dimanche 9 septembre 2012

Questionnements intimes

Jean-Pierre Melville fait partie d'un cercle (rouge ?) de réalisateurs qui me sont familiers, mais dont - c'est une bonne chose - j'ignore encore une bonne partie du travail. Tiré au sort avant que je parte en vacances, c'est son film Léon Morin prêtre que j'ai regardé le soir de mon retour. Film âpre pour une "reprise" ! Il m'attirait toutefois pour deux raisons de taille: Emmanuelle Riva et Jean-Paul Belmondo. J'ai prévu de retrouver la première dans la Palme d'or 2012, sortie programmée en octobre, et j'aime voir les vieux films du second. Âgé ici de 28 ans seulement, il n'est pas encore Bébel, mais bon...

Léon Morin prêtre est un film bavard, tiré d'un roman éponyme récompensé du Goncourt en 1962. Au cours de la dernière guerre mondiale, quelque part en zone occupée, une jeune femme se croit déterminée à "bouffer du curé". Quand Barny finit par s'engouffrer dans le confessionnal de l'église voisine, c'est dans le but d'attaquer l'abbé local sur son propre territoire. Surprise de taille: de l'autre côté de la grille aux confidences, l'homme a du répondant ! Il aime mieux engager le débat que de répondre à la provocation et d'administrer une quelconque pénitence. Ce qui devait n'être qu'une protestation presque politique devient l'amorce d'une étonnante discussion. Bientôt, d'autres suivront, sur la base de nombreux écrits philosophiques et théologiques. Si le décor dans lequel il est inscrit garde une certaine importance, Léon Morin prêtre est bien d'abord un dialogue, un échange de questions/réponses qui conserve de fait une certaine modernité. Porté par la belle sobriété du jeu du duo Riva/Belmondo, c'est un plaisir difficile, certes, mais pourtant réel.

Le cinéma y paraît presque secondaire. Si les scènes ne devaient pas s'enchaîner aussi vite, on se sentirait presque être au théâtre. L'ambiguïté relative des sentiments de Barny pour son confesseur déroute un peu: elle m'a fait me concentrer bien vite sur l'évolution de leurs rapports. En un mot, j'ai quasiment oublié d'examiner l'arrière-plan et l'ensemble des autres personnages. Rien à regretter. Il me semble que le reste n'est là que pour venir encore surligner l'importance de la dualité principale. Emmanuelle Riva, que j'attends donc avec impatience de revoir... 51 ans plus tard, est étonnante d'intensité. Son regard, notamment, garde à tout moment un air indécis, entre inquiétude, doute et joie. Comédien à l'expressivité animale s'il en est, Jean-Paul Belmondo bouffe la pellicule et s'avère aussi engagé qu'il le sera plus tard dans ses rôles de brute au coeur tendre - une vraie et belle redécouverte. Léon Morin prêtre fera probablement partie de ces films qui s'insinuent lentement en moi. Sur l'instant, je n'y ai parfois vu qu'un récit plan-plan des années 60 tout juste naissantes. Il a toutefois laissé une trace et je subodore que je n'ai pas fini d'y penser. Ce qui est finalement assez révélateur.

Léon Morin prêtre
Film français de Jean-Pierre Melville (1961)
La même année, à l'heure de ses tout premiers succès, Bébel tourne pas moins de sept autres films, avec Jean-Luc Godard notamment. J'aurais l'occasion d'en reparler, puisque cet opus est tiré d'une série de cinq DVD en ma possession, intitulée "Belmondo Nouvelle Vague". Pour une autre histoire d'homme et de femme par temps de guerre d'un ton différent, je peux conseiller le joli Fortunat. Michèle Morgan y accompagne Bourvil dans un de ses rares rôles mélodramatiques.

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À lire aussi...
L'analyse, plus courte, du cinéphile webmestre de "L'oeil sur l'écran".

À voir aussi ?
Il y un remake télé avec Robin Renucci et Nicole Garcia. Pas vu...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

hello. i would like to see "LÉON MORIN, PRÊTRE (1991)" but i didn't find for download

Martin a dit…

I can't help you. I bought the DVD. Perhaps you should just do the same.