Ellis et Neck sont deux gamins de 14 ans dans l'Amérique d'aujourd'hui. Ils habitent sur les rives du Mississippi et, à la suite d'une tempête, ils ont repéré un bateau dans un arbre, qu'ils comptent récupérer pour naviguer sur le fleuve et vivre à l'écart des adultes. C'est dans ces circonstances qu'ils croisent la route d'un vagabond. L'inconnu guigne lui aussi le trésor. Mud: c'est son nom et le titre même du film. Je suis allé le voir en confiance, heureux de découvrir enfin le travail de Jeff Nichols qu'on présente déjà, après trois films et à 34 ans, comme le nouveau petit génie du cinéma indé américain.
À l'heure du bilan, j'ai tout sauf des regrets. Mud s'inscrit d'office comme l'un des plus beaux films que j'ai vus cette année. Le cinéma américain me paraît d'une très grande générosité quand il s'exprime avec cette ampleur ! Ici, la réussite tient d'abord à un casting exceptionnel. Dans le rôle-titre, on retrouve un jeune premier oublié, Matthew McConaughey, resté longtemps à l'écart des grands écrans blancs et qui y effectue depuis quelque temps un retour en force. Face à lui, deux gosses fabuleux, Tye Sheridan et Jacob Lofland. L'incroyable force de conviction avec laquelle ils viennent accaparer l'oeil de la caméra fait merveille. Pour être juste, il faut dire aussi que le reste de la distribution ne fait que sublimer leur prestation, avec notamment Reese Witherspoon et Sam Shepard dans des rôles secondaires parfaitement écrits et intégrés à cette histoire. J'évite sciemment de vous révéler comment le scénario choisit de faire interagir tout ce petit monde. Sachez juste qu'il est question d'amour et de vengeance. Difficile, voire impossible, de rester insensible...
Le vrai plaisir que j'ai pris grâce à ce récit tient également au cadre dans lequel il s'inscrit. Plutôt qu'au Mississippi, Jeff Nichols est né dans l'Arkansas voisin: il filme l'Amérique rurale avec une empathie remarquable, sublimant les lieux et respectant les gens. Chose rare dans le cinéma contemporain: je dirais qu'il n'assène aucun jugement définitif sur ses personnages. Il se concentre sur une tranche de vie. Ce qui s'est passé avant le film demeure assez flou. Ce qui se passera après paraît plutôt ouvert. Mud nous invite à construire nous-mêmes les pièces manquantes: ce n'est pas la dernière de ses qualités. Beaucoup plus concrètement, il nous écarte sensiblement des sentiers battus en matière de territoire: les habituelles jungles urbaines cèdent la place à un décor naturel d'une grande beauté. Je dois admettre que j'ai du mal à comprendre comment le film a pu repartir bredouille du Festival de Cannes l'année dernière. Est-ce dans l'idée de le préserver qu'il est sorti près d'un an plus tard, aux États-Unis comme en France ? Mystère. Mais maintenant qu'il est là, foncez-y !
Mud - Sur les rives du Mississippi
Film américain de Jeff Nichols (2013)
Cette manière de porter le septième art au plus près de l'Amérique des petites gens et d'y montrer la vie des ados me rappelle notamment celle d'un Gus van Sant (et Paranoid Park, par exemple). Autre référence déjà citée il y a quelques semaines: Un monde parfait de Clint Eastwood. Vous noterez que le jeune Tye Sheridan jouait aussi dans The tree of life, référence picturale dont le film d'aujourd'hui partage parfois la grande beauté. Hâte de découvrir maintenant le reste du travail de Jeff Nichols. Je vous raconterai...
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Si j'en crois sa chronique sur le sujet...
Conquise, Pascale ("Sur la route du cinéma") l'est aussi. Allez voir ! Après ça, un clic pour le blog de Dasola: vous y lirez un avis mitigé.
À l'heure du bilan, j'ai tout sauf des regrets. Mud s'inscrit d'office comme l'un des plus beaux films que j'ai vus cette année. Le cinéma américain me paraît d'une très grande générosité quand il s'exprime avec cette ampleur ! Ici, la réussite tient d'abord à un casting exceptionnel. Dans le rôle-titre, on retrouve un jeune premier oublié, Matthew McConaughey, resté longtemps à l'écart des grands écrans blancs et qui y effectue depuis quelque temps un retour en force. Face à lui, deux gosses fabuleux, Tye Sheridan et Jacob Lofland. L'incroyable force de conviction avec laquelle ils viennent accaparer l'oeil de la caméra fait merveille. Pour être juste, il faut dire aussi que le reste de la distribution ne fait que sublimer leur prestation, avec notamment Reese Witherspoon et Sam Shepard dans des rôles secondaires parfaitement écrits et intégrés à cette histoire. J'évite sciemment de vous révéler comment le scénario choisit de faire interagir tout ce petit monde. Sachez juste qu'il est question d'amour et de vengeance. Difficile, voire impossible, de rester insensible...
Le vrai plaisir que j'ai pris grâce à ce récit tient également au cadre dans lequel il s'inscrit. Plutôt qu'au Mississippi, Jeff Nichols est né dans l'Arkansas voisin: il filme l'Amérique rurale avec une empathie remarquable, sublimant les lieux et respectant les gens. Chose rare dans le cinéma contemporain: je dirais qu'il n'assène aucun jugement définitif sur ses personnages. Il se concentre sur une tranche de vie. Ce qui s'est passé avant le film demeure assez flou. Ce qui se passera après paraît plutôt ouvert. Mud nous invite à construire nous-mêmes les pièces manquantes: ce n'est pas la dernière de ses qualités. Beaucoup plus concrètement, il nous écarte sensiblement des sentiers battus en matière de territoire: les habituelles jungles urbaines cèdent la place à un décor naturel d'une grande beauté. Je dois admettre que j'ai du mal à comprendre comment le film a pu repartir bredouille du Festival de Cannes l'année dernière. Est-ce dans l'idée de le préserver qu'il est sorti près d'un an plus tard, aux États-Unis comme en France ? Mystère. Mais maintenant qu'il est là, foncez-y !
Mud - Sur les rives du Mississippi
Film américain de Jeff Nichols (2013)
Cette manière de porter le septième art au plus près de l'Amérique des petites gens et d'y montrer la vie des ados me rappelle notamment celle d'un Gus van Sant (et Paranoid Park, par exemple). Autre référence déjà citée il y a quelques semaines: Un monde parfait de Clint Eastwood. Vous noterez que le jeune Tye Sheridan jouait aussi dans The tree of life, référence picturale dont le film d'aujourd'hui partage parfois la grande beauté. Hâte de découvrir maintenant le reste du travail de Jeff Nichols. Je vous raconterai...
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Si j'en crois sa chronique sur le sujet...
Conquise, Pascale ("Sur la route du cinéma") l'est aussi. Allez voir ! Après ça, un clic pour le blog de Dasola: vous y lirez un avis mitigé.
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