Une chronique de Martin
L'académisme anglais a du bon. Avec certes quelques crédits américains, c'est en effet un réalisateur britannique qui a osé redonner vie à Marilyn Monroe, le temps de parler d'un épisode oublié de la vie de la star: son séjour en Angleterre pour le tournage du film Le prince et la danseuse, sorti sur les écrans en 1957. My week with Marilyn montre l'envers du décor et la bonne entente relative entre les comédiens sur le plateau, en tournant d'abord son regard vers le troisième assistant du réalisateur. Un dénommé Colin Clark.
C'est à ce très jeune homme - il a 23 ans, bientôt 24 - que Marilyn adresse ce sourire ravageur. L'histoire est authentique: venue jouer en Europe pour la première fois, accompagnée de son mari d'alors, Arthur Miller, l'idole de Hollywood s'adaptait fort mal aux méthodes de travail britanniques. My week with Marilyn montre par ailleurs que, du fait d'un flagrant manque de confiance en elle, elle était intimidée par ses partenaires, au premier rang desquels le comédien de théâtre Laurence Olivier, premier rôle masculin... et réalisateur ! La jeune femme oubliera donc ses névroses en fuyant le tournage dans les bras d'un subalterne. Ce n'est qu'après, une fois retrouvée cette sûreté de jeu, qu'elle reviendra terminer le film. La qualité première du travail de Simon Curtis, c'est de rester très pudique dans l'approche des faits et des personnages. Si le terme de folie revient assez souvent pour expliquer la versatilité du comportement de Marilyn, il ne figure jamais dans les propos de Colin Clark. Quelques dialogues ouvrent la porte à d'autres brèves justifications et la referment presque aussitôt. Ce n'est simplement pas le sujet.
Le sujet, c'est bien cette historiette improbable entre Marilyn Monroe et Colin Clark, entre la star de l'Amérique et un jeune Anglais anonyme, tout juste arrivé dans l'ombre des sunlights. C'est à lui qu'on doit d'ailleurs d'avoir connaissance de cette "anecdote", le film reprenant notamment la trame d'un documentaire autobiographique sur le sujet. Faut-il limiter My week with Marilyn à ce qu'annonce son titre ? Pour ma part, je ne le crois pas, car le long-métrage recèle d'autres qualités. L'interprétation des acteurs en est une. J'ignorais encore tout d'Eddie Redmayne, le jeune comédien qui prête ses traits à Colin Clark. Que dire ? Il est ma foi très... anglais ! Tâches de rousseur incluses, il est aussi très crédible. On partage finalement toute son admiration pour Marilyn et nos yeux se posent alors sur Michelle Williams, parfaite elle aussi, capable de faire passer l'aspect fragile de la star et, deux plans plus loin, son côté calculateur. L'actrice eut-elle emporté l'Oscar que je n'aurais pas crié au scandale. En personnages secondaires, on retrouvera avec plaisir un trio so British: Kenneth Branagh, Julia Ormond et Judi Dench. Permettez-moi d'insister sur ce point: l'académisme anglais a du bon.
My week with Marilyn
Film britannique de Simon Curtis (2011)
Le réalisateur compare son oeuvre à... Lost in translation. Effectivement, chez Sofia Coppola aussi, on parle d'un amour pudique et improbable, dans une vision toutefois modernisée. L'aspect vintage de ce nouveau film m'a également souvent rappelé le très beau long-métrage sur George VI, Le discours d'un roi. Référence plus éloignée pour un regard candide: Cinema Paradiso. Désormais, au-delà de ce cinéma récent, j'ai très envie de plonger dans l'histoire du septième art. Le prince et la danseuse vient ainsi d'entrer dans mes radars. J'espère bien un jour pouvoir en reparler...
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Et si vous voulez encore un autre regard...
Vous apprécierez la chronique nuancée de "Sur la route du cinéma".
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