Une chronique de Martin
Suzy aime Sam. Sam aime Suzy. Point de départ banal pour un film qui ne l'est pas. Car s'il est clair que le septième art a maintes fois évoqué le sentiment amoureux, rares sont les films où il s'empare d'un couple... d'enfants. C'est le cas dans Moonrise Kingdom, oeuvre qui a lancé il y a quelques semaines le 65ème Festival de Cannes.
D'aucuns, bons connaisseurs du réalisateur Wes Anderson, jugeront que son travail est ici trop léché. Pas moi. Je n'ai encore vu que deux des longs-métrages du cinéaste, celui-là compris, et conserve donc un regard profane sur sa filmographie. Chaque chose en son temps.
Comme la première image d'aujourd'hui le suggère, Sam est scout. Peu apprécié de ses condisciples, il s'évade du camp pour rejoindre sa bien-aimée. Suzy, elle, est la seule fille d'un couple d'avocats plongés dans la routine conjugale. Ses parents la considèrent vaguement comme une adolescente à problèmes, eux qui ont déjà tant de mal à gérer les trois petits frères de leur aînée. Suzy et Sam semblent faits pour s'entendre: leur apparence d'enfants ordinaires est trompeuse et leur histoire familiale - le garçonnet est orphelin - les rend extraordinaires... l'un pour l'autre. Et Moonrise Kingdom ? Quel est ce mystérieux royaume du lever de lune évoqué par le titre du film ? Je vous laisse le découvrir. Sachez juste que le scénario démarre par les retrouvailles de Sam et Suzy. Et tourne ensuite autour des démarches organisées par les adultes pour les retrouver.
Moonrise Kingdom est bien un film dont les héros sont des enfants. C'est un film tendre et drôle, mais pas seulement. Si le monde sauvage lui-même paraît un havre pour les petits, il se conçoit également comme le territoire des grands, ces gens si "raisonnables" et si désespérément tristes. Le long-métrage montre parfaitement que la voie la plus sage n'est pas forcément celle qu'on peut croire. Au-delà de la quasi-perfection technique avec laquelle ce message est livré, si la réalisation de Wes Anderson m'a séduit, c'est aussi parce que j'y ai découvert deux jeunes comédiens vraiment épatants. Kara Hayward et Jared Gilman m'ont d'autant plus fait plaisir à voir qu'ils signent là leur toute première apparition au cinéma. Âgés d'environ 12-13 ans au moment du tournage, et donc exactement l'âge de leur personnage, ils m'ont presque fait oublier les stars réunies autour d'eux. Sacrée performance quand l'histoire s'appuie aussi sur les talents confirmés de Bruce Willis, Edward Norton, Harvey Keitel, Bill Murray, Jason Schwartzman, Frances McDormand ou Tilda Swinton. Autant d'adultes qui ont un rôle important à jouer, parfois à contre-emploi, mais qui laissent la vedette aux gosses. Franchement, le résultat est vraiment une très touchante réussite.
Moonrise Kingdom
Film américain de Wes Anderson (2012)
Faut-il le comparer à Max et les maximonstres, comme l'a suggéré l'amie avec qui je suis allé le voir ? Pas sûr. Bien qu'il soit question d'enfants dans les deux cas, l'oeuvre d'aujourd'hui permet de s'évader à partir du monde réel, quand sa devancière imaginait un univers parallèle, mais accessible à partir du nôtre. J'aime les deux idées. L'intérêt de les comparer ne me paraît pas flagrant. Autant dès lors vous orienter vers d'autres films tendres sur l'enfance, tels La guerre des boutons, Les Goonies ou Super 8. Je reviendrai assurément tôt ou tard sur l'oeuvre de Wes Anderson et, en attendant ce jour, peux vous conseiller son film précédent: le bien nommé Fantastic Mr. Fox.
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Ce qu'il convient encore d'ajouter...
C'est que j'ai écrit cette chronique sans connaître le palmarès officiel du Festival de Cannes. Le film est finalement reparti bredouille. Pascale, de "Sur la route du cinéma", vous donne son avis.
C'est que j'ai écrit cette chronique sans connaître le palmarès officiel du Festival de Cannes. Le film est finalement reparti bredouille. Pascale, de "Sur la route du cinéma", vous donne son avis.
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