qualité. L'ambiance sonore, enfin, est discrète mais assez insidieuse: elle a su me maintenir accroché aux images. Au niveau du jeu, le duo vedette brille donc par son audace - je vous passe les détails pour maintenir une certaine surprise. Jean Dujardin prend une dimension supplémentaire, ce qui en fait l'un des comédiens les plus intéressants de sa génération. Sa partenaire développe son registre et, oui, reste tout à fait convaincante. Émilie Dequenne et Tim Roth nous offrent des seconds rôles de premier choix. Möbius n'est pas un film incontournable. Ce n'est pas un excellent film. C'est un film complexe à plus d'un titre et qui, pour ça, vaut donc largement qu'on s'y arrête. Ambitieux: c'est bel et bien, je pense, le qualificatif le plus juste.
Möbius
Film français d’Éric Rochant (2013)
Comparaison n'est pas raison. Je note toutefois que Cécile de France et Jean Dujardin n'en sont pas vraiment à leur coup d'essai en matière policière. La comédienne belge s'était déjà lancée dans l'aventure Gardiens de l'ordre, avec moins d'à-propos. Idem avec le chouchou des Français, qui était flic dans Contre-enquête. Si vous découvrez maintenant le réalisateur avec Möbius, je vous recommande vivement le seul autre de ses films que je connais: Les patriotes.
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Et, pour finir, un petit tour ailleurs ?
C'est possible avec "Le blog de Dasola" ou "Sur la route du cinéma".
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