Une chronique de Martin
Plusieurs critères peuvent faire de Pendez-les haut et court un film particulier pour les fans invétérés de Clint Eastwood. De retour d'Europe après une dizaine d'années de tournage, l'éternel cow-boy chevauche de nouveau ici au coeur des grands espaces américains.
Derrière la caméra, Ted Post, l'homme qui l'a dirigé à 27 reprises dans Rawhide, le feuilleton de ses jeunes années. Le long-métrage ressemble fort à un retour aux sources. L'heure du flower power approche, mais n'est pas encore venue: Dennis Hopper se voit confier un petit rôle, difficile à identifier sous une barbe de prophète.
Son personnage éphémère donne toutefois le ton du long-métrage. Reconnu coupable d'on ne sait quoi, l'homme s'échappe de cellule et, sous les encouragements d'autres gibiers de potence, est alors abattu par le shérif local d'une balle dans le dos. Le seul à rester silencieux au cours de la scène, c'est Clint, accusé d'avoir volé du bétail, sauvé in extremis d'un lynchage, mais malgré tout promis à la corde. C'est quand, innocenté par un tribunal, l'ancien éleveur accepte d'accrocher à sa chemise l'étoile d'un marshall, que Pendez-les haut et court débute véritablement. Assez classiquement, il sera alors question d'une tranche de vie focalisée sur l'envie de vengeance. Un bémol toutefois: cette fois, le cavalier solitaire ne l'est plus et doit rendre des comptes à un juge. Ce qu'Eastwood assumait clairement: "Le film parlait de la peine capitale et de l'injustice. Je sentais qu'il était temps, même si c'était un petit film, d'avancer, me mettant au défi de cette façon". Ce qui ne l'empêchera toutefois pas d'essuyer le feu de la critique pour sa violence. Rien que de très ordinaire, en fait...
Pour l'amateur de westerns que je suis, Pendez-les haut et court reste effectivement un petit film. Clint Eastwood a fait bien mieux avant et après, dans son travail avec d'autres cinéastes et bien sûr sous sa propre direction. On ne peut pas parler d'oeuvre de jeunesse pour un homme âgé alors de 38 ans et qui est devenu une star internationale grâce aux films de Sergio Leone. Certains affirment d'ailleurs que l'acteur aurait volontiers retrouvé le maestro italien pour un nouvel opus, espoir douché par le refus du réalisateur. Resterait alors à apprécier le long-métrage pour ce qu'il est, la pierre angulaire d'une carrière encore en devenir. Le fait que le comédien ne soit pas encore passé à la réalisation n'est pas anodin: efficace dans son jeu, il le sera rapidement de nouveau, une fois arrivé derrière la caméra. Mesurer cette progression, c'est l'une des raisons valables pour retrouver cette ambiance de la fin des 60s, aux heures où l'Amérique n'avait pas encore tout à fait changé. Les cow-boys poursuivront ensuite leur chemin, mais sans guère plus se retourner.
Pendez-les haut et court
Film américain de Ted Post (1968)
J'ai découvert celui-là au hasard d'une programmation télévisée. J'espère bien avoir un jour présenté l'ensemble des longs-métrages de et/ou avec Clint Eastwood. Il m'en manque encore beaucoup ! Typiquement, au rayon westerns, tous les Leone et bon nombre d'autres encore. Pour vous faire patienter, je vous proposerais bien de retrouver L'homme des hautes plaines. Si vous préférez admirer une oeuvre plus récente, c'est incontestablement vers Impitoyable qu'il faut vous tourner. Partez devant: je vous rejoins sur la route...
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