Une chronique de Martin
Parmi tout ce que j'aime au cinéma, je garde une place particulière pour les premiers films. Avec son titre à rallonge, Comme un chat noir au fond d'un sac aurait très bien pu m'échapper. Si j'ai choisi de le regarder, c'est pour mieux connaître les travaux et inspirations de son réalisateur, Stéphane Elmadjian. Vous comprendrez mieux lundi. D'ici là, comme moi, je vous invite à suivre les pas d'Isaline.
Venue seule à Athènes, laissant délibérément sonner son portable dans le vide, la jeune femme, elle aussi, est entourée de mystères.
Stéphane Elmadjian est aussi connu comme monteur. La construction de son film montre parfaitement son habitude à manier les images. Maelström de plans courts explicités par des dialogues minimalistes, Comme un chat noir au fond d'un sac n'est pas un long-métrage comme les autres. C'est une oeuvre à ressentir: elle ne livre pas facilement ses secrets. Même la voix off qui accompagne Isaline dans ses déambulations - la sienne ! - ne fait qu'évoquer des choses sans les détailler, sans faire un lien clair et net avec les personnages. Il faut donc accepter de se perdre, ce que je suis parvenu à faire sans m'ennuyer. Si le titre de ma chronique vous rebute, je peux comprendre cette inquiétude qui est la vôtre. Comme un chat noir au fond d'un sac n'a rien d'une comédie. Au fil de sa narration particulière, il parle à demi-mots (mais à images réelles) de la guerre dans les Balkans, de la mort, du deuil impossible et de la perte possible de la raison. Peu de bruit, peu de mots, mais un vrai propos.
Des quelques acteurs qui se sont lancés dans l'aventure, il n'y a guère que Stanislas Mehrar et Serge Avédikian dont les noms m'étaient vaguement familiers. Le second avait été récompensé de la Palme d'or du court-métrage au Festival de Cannes 2010. Je crois n'avoir vu aucun autre des films du premier, César du meilleur espoir masculin... 1998. J'ai apprécié ici sa composition calme et fiévreuse à la fois. Ce qui hante Samuel, compagnon d'Isaline, on en découvre petit à petit les contours. Une idée de la douleur, souffrance muette et peut-être fatale. Isabelle Bouchemaa est l'héroïne, la femme seule qui endure quand les autres ne font qu'observer. Avant de découvrir le film, j'ignorais tout de cette ancienne élève du Conservatoire national supérieur d'art dramatique. Elle est l'âme du long-métrage, notre guide au milieu des images et émotions. Comme un chat noir au fond d'un sac laisse une trace. Diffuse, incertaine et violente.
Comme un chat noir au fond d'un sac
Film français de Stéphane Elmadjian (2008)
Pas diffusé au cinéma, pas disponible en DVD, c'est donc sur Internet que j'ai vu le long-métrage: le réalisateur l'offre en téléchargement gratuit sur son site personnel. Le comparer à un autre paraît hasardeux, tant le ton est ici particulier et original. Je m'y risque toutefois. Pour retrouver une narration déstructurée qui ferait d'abord appel à nos émotions, je peux vous conseiller Pierrot le fou, mais aussi, dans un autre genre, The tree of life, la Palme cannoise de 2011. Si, en revanche, vous aimez le concret et cherchez un film sur la guerre des Balkans, vous pouvez retenir Harrison's flowers. Précision importante: ce long-métrage est particulièrement explicite !
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