Il s'appelait Saeed Hanaei et voulait sauver sa ville de la déchéance. En substance, c'est en tout cas l'explication qu'il donna aux autorités après avoir assassiné seize femmes, prostituées et souvent junkies. Survenue en 2000 et 2001, cette très sordide histoire nous parvient grâce au cinéma et un film qu'elle a inspiré - Les nuits de Mashhad...
D'abord, une précision s'impose: Mashhad est la deuxième ville d'Iran en termes de population. Et l'ex-président Mahmoud Ahmadinejad estimait qu'elle était aussi (je cite) "la capitale spirituelle" du pays ! Vous le savez probablement: là-bas, la religion est une composante essentielle de la vie sociale, souvent sclérosée par une morale définie par les gardiens de la foi. C'est en ce sens que Les nuits de Mashhad peut être perçu comme un film important. En confiant une enquête criminelle au long cours à une femme journaliste, le scénario invente quelque chose qui n'existait pas dans la réalité et révèle l'intention première de l'auteur-réalisateur: se servir de ces monstrueux faits divers pour exposer le délitement et la corruption des autorités iraniennes - ce que le gouvernement de Téhéran a bien sûr dénoncé. Que le cinéaste vive depuis longtemps en Europe le disqualifierait pour parler ainsi de son pays d'origine. Cela, je vous laisse en juger...
Et moi ? Je trouve que Les nuits de Mashhad tient du réquisitoire implacable (et au moins partiellement justifié). J'admets volontiers qu'avant même d'aller le voir, je me suis également posé la question de sa nationalité. Conclusion: qu'il soit financé par des producteurs danois, suédois, allemands et français n'est pas le plus important. Comment peut-on reprocher à l'équipe d'avoir tourné en Jordanie plutôt que clandestinement ? Comment méjuger Zahra Amir Ebrahimi, Prix d'interprétation féminine à Cannes cette année, exilée en France et jadis menacée de coups de fouet dans une affaire de sextape ? Vous me direz que je m'éloigne du cinéma et vous n'aurez pas tort. Maintenant, pour y revenir, je ne dirai pas que j'ai vu le film parfait. Extrêmement explicite dans ses scènes violentes, le long-métrage risque de choquer certains spectateurs - j'étais moi-même à la limite. Restent un sujet important, donc, des comédiennes et comédiens solides dans l'ensemble, et une mise en scène tout à fait à la hauteur. Des films imparfaits de ce calibre, je suis décidé... à en voir d'autres.
Les nuits de Mashhad
Film germano-franco-suédo-danois d'Ali Abbasi (2022)
Ce long-métrage n'est pas qu'un thriller de plus. Malin, son montage alterné nous intéresse successivement à l'enquête et à la condition sociétale des Iraniens coupés des (prétendues) élites. Je dois signaler que c'est parfois bien difficile à regarder et, plus encore, à admettre. Le parallèle possible avec La nuit du 12 a quelque chose d'effarant. Vous préféreriez voir un film iranien ? Je suggère Un homme intègre.
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À l'évidence, le film ne fait pas l'unanimité...
Assez longtemps indécis, j'ai failli rater sa diffusion sur grand écran ! Dasola, elle, paraît l'avoir vraiment apprécié. Pascale ? Un peu moins.
D'abord, une précision s'impose: Mashhad est la deuxième ville d'Iran en termes de population. Et l'ex-président Mahmoud Ahmadinejad estimait qu'elle était aussi (je cite) "la capitale spirituelle" du pays ! Vous le savez probablement: là-bas, la religion est une composante essentielle de la vie sociale, souvent sclérosée par une morale définie par les gardiens de la foi. C'est en ce sens que Les nuits de Mashhad peut être perçu comme un film important. En confiant une enquête criminelle au long cours à une femme journaliste, le scénario invente quelque chose qui n'existait pas dans la réalité et révèle l'intention première de l'auteur-réalisateur: se servir de ces monstrueux faits divers pour exposer le délitement et la corruption des autorités iraniennes - ce que le gouvernement de Téhéran a bien sûr dénoncé. Que le cinéaste vive depuis longtemps en Europe le disqualifierait pour parler ainsi de son pays d'origine. Cela, je vous laisse en juger...
Et moi ? Je trouve que Les nuits de Mashhad tient du réquisitoire implacable (et au moins partiellement justifié). J'admets volontiers qu'avant même d'aller le voir, je me suis également posé la question de sa nationalité. Conclusion: qu'il soit financé par des producteurs danois, suédois, allemands et français n'est pas le plus important. Comment peut-on reprocher à l'équipe d'avoir tourné en Jordanie plutôt que clandestinement ? Comment méjuger Zahra Amir Ebrahimi, Prix d'interprétation féminine à Cannes cette année, exilée en France et jadis menacée de coups de fouet dans une affaire de sextape ? Vous me direz que je m'éloigne du cinéma et vous n'aurez pas tort. Maintenant, pour y revenir, je ne dirai pas que j'ai vu le film parfait. Extrêmement explicite dans ses scènes violentes, le long-métrage risque de choquer certains spectateurs - j'étais moi-même à la limite. Restent un sujet important, donc, des comédiennes et comédiens solides dans l'ensemble, et une mise en scène tout à fait à la hauteur. Des films imparfaits de ce calibre, je suis décidé... à en voir d'autres.
Les nuits de Mashhad
Film germano-franco-suédo-danois d'Ali Abbasi (2022)
Ce long-métrage n'est pas qu'un thriller de plus. Malin, son montage alterné nous intéresse successivement à l'enquête et à la condition sociétale des Iraniens coupés des (prétendues) élites. Je dois signaler que c'est parfois bien difficile à regarder et, plus encore, à admettre. Le parallèle possible avec La nuit du 12 a quelque chose d'effarant. Vous préféreriez voir un film iranien ? Je suggère Un homme intègre.
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À l'évidence, le film ne fait pas l'unanimité...
Assez longtemps indécis, j'ai failli rater sa diffusion sur grand écran ! Dasola, elle, paraît l'avoir vraiment apprécié. Pascale ? Un peu moins.
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