Saviez-vous que l'autoroute est un vent violent ? Qu'un grand oiseau blanc s'appelle carabine ? Et que les zombies sont de petites fleurs jaunes ? C'est le postulat de Canine, un film étrange que je voulais voir depuis longtemps. J'étais intrigué au départ et un peu dérouté finalement, après une expérience de cinéma qui ne ressemblait à rien de ce que j'aurais vu auparavant. L'histoire elle-même est assez facile à comprendre: un couple maintient ses trois enfants enfermés constamment, à l'écart de la plus petite activité collective extérieure. Les mots censés représenter une menace, il en transforme le sens.
Le point le plus étonnant, c'est en fait que ces enfants ont dépassé l'âge où la protection de leurs aînés est indispensable. Les dialogues ne leur donnent pas de nom, comme si, au fond, ils n'existaient pas. Canine pose frontalement la question de leur sexualité. Une solution a été bricolée pour le fils, qui fréquente une prostituée et exécute mécaniquement des mouvements sans passion, comme d'autres font de la gymnastique. Les filles, elles, sont d'une candeur de gamine. Quant aux parents, pornocrates, ils parlent de l'arrivée possible d'autres frères et soeurs, dès qu'il s'agit de calmer les rares velléités contestatrices de leur progéniture. Formellement, le long-métrage pose un âpre décor, quasi-unité de lieu et absence de toute musique pour égayer ses (belles) images. Vous aurez compris qu'il ne plaira pas à tout le monde. Je me suis longtemps demandé où tout cela allait mener. Je vous laisse donc désormais le découvrir par vous-mêmes.
Le point le plus étonnant, c'est en fait que ces enfants ont dépassé l'âge où la protection de leurs aînés est indispensable. Les dialogues ne leur donnent pas de nom, comme si, au fond, ils n'existaient pas. Canine pose frontalement la question de leur sexualité. Une solution a été bricolée pour le fils, qui fréquente une prostituée et exécute mécaniquement des mouvements sans passion, comme d'autres font de la gymnastique. Les filles, elles, sont d'une candeur de gamine. Quant aux parents, pornocrates, ils parlent de l'arrivée possible d'autres frères et soeurs, dès qu'il s'agit de calmer les rares velléités contestatrices de leur progéniture. Formellement, le long-métrage pose un âpre décor, quasi-unité de lieu et absence de toute musique pour égayer ses (belles) images. Vous aurez compris qu'il ne plaira pas à tout le monde. Je me suis longtemps demandé où tout cela allait mener. Je vous laisse donc désormais le découvrir par vous-mêmes.
La distribution de Canine se réduit à six rôles. L'absence d'émotions apparentes rend inquiétant le jeu très maîtrisé des acteurs. Le film enferme également la vue et coupe tout horizon: la villa d'arrière-plan aurait sans doute paru attrayante en d'autres mains, mais apparaît ici comme une prison. L'impact du long-métrage ne repose pas seulement sur l'intrigue et l'énigme qu'il développe, c'est évident. Sciemment, le réalisateur a ouvert quelques portes, mais sans livrer vraiment chacune des clés d'analyse de ce qui est son deuxième film. Dans une interview, il revendiquait clairement cette méthode participative: "Je veux que le spectateur soit actif. Qu'il ne gobe pas un message qui lui dise ce qu'il doit penser. Qu'il aime le film ou pas ne m'importe pas, au fond". L'idée était donc plutôt d'offrir une liberté d'interprétation: "Je ne cherche pas à séduire ou à choquer, et moins encore à donner de la chair à théorie aux intellectuels... simplement à donner une émotion bizarre dans une gamme variée d'émotions". Violence psychologique comprise, le pari n'est pas loin d'être gagné.
Canine
Film grec de Yorgos Lanthimos (2009)
Je connais trop mal le cinéma de Michael Haneke et pas du tout celui d'Ulrich Seidl: impossible de dire si les professionnels qui ont comparé ce long-métrage avec ceux des cinéastes autrichiens ont raison. Admettons: l'oppression paternelle peut effectivement rappeler celle vue dans Le ruban blanc. Mon titre ? Je l'ai choisi parce que le film a été primé à Cannes en 2009, catégorie "Un certain regard". Si je l'ai apprécié, c'est aussi parce qu'il ajoute un pays à mes pérégrinations cinéphiles: la Grèce. C'est le trentième depuis l'ouverture de ce blog !
Canine
Film grec de Yorgos Lanthimos (2009)
Je connais trop mal le cinéma de Michael Haneke et pas du tout celui d'Ulrich Seidl: impossible de dire si les professionnels qui ont comparé ce long-métrage avec ceux des cinéastes autrichiens ont raison. Admettons: l'oppression paternelle peut effectivement rappeler celle vue dans Le ruban blanc. Mon titre ? Je l'ai choisi parce que le film a été primé à Cannes en 2009, catégorie "Un certain regard". Si je l'ai apprécié, c'est aussi parce qu'il ajoute un pays à mes pérégrinations cinéphiles: la Grèce. C'est le trentième depuis l'ouverture de ce blog !
2 commentaires:
Une comédie noire qui relit la tragédie grecque :
http://lemiroirdesfantomes.blogspot.fr/2014/07/canine-family-life.html?view=magazine
Haneke et Seidl font hélas preuve d'une "kolossale" finesse dans leurs dénonciations de la violence au cinéma, ignorant, un peu vite, qu'ici plus qu'ailleurs, il s'agit uniquement de représentation, en oubliant, par exemple, la grandeur et la beauté de certains films d'horreur : http://lemiroirdesfantomes.blogspot.fr/2014/07/derriere-la-porte-rouge-defense-et.html?view=magazine
"Canine" m'avait vraiment marqué ! Cela dit, ne connaissant toujours pas le cinéma de Seidl, je ne peux pas comparer. Avec Haneke, oui, pourquoi pas ? C'est vrai que je peux pointer quelques ressemblances.
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