Une chronique de Martin
J'ai hésité sur la manière dont j'allais vous parler des deux films d'aujourd'hui. Si j'ai finalement cru bon de les présenter ensemble, c'est qu'ils sont signés du même réalisateur - Eric Rohmer - et issus d'un même cycle intitulé Contes moraux. J'ai d'ailleurs déjà eu l'occasion de vous parler de L'amour l'après-midi, le dernier morceau du puzzle. Au moment d'évoquer les opus 1 et 2, il me paraît pertinent de rappeler leur format: les deux sont des courts-métrages.
Le premier, vu en second, a pour titre La boulangère de Monceau. Son héros est un étudiant parisien qui, admiratif d'une jolie femme passant sur les boulevards, finit un beau jour par l'aborder. Sylvie refuse alors le verre que l'inconnu lui propose, promet que ce ne sera que partie remise et... disparaît pendant de longues journées. Surpris et frustré, son séducteur la cherche dans tout le quartier et, au cours de ses pérégrinations urbaines, achète très régulièrement un sablé à la boulangerie du coin. Il y rencontre une autre demoiselle. Je ne dirai rien de plus sur ces 22 minutes de cinéma. Sorti en 1962, ce petit film a été tourné avec une caméra 16mm à ressort, les plans ainsi produits ne pouvait dépasser les quinze secondes. Dans ce Paris d'il y a bientôt cinquante ans, on remarquera qu'Eric Rohmer fait déjà appel à son complice Barbet Schroeder, acteur et producteur. À noter aussi la (surprenante) participation de Bertrand Tavernier en voix off.
Sur le même modèle, mais plus long d'une demi-heure, La carrière de Suzanne reprend un canevas similaire. Il y a encore un homme qui séduit, une femme qui est séduite et un deuxième homme rendu assez mal à l'aise par le comportement de son copain. Pas vraiment d'amour dans cette histoire, plutôt de la drague de bas étage. L'intrigue repose davantage sur l'évolution des trois relations croisées que sur une étude des moeurs sociales dans le Paris étudiant de 1963. J'avoue avoir assez vite décroché, en fait dès que Bertrand, le héros timide, accepte, comme son ami Guillaume le lui demande, de diriger une interminable séance de spiritisme pour enjôler la belle du moment. J'ai ici le sentiment d'une pesanteur que je ne retrouve pas chez d'autres cinéastes de la Nouvelle Vague, François Truffaut par exemple. Admettons toutefois que ce court-métrage n'est pas exactement révélateur du cinéma rohmerien: à l'époque, le maître n'avait encore tourné qu'un seul long et il est possible qu'il cherchât encore son style. J'en jugerai mieux quand je le connaîtrai davantage. Quand, je l'ignore, mais d'autres chroniques suivront.
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