jeudi 19 février 2015

Aventures lunaires

Vous l'avez sûrement déjà remarqué: je défends l'idée que le cinéma est un art de la surprise. C'est sans repère préalable que je suis allé voir Le baron de Crac, un vieux film proposé par l'association cinéphile que j'ai rejointe en septembre dernier. Vous connaissez peut-être ce personnage sous son nom allemand: Münchhausen. Georges Méliès et Terry Gilliam font aussi partie de ses admirateurs.

La version de ses aventures que je présente aujourd'hui est l'oeuvre de Karel Zeman, un réalisateur et dessinateur tchèque (1910-1989). Le baron de Crac met en avant son héros éponyme, en narrateur ironique de sa propre histoire. Tout commence lors d'un banquet organisé sur la Lune, où l'on croise notamment Cyrano de Bergerac ! Vite redescendus sur Terre, on suit alors les mille péripéties du baron (affabulateur ?): visite courtoise à un sultan turc, sauvetage nocturne d'une princesse prisonnière, bataille gagnée à deux contre une armée entière, dérive océanique dans le ventre d'une baleine, opération militaire de reconnaissance menée en survolant le front sur un boulet de canon... j'en passe et d'aussi bonnes. Vous l'aurez compris: le film est d'une fantaisie rare et offre de se laisser aller à la contemplation amusée. Outre l'univers des deux cinéastes cités plus haut, on pense également à la littérature de Jules Verne. Et c'est tout sauf un hasard.

Le voyage aller-retour de la Lune à la Terre m'a fort enthousiasmé. Malgré son âge déjà avancé, ce "délire" picaresque ne courbe pas sous le poids des années. Sa réussite formelle est indéniable: on a l'impression de voir s'animer les gravures de vieux livres d'enfants. Une fois encore, cette référence est objective: le réalisateur mélange allégrement personnages réels et éléments animés, en s'inspirant notamment des travaux de l'illustrateur français Gustave Doré. Souvent défini comme un film en noir et blanc, le long-métrage propose pourtant de saisissants effets de couleur, souvent en lien avec l'action. Le baron de Crac déroule son récit sans temps mort. Accessible aux plus jeunes, il peut aussi convenir aux adultes. Apolitique, il essaime ici et là quelques messages, sur la musicalité du langage diplomatique et son caractère incompréhensible notamment, ou sur le canon comme symbole ultime de la civilisation.

Le baron de Crac
Film tchécoslovaque de Karel Zeman (1962)

Le long-métrage me permet aussi de planter un 42ème petit drapeau sur ma page dédiée au cinéma du monde. J'ai appris en le découvrant que l'ex-Tchécoslovaquie était une terre très riche pour l'animation. Avant de peut-être y revenir un jour, j'aimerais bien pouvoir revoir Les aventures du baron de Münchhausen, dans sa version Gilliam. J'ajoute qu'il existe aussi, entre autres, un film allemand de... 1943 !

2 commentaires:

ideyvonne a dit…

Comme je ne connaissais pas cette version, je suis allée voir sur le net et j'ai découvert ça : http://psychovision.net/forum/viewtopic.php?t=3555&view=next&sid=b48c4e11e381aa7f1c30615956d7064c
A en voir ces photos (et surtout par le biais de ton article) cela donne envie de découvrir cette oeuvre cinématographique !
Merci de cette belle découverte :)

Martin a dit…

Ravi de t'avoir fait connaître cette petite perle, Ideyvonne. Je pense que tu ne seras pas déçue si tu as l'occasion de découvrir le film.