dimanche 22 novembre 2009

Deux êtres en partance

Avant de tourner Model shop en 1968, je ne serais pas surpris d'apprendre que Jacques Demy avait vu Un homme et une femme, de Claude Lelouch, sorti seulement deux années auparavant. Difficile de ne pas relever qu'Anouk Aimée est en tout cas l'actrice principale des deux longs métrages. Le comédien-vedette, lui, change: si j'ose écrire, Jean-Louis Trintignant a été "remplacé" par un Américain, Gary Lockwood. C'est d'ailleurs aux States que Demy situe l'intrigue de ce qui est alors son cinquième long métrage, le premier sorti après ses célèbres oeuvres musicales, Les parapluies de Cherbourg (1964) et Les demoiselles de Rochefort (1967). Deux créations acclamées en France, mais qui ont également su séduire Hollywood.

Cette fois, la musique est toujours présente, mais elle a de fait beaucoup moins d'importance. Model shop s'intéresse à la vie (plate) de George, un jeune architecte au chômage qui vivote dans l'attente de son ordre de mobilisation pour partir au Vietnam. Le seul hasard le met en présence de Cécile, alias Lola, une femme venue de France qui gagne sa vie en posant pour des photos de charme. Elle non plus ne doit pas rester dans cette triste Californie: divorcée, elle compte rentrer dans son pays pour y retrouver son enfant. George en tombe intensément amoureux, malgré la quasi-impossibilité de construire une vraie relation. Le film, c'est un peu plus de 24 heures de la vie de ces deux êtres en partance. La très classique unité de temps. Rien d'hollywoodien là-dedans, et c'est bien ce qui est remarquable. Ces images tournées là-bas ont en fait une beauté très... française.

Model shop n'est certes pas l'oeuvre de Jacques Demy la plus connue. Je crois qu'elle n'a pas eu beaucoup de succès au moment de sa sortie en salles, au cours du printemps 1969. Je trouve qu'elle mériterait qu'on s'y intéresse malgré tout. Il n'y a pas franchement de quoi rire dans cette heure et demie de cinéma, mais il n'y a pas de quoi pleurer non plus, ou alors pas trop fort. Ce n'est pas un mélodrame. C'est une histoire assez ordinaire, mais pourtant intéressante, et portée par une belle manière de filmer. En résumé: on y croit ! Anecdote: c'est Harrison Ford, encore inconnu à l'époque, qui devait tenir le premier rôle masculin. Pas de regret à avoir: le duo accepté par le studio fonctionne très bien. Je vous souhaite donc vraiment d'avoir, comme moi, l'occasion de le découvrir par vous-mêmes.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

besoin de verifier:)