Une chronique de Martin
Il y a un an presque jour pour jour, je parlais de la place des acteurs noirs dans le cinéma américain. L'annonce hier de la disparition subite du comédien français Mouss Diouf m'incite à m'intéresser désormais au même sujet dans notre cinéma national. Avec d'emblée cette impression fâcheuse que la France ne brille pas par l'exemple...
Omar Sy serait-il l'arbre qui cache la forêt ? L'énorme succès d'Intouchables peine à convaincre durablement que les comédiens noirs ont toute leur place sur les écrans... tricolores. Le César obtenu par l'acteur ne semble pas avoir changé grand-chose aux données premières du problème. Sommes-nous prêts à voir un Noir personnage principal d'un film d'auteur ? Pas sûr. La critique américaine nous est suffisamment tombée dessus l'année dernière pour le prétendu racisme du carton du box office ! Je constate toutefois que derrière le Driss de cinéma se cache un Abdel de chair et d'os, dont la famille vient d'Algérie, pas d'Afrique subsaharienne.
Je vous dois un aveu: quand j'y ai réfléchi, j'ai eu du mal à composer une liste de quatre acteurs français noirs - et je ne parle même pas de l'absence regrettable du cinéma africain sur ces pages. Si j'ai fini par penser à Lucien Jean-Baptiste, d'origine martiniquaise, j'ai dû aussitôt constater que je le connaissais grâce à Possessions, le film tiré de l'affaire Flactif. Pour le coup, le comédien y interprétait donc une personne réelle et... noire elle aussi. Soyons francs: le choix d'attribuer le rôle à un homme de couleur me paraît d'abord révéler un souci de réalisme du réalisateur. Après tout, pourquoi pas ? Reste à espérer que d'autres portes pourront s'ouvrir pour le comédien...
C'est également le souhait que je formule pour Aïssa Maiga. Personnellement, je l'ai découverte dans Les poupées russes, le film de Cédric Klapisch. Elle était justement l'une des "poupées" draguées par Romain Duris, un pan de la mosaïque, une jolie touche colorée avant l'entrée en scène définitive de la blanche Kelly Reilly. Difficile toutefois de nier que l'Anglaise possède elle aussi un charme fou ! Plus récemment, j'ai revu Aïssa Maïga en productrice télé stressée dans Sur la route du Marsupilami. Un personnage sans doute sympa à jouer, mais qui reste dans l'ombre du duo Chabat / Debbouze. Désormais, la belle Sénégalaise préparerait sa première réalisation.
Parmi les comédiens que je suis de loin en loin: Isaac de Bankolé. Chevalier de la Légion d'honneur, cet acteur ivorien d'origine béninoise me paraît un bon exemple en terme de carrière réussie. Après qu'il a fréquenté les écrans français dès les années 80, notamment dans Les keufs ou Black mic-mac, c'est dans le cinéma d'auteur américain que je l'ai revu, avec Ghost dog (Jim Jarmusch). Il est certes vrai que son rôle y est moins important que celui confié à Forest Whitaker. Il apporte toutefois une belle tonalité nostalgique au rythme lent de ce long-métrage atypique. C'est aussi une preuve de son talent à ne pas se laisser enfermer dans un vague stéréotype.
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