Wikipédia m'étonne: l'encyclopédie en ligne affirme que c'est à Tokyo que, le 31 décembre 1926, eut lieu la première projection mondiale de cet immense classique qu'est Le mécano de la General. Du côté d'IMDb, on mentionne deux dates américaines: le 25 à El Paso (Texas) et le 26 à Bridgeport (Connecticut). Je suis dans la totale incertitude !
Ce que je sais, en revanche, c'est que j'ai pris beaucoup de plaisir lorsque j'ai découvert le film sur grand écran, lors d'un ciné-concert orchestré par The French Bastards, trio jazz originaire de Grenoble. Comme vous le savez sûrement, le film, lui, est muet et érigé au rang de référence du septième art. Plusieurs musiques ont été imaginées pour compléter les images, dont l'une par Joe Hisaishi, le compositeur attitré de Hayao Miyazaki, le grand maître de l'animation japonaise. Bref... même sans sonorités asiatiques, j'ai apprécié ce que j'ai vu. Bientôt cent ans plus tard, Le mécano de la General et sa relecture burlesque d'un épisode de la Guerre de sécession gardent un pouvoir de séduction remarquable. Honneur soit rendu à Buster Keaton, génie comique indiscutable, bien que relativement contesté en son temps. Le film, paraît-il, avait coûté fort cher, ceci pouvant expliquer cela. Avec le recul, les choses doivent s'apprécier sous un angle différent...
Reste une évidence: pour l'époque, tout cela est très impressionnant. Pas question ici de maquettes: les trains qui apparaissent à l'écran sont bien réels. La folle course-poursuite ferroviaire qui s'engage alors pour le malheureux cheminot du Sud s'en trouve crédibilisée. Dès le départ, on se prend d'affection pour ce personnage lunaire soumis à deux passions: celle qu'il éprouve pour sa bien-aimée, femme plutôt sensible au prestige de l'uniforme, et celle qu'il ressent pour sa machine, fidèle compagne de ses jeunes années de labeur. L'une ne va pas sans l'autre et les deux se complètent opportunément. Le mécano de la General illustre aussi le parcours d'un homme modeste, respecté par ses contemporains après s'être montré capable de hauts faits militaires que d'aucuns jugeaient "trop grands pour lui". Sur ce point, le dénouement est à la fois explicite... et très drôle ! J'ai envie de dire que, dans l'esprit, on est assez proche des cartoons qui arriveront ensuite, à partir des années 30 et jusqu'aux sixties. Qu'en reste-t-il à présent ? Un certain état d'esprit comique, je dirais.
Le mécano de la General
Film américain de Buster Keaton et Clyde Bruckman (1926)
Unanimement salué, cet opus pointe au 18ème rang du classement des meilleurs films américains, établi par l'Amercain Film Institute. Parmi les muets, il n'est devancé que par Les lumières de la ville. Classer Charlie Chaplin devant Buster Keaton ne me choque pas. J'admets toutefois avoir beaucoup d'autres films à découvrir encore ! Aux débutants, je conseillerais La ruée vers l'or, Tabou et L'île nue.
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Et pour aller plus loin...
Vous pouvez aussi vous reporter à la chronique de "L'oeil sur l'écran". NB: Ideyvonne, Eeguab et Vincent ont aussi évoqué Buster Keaton. Maintenant, je vous laisse donc farfouiller sur leurs blogs respectifs...
Reste une évidence: pour l'époque, tout cela est très impressionnant. Pas question ici de maquettes: les trains qui apparaissent à l'écran sont bien réels. La folle course-poursuite ferroviaire qui s'engage alors pour le malheureux cheminot du Sud s'en trouve crédibilisée. Dès le départ, on se prend d'affection pour ce personnage lunaire soumis à deux passions: celle qu'il éprouve pour sa bien-aimée, femme plutôt sensible au prestige de l'uniforme, et celle qu'il ressent pour sa machine, fidèle compagne de ses jeunes années de labeur. L'une ne va pas sans l'autre et les deux se complètent opportunément. Le mécano de la General illustre aussi le parcours d'un homme modeste, respecté par ses contemporains après s'être montré capable de hauts faits militaires que d'aucuns jugeaient "trop grands pour lui". Sur ce point, le dénouement est à la fois explicite... et très drôle ! J'ai envie de dire que, dans l'esprit, on est assez proche des cartoons qui arriveront ensuite, à partir des années 30 et jusqu'aux sixties. Qu'en reste-t-il à présent ? Un certain état d'esprit comique, je dirais.
Le mécano de la General
Film américain de Buster Keaton et Clyde Bruckman (1926)
Unanimement salué, cet opus pointe au 18ème rang du classement des meilleurs films américains, établi par l'Amercain Film Institute. Parmi les muets, il n'est devancé que par Les lumières de la ville. Classer Charlie Chaplin devant Buster Keaton ne me choque pas. J'admets toutefois avoir beaucoup d'autres films à découvrir encore ! Aux débutants, je conseillerais La ruée vers l'or, Tabou et L'île nue.
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Et pour aller plus loin...
Vous pouvez aussi vous reporter à la chronique de "L'oeil sur l'écran". NB: Ideyvonne, Eeguab et Vincent ont aussi évoqué Buster Keaton. Maintenant, je vous laisse donc farfouiller sur leurs blogs respectifs...
12 commentaires:
Je l'ai vu en accompagnant des scolaires l'année dernière. Certains riaient aux éclats, c'était génial.
Je suis très fan de Buster Keaton même si j'ai vu peu de films de et avec lui. Mais chaque fois que j'en vois, c'est un régal.
Je me souviens que les cascades et les "effets spéciaux" m'avaient bluffée.
Avec la musique, ça devait être top.
Ah oui, des enfants qui rigolent devant un tel film, c'est vraiment chouette ! Du coup, quand tu l'as vu, il y avait quoi comme accompagnement musical ? Le "mien" était top, oui !
Je n'ai vu que ce Keaton, je crois, mais je sais qu'il était réputé pour ses prises de risque en cascades. Il s'est même amoché quelques fois, si je ne me trompe pas, en passant tout près... d'y passer. Tiens, pas mal, cette expression !
Perso, mais je crois que tu le sais et que c'est aussi ton cas, je suis aussi un grand fan de Chaplin !
Chaplin est au sommet, oui :-)
Côté musique je crois que c'était assez "traditionnel". La musique d'époque. Mais ce n'était pas un ciné concert.
Passer tout près d'y passer c'est nickel.
Si tu veux, tu peux faire un best of de mes expressions biscornues !
Un jour, il faudra que je fasse l'expérience de voir un film muet sans AUCUNE musique.
J ne sais pas quand je verrai un autre Keaton...
Vous me donnez envie de revoir le DVD du Mécano...
J'avais dû aussi le voir sur écran en plein air, il y a quelques décennies, un été, dans le parc de La Villette à Paris!
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Sans doute mon Buster Keaton préféré. Et tu me fais baver d'envie avec ce ciné-concert à la partition enchantée.
@Tadloiducine:
J'ai envie de vous dire: "Faites-vous plaisir !".
Ah, le cinéma en plein air... un autre de mes p'tits bonheurs (printaniers ou estivaux) !
@Princecranoir:
Tu en aurais un ou deux autres à me conseiller ? Je reste à l'écoute.
Et désolé pour toute cette bave, ça doit tout de même être un peu gênant pour la famille...
Ce film manifeste le rôle stratégique que joua, pour la première fois, le chemin de fer dans un conflit de grande ampleur. Tout en étant une oeuvre géniale du burlesque, c'est un film de guerre très bien construit. La question des communications y est centrale. Au cours du récit, le domaine ferroviaire se voit conférer une importance militaire du même ordre que l'infanterie, la cavalerie et l'artillerie. L'efficacité principale est ici attribuée au cheminot, qui, bien que gauche dans un uniforme et malhabile avec une arme (sabre, pistolet), est plein d'initiative et finit par acquérir une conscience de soldat à part entière en tant que cheminot.
Merci pour cette analyse historique, Valfabert. C'est très intéressant, cette manière que vous avez de voir le film. Je l'avais découvert "au premier degré", mais votre commentaire m'apporte un deuxième regard et c'est enrichissant.
En sortant de la salle, d'ailleurs, j'ai surpris les mots de quelqu'un qui s'étonnait (et semblait regretter) que Keaton ait donné une image positive du camp sudiste...
@Martin
Je pense que l'aspect politique (Johnny Gray est un homme du Sud) - que regrettent certains spectateurs, comme vous le faites remarquer - se réduit en réalité à une abstraction dans le film. Deux camps d'Américains s'affrontent sans qu'apparaissent leurs motivations respectives. Ce n'est donc pas, me semble-t-il, un film qui donne une image positive du camp sudiste. Ceci dit, il est possible que Keaton ait eu, quant à lui, des sympathies sudistes. De fait, le nom de la fiancée, Annabelle Lee, n'a sans doute pas été choisi par hasard, étant donné que le général en chef de l'armée sudiste s'appelait Robert Lee. Mais la dimension historique essentielle du film n'est pas politique mais militaire : dans la guerre moderne, le héros peut n'être pas un combattant.
C'est vrai que les motivations des deux camps n'apparaissent pas clairement dans le film. Je me dis que, pour les Américains, il n'est pas nécessaire de préciser les choses dès lors que l'imagerie de la Guerre de sécession est, pour le coup, clairement évoquée.
Oui pour Annabelle Lee et son "père" Robert ! Je connaissais le général de nom, grâce notamment à l'un de mes films cultes: "Le bon, la brute et le truand". J'admets cependant bien volontiers que je n'avais pas fait le rapprochement avec l'héroïne de Buster Keaton.
Merci encore pour ces commentaires enrichissants, Valfabert !
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