Je ne sais pas encore où je vais m'arrêter. Ce qui est certain aujourd'hui, c'est que mon appétit pour le cinéma va encore croissant. Je constate aussi que, de plus en plus souvent, ma passion va au-delà de mon goût pour les belles histoires bien racontées. Je me sens chaque fois un peu plus sensible aux images et, de ce point de vue graphique, je me suis émerveillé devant L'artiste et son modèle. Même si je suis allé le voir d'abord pour Jean Rochefort, ce que j'ai vu m'a vraiment beaucoup plu. Oui, j'ai adoré le noir et blanc de ce film et estimé qu'ici, la forme venait sublimer le fond. Un vrai plaisir !
Comme son nom l'indique, L'artiste et son modèle centre son récit sur la relation inédite et privilégiée entre un créateur et la personne qui l'inspire. Jean Rochefort est ici Marc Cros, un sculpteur académique, et la très jolie Espagnole Aida Folch sa très jeune muse. L'action a pour théâtre le sud de la France, au cours des années d'Occupation. Une menace plane sur la relation de ces êtres atypiques, d'autant plus vive en fait que la jeune femme n'est pas tout à fait la naïve demoiselle que l'on peut imaginer au début. Inutile de vous dévoiler les quelques rebondissements du scénario: soyez certains toutefois que vous ne trouverez pas ici un film d'action. Même si, donc, le climat est marqué par une certaine tension, l'oeuvre cinématographique est d'essence plutôt contemplative. Philosophique, même, quand elle cherche à saisir ce qu'est le beau.
Autant le dire franco: je trouve que Jean Rochefort fait une fois encore la preuve de son immense talent dramatique. Qu'il soit muet ou au contraire volubile, le comédien est tout à fait formidable d'expressivité. Ce grand monsieur est aussi un formidable partenaire de jeu et, par sa retenue, il fait également briller une jeune femme inconnue qui, de fait, le complète avec beaucoup de justesse. Quelque chose est passé entre ces deux-là: aux vues des images, c'est une évidence, et le seul duo suffit à offrir au long-métrage quelques très belles scènes. La "faiblesse" de L'artiste et son modèle réside peut-être dans ses rôles secondaires. Bien écrits et attribués d'ailleurs à de très honorables acteurs, parmi lesquels j'ai été heureux de revoir Claudia Cardinale, ils n'ont toutefois pas autant d'épaisseur. C'est dommage: ils ne font que passer et se font vite oublier. Reste que, malgré un sujet délicat, le film est très pudique. Une réussite.
Film franco-espagnol de Fernando Trueba (2012)
Écrit par son réalisateur et le Français Jean-Claude Carrière, ce film réussit le plus dur: ne pas apparaître comme le testament artistique de Jean Rochefort ou un bête hommage à son comédien vedette. J'apprécie à sa juste valeur qu'il soit le fruit de talents venus de pays européens divers. Sur un thème comparable, en moins abouti peut-être, vous pourriez aimer revoir La jeune fille à la perle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire