Une chronique de Martin
Bertrand Blier, Gérard Depardieu et Patrick Dewaere: quand le trio est réuni courant 1978, il a pour lui l'expérience d'un premier film commun. Préparez vos mouchoirs marque donc des retrouvailles. Cette comédie olé-olé tourne autour de son personnage féminin. Solange vit avec Raoul. Il n'est que de la regarder déjeuner avec lui au restaurant pour comprendre qu'elle s'ennuie - très - profondément.
Évidemment, car sinon, c'est un autre film... évidemment, elle nie. Pour la dérider un peu, son jules repère un autre homme, Stéphane, et lui confie la mission de réveiller enfin l'enthousiasme de Madame. Hypothèse: "Peut-être qu'en réalité, elle est juste un peu conne".
J'ai beaucoup aimé la première heure de Préparez vos mouchoirs. Portée par des dialogues de haut vol, la verve naturelle du "couple" Depardieu-Dewaere fait merveille. Au milieu, le détachement manifeste de la jolie Carole Laure est un indéniable moteur comique. Quand j'aurai ajouté que Michel Serrault débarque un peu plus tard pour relever la sauce, vous comprendrez que je me suis bien amusé. Reste que j'ai trouvé la seconde partie du film moins convaincante. La faute à qui ? Peut-être à un empaffé de présentateur télé qui, pour annoncer le film juste avant de le diffuser, n'a rien trouvé d'autre à faire que d'en révéler le rebondissement principal. Sincèrement, c'est également au niveau du rythme que j'ai trouvé que le long-métrage faiblissait (un peu), après donc un bon départ. Les répliques et situations se font soudain un peu trop théâtrales.
Sans trop en dire, je soulignerai simplement que la seconde partie introduit un personnage d'enfant tout à fait étonnant. Il faut dire ici que le jeune comédien est excellent: il s'appelle Riton Liebman et, sans être devenu une star, tourne encore aujourd'hui. L'imagination de Bertrand Blier lui a offert un premier rôle éloigné des conventions. De fait, l'audace narrative du fils de Bernard présente en soi un défi pour ses acteurs. Carole Laure elle-même en parlait l'autre jour, aussitôt après la diffusion du film, et expliquait qu'elle demandait souvent au réalisateur des précisions sur la manière dont il espérait la voir jouer. Une seule réponse alors: "Démerde-toi !". Le résultat est donc très honorable. Préparez vos mouchoirs défonce l'image proprette de la France giscardienne: c'est une autre de ses qualités. Une faiblesse aussi: 34 ans plus tard, il sent un peu la naphtaline.
Préparez vos mouchoirs
Film français de Bertrand Blier (1978)
Bien évidemment, impossible de passer à côté de la comparaison avec Les valseuses, l'oeuvre de la révélation pour le fameux trio évoqué en début de chronique. Je préfère ce premier opus, en fait. Entre les deux, il y a aussi eu Calmos, dont les vedettes s'appellent Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort et Brigitte Fossey. Pas vu. J'ajouterai donc simplement que, pour beaucoup, les premiers films de Bertrand Blier valent bien mieux que tout ce qu'il a fait récemment. À noter d'ailleurs que celui que je vous ai présenté aujourd'hui obtint le 9 avril 1979... l'Oscar du meilleur film étranger !
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