jeudi 11 mars 2010

Ma seconde immersion

Le grand bleu est probablement l'un des premiers films que j'ai vus au cinéma. Mai 1988: j'avais treize ans et demi quand il est sorti. Après y avoir réfléchi, je me suis vite aperçu que, de cette époque, je n'avais conservé que très peu d'images dans la tête. J'avais gardé à l'esprit la syncope d'un plongeur japonais, les mimiques moqueuses de Jean Reno et la musique d'Eric Serra, que mon ami Rodolphe passait en boucle sur nos baladeurs à cassettes. Je crois aussi m'être endormi dans la salle obscure de Rouen (?) où j'étais venu découvrir cette histoire pour la première fois. Le film de Luc Besson ne m'avait résolument pas passionné. J'ai tout de même décidé de lui redonner sa chance, étant donné que mes goûts ont singulièrement évolué avec le temps et que je crois désormais pouvoir dire que j'aime avant tout le cinéma pour son éclectisme. En somme, l'heure était tout simplement venue de voir si mon jugement pouvait évoluer.

Au final, je constate que c'est bien le cas: ce nouveau regard porté sur l'immense carton de la fin des années 1980 m'a permis d'apporter quelques nuances à mon opinion primitive. Tout d'abord, de manière très pragmatique, j'ai rafraîchi ma mémoire sur ce qu'étaient exactement les tenants et aboutissants du film. Soit Jacques Mayol et Enzo Molinari, deux jeunes garçons, le premier français, l'autre italien, vrais-faux frères ennemis sur les côtes de la blanche Grèce. L'un et l'autre sont très forts pour nager sous l'eau sans reprendre leur respiration, mais Enzo a pour lui un charisme qui en fait un chef de bande, là où Jacques n'est finalement qu'un marmot très solitaire. Je vous passe les détails: devenus des hommes, les deux compères se retrouvent vingt ans plus tard au large de l'Italie, adversaires engagés dans une compétition de nage en apnée. Avec, très vite, une femme amoureuse au milieu. L'occasion d'une complicité retrouvée, mais également de tiraillements et d'incompréhensions face à des différences que le temps n'a pas totalement effacées.

Le grand bleu est-il un bon film ? Sans doute. Est-il un chef d'oeuvre ? Probablement pas. Avec le recul des années, je comprends un peu mieux ce qui a pu plaire dans cette histoire, son romantisme à l'eau de rose, cette évocation de l'exploit, ces échos de mort. Objectivement, dit ainsi, ce n'est pas forcément évident. J'admets donc clairement, sans état d'âme particulier, qu'il y a de jolies choses dans ce film-culte d'une génération. Pourtant, une petite voix insiste pour dire que ce n'est pas une pleine réussite. Pour faire la synthèse de mon opinion, je dirais que je crois surtout que Luc Besson a su tomber à pic, au bon moment et sur le bon positionnement. Son film est de ceux qu'on aime ou qu'on déteste, pour les mêmes raisons d'ailleurs, soit qu'on en soit touché, soit qu'on y décèle une froideur technique incompatible avec la vraie émotion. Moi, 22 ans après, j'ai réussi à trouver un point d'équilibre, porté par la relative efficacité du jeu des acteurs, mais un peu déçu par un scénario qui se déroule trop lentement et de manière somme toute très prévisible. Conclusion: je ne regrette pas d'avoir revu le film, mais je n'en ferais pas l'un des éléments incontournables d'une bonne collection de DVDs.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Forcément, je ne suis pas d'accord !!! Je suis de cette génération... C'est un de mes films cultes. Je n'ai pas eu la chance de le découvrir au cinéma moi (ouh, la, la je suis jalouse !!!). Ma mère avait pas mal filtré (à cause du tapage médiatique à Cannes), et je ne l'ai découvert qu'à la télé !!! Bien sûr coup de foudre !!! Je l'ai revu un nombre incalculable de fois, toujours avec le même bonheur, la même surprise (bon OK, je le récite ce film), et à chaque fois, je refais le scénario. Je pense que la lenteur du film (enfin c'est toi qui trouve que l'action est lente, pas moi) est indispensable. Après, si tu plonges dans "Le Grand Bleu", tu verras ça passe (trop) vite !

Silvia