mercredi 25 novembre 2009

Une envolée musicale

Je crois que Le concert n'a pas eu un grand succès critique, mais qu'il s'en tire finalement avec les honneurs au niveau de l'accueil public. C'est à mon sens mérité. Ce petit film sans prétention respire les bons sentiments, mais je ne lui ai pour autant jamais trouvé d'arrière-goût de guimauve. Il m'est apparu comme ce qu'on appelle de nos jours un feel-good movie, un film dont on ressort le sourire aux lèvres, pas transcendé par une histoire follement originale, mais rasséréné par un monde imaginaire plus doux que celui dans lequel nous vivons. Oui, à celui ou celle qui acceptera de se laisser porter par un scénario un peu cousu de fil blanc, le long métrage que signe ici Radu Mihaileanu promet, je pense, de passer un bon moment. C'est une oeuvre tendre, qui suscite tour à tour le rire et l'émotion. Elle ne révolutionnera pas le septième art, ne s'inscrira pas forcément dans la mémoire des générations, mais je crois qu'elle n'a pas été conçue dans cette optique. Je crois que, dans les intentions du réalisateur, il y avait juste la volonté de partager un peu de rêve auprès de personnages auxquels chacun de nous pourra plus ou moins s'identifier. La grande qualité de cette histoire est sa sincérité. Bien qu'elle ne soit pas exempte de certaines outrances, je l'ai admise. Mieux, comme vous l'aurez je pense compris, je l'ai appréciée.

Cette histoire, quelle est-elle ? Une extrapolation à partir de faits réels. Dans la Russie soviétique, Andrei Filipov est le plus célèbre chef d'orchestre de Moscou: il dirige les musiciens du Bolchoï. Problème: un beau jour, Brejnev décrète que les ensembles musicaux du pays ne doivent plus admettre d'artistes juifs. Une consigne officielle à laquelle Filipov refuse de se soumettre, soucieux qu'il est de respecter son prochain comme lui-même et, de manière évidemment plus pragmatique, de ne pas devoir licencier une partie de ses instrumentistes. Le film débute en fait une vingtaine d'années après ce coup d'éclat, que le chef a payé cher, n'étant plus désormais qu'un anonyme agent d'entretien sous les ores du prestigieux théâtre moscovite. Triste ? Pas vraiment. Car, cinq minutes après le début de la projection, et alors que Filipov fait des heures supplémentaires pour astiquer le bureau de son remplaçant, un fax apparaît qui invite l'orchestre du Bolchoï à se produire au théâtre du Châtelet, à Paris. Le concert nous embarque donc dans l'idée un peu folle, mais sympathique, que le précieux document est intercepté par quelqu'un qui n'est pas son destinataire, et qui va en quelque sorte reprendre sa juste place pour répondre à l'invitation française. Oui, vous avez bien lu: Filipov subtilise le fax et, pour voir enfin les bords de Seine aux commandes d'un groupe de musiciens, cherche à rassembler ceux de ses amis qui composaient la phalange disparue. Rocambolesque !

Pour citer une référence cinéma, je dirais que les premières scènes tiennent du vaudeville sauce Emir Kusturica. Le ton se calme ensuite et se "franchouillardise" un peu quand les usurpateurs musicaux débarquent effectivement à Paris et ont affaire avec la jolie soliste que leur chef a choisie, une dénommée Anne-Marie Jacquet - jouée par notre Mélanie Laurent nationale, que vous aurez sans doute reconnue ci-dessus. Le concert introduit alors une dose de suspense. Les musiciens pourront-ils jouer ? La violoniste frenchy osera-t-elle accepter de collaborer avec eux ? Existe-t-il des liens tenus secrets entre elle et un autre des artistes ? Sur un ton assez souvent tendrement drolatique, c'est la pelote de laine-scénario que déroule le long métrage. Certains feront sans doute la fine bouche: il est vrai que les tenants et aboutissants de cette histoire sont somme toute assez convenus. Non, quand le générique final arrive, on ne tombe pas à la renverse de surprise. Qu'importe: le film est aussi amusant, bien interprété et sans temps mort. Le dimanche où je suis sorti pour le voir, il ne m'en fallait pas plus. En bonus, j'ai apprécié aussi qu'il donne à voir la musique, les images permettant d'identifier progressivement les instruments, au moment précis où ils rejoignent la mélodie. Un petit conseil pour les puristes de la langue: il existe une VO de ce film... français (mais un peu russe, aussi). Sincèrement, si vous le pouvez, privilégiez-la: je ne l'ai pas fait faute de temps, mais je pense que ce choix peut permettre d'éviter quelques doublons dans les dialogues. Et c'est toujours mieux ainsi.

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