Incroyable mais vrai: j'ai bien failli passer à côté de mon film du jour simplement parce qu'à sa sortie, je trouvais son titre très moche. Sandrine Kiberlain l'a réalisé et dit avoir voulu "s'exprimer autrement" que comme actrice, exauçant un rêve longtemps jugé inaccessible. Elle parle de légitimité. D'une histoire "valant le coup". Voyons cela...
Une jeune fille qui va bien: de quoi camper un personnage singulier. Difficile d'ailleurs de ne pas s'y attacher, voire même de s'y identifier. Irène, 19 ans, arpente les rues de Paris avec l'enthousiasme naturel de sa jeunesse et les mille envies qui lui sont associées. Son groupe d'amis et elle ne rêvent que d'une chose: entrer au Conservatoire. Chaque jour, inlassablement, ces adolescents et jeunes adultes répètent donc L'Épreuve, comédie en un acte de Marivaux (1740). Cela se passe pour le mieux, en apparence, mais c'est l'été 1942 ! Toute à son insouciance, Irène en a presque oublié qu'elle est juive...
Moche ou pas ? Vous jugerez. Une jeune fille qui va bien: un titre conçu en trompe-l'oeil. Je veux ici saluer l'audace d'une mise en scène fondée sur ce qu'elle ne montre pas: cette menace à peine perceptible et pourtant constante pour l'héroïne du récit. Pas de croix gammée visible à l'écran, pas de cris, pas de rafle... juste une génération remplie d'espoirs et qui vit (presque) normalement en ces heures sombres. Le contraste avec ce qu'on imagine de la réalité quotidienne de la vie à cette époque est évidemment un fort vecteur d'émotions. J'ai envie de retenir le meilleur: en dépit de quelques maladresses largement pardonnables à une cinéaste débutante, Sandrine Kiberlain fait mouche. Certaines idées sont très belles - je pense aux lunettes pour voir flou et à un premier baiser donné dans le noir, notamment. J'ai vu un beau film et des acteurs convaincants: Rebecca Marder, André Marcon, Françoise Widhoff, Anthony Bajon... merci ! Et bravo !
Une jeune fille qui va bien
Film français de Sandrine Kiberlain (2022)
Rebecca Marder a finalement été nommée au César du meilleur espoir féminin, mais il me semble que l'accueil réservé à ce long-métrage est resté plutôt froid (à peine 161.303 entrées dans toute la France). Il est vrai, comme je l'ai lu, que le récit est ténu. Je vous renvoie vers un chef d'oeuvre - Le jardin des Finzi Contini - pour le sujet. Autre option: La chambre de Mariana, une merveille de cette année.
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Et pour vérifier que mon film du jour ne fait pas l'unanimité...
Vous pouvez lire la chronique de Pascale et celle de "L'oeil sur l'écran".
Une jeune fille qui va bien: de quoi camper un personnage singulier. Difficile d'ailleurs de ne pas s'y attacher, voire même de s'y identifier. Irène, 19 ans, arpente les rues de Paris avec l'enthousiasme naturel de sa jeunesse et les mille envies qui lui sont associées. Son groupe d'amis et elle ne rêvent que d'une chose: entrer au Conservatoire. Chaque jour, inlassablement, ces adolescents et jeunes adultes répètent donc L'Épreuve, comédie en un acte de Marivaux (1740). Cela se passe pour le mieux, en apparence, mais c'est l'été 1942 ! Toute à son insouciance, Irène en a presque oublié qu'elle est juive...
Moche ou pas ? Vous jugerez. Une jeune fille qui va bien: un titre conçu en trompe-l'oeil. Je veux ici saluer l'audace d'une mise en scène fondée sur ce qu'elle ne montre pas: cette menace à peine perceptible et pourtant constante pour l'héroïne du récit. Pas de croix gammée visible à l'écran, pas de cris, pas de rafle... juste une génération remplie d'espoirs et qui vit (presque) normalement en ces heures sombres. Le contraste avec ce qu'on imagine de la réalité quotidienne de la vie à cette époque est évidemment un fort vecteur d'émotions. J'ai envie de retenir le meilleur: en dépit de quelques maladresses largement pardonnables à une cinéaste débutante, Sandrine Kiberlain fait mouche. Certaines idées sont très belles - je pense aux lunettes pour voir flou et à un premier baiser donné dans le noir, notamment. J'ai vu un beau film et des acteurs convaincants: Rebecca Marder, André Marcon, Françoise Widhoff, Anthony Bajon... merci ! Et bravo !
Une jeune fille qui va bien
Film français de Sandrine Kiberlain (2022)
Rebecca Marder a finalement été nommée au César du meilleur espoir féminin, mais il me semble que l'accueil réservé à ce long-métrage est resté plutôt froid (à peine 161.303 entrées dans toute la France). Il est vrai, comme je l'ai lu, que le récit est ténu. Je vous renvoie vers un chef d'oeuvre - Le jardin des Finzi Contini - pour le sujet. Autre option: La chambre de Mariana, une merveille de cette année.
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Et pour vérifier que mon film du jour ne fait pas l'unanimité...
Vous pouvez lire la chronique de Pascale et celle de "L'oeil sur l'écran".

4 commentaires:
Mouais.
J'en pouvais plus de ces évanouissements et de ce parti pris d'ignorer le contexte même si c'est le "principe" même du film et de l'histoire de cette fille un peu inconséquente.
Le titre est simpliste et enfantin. Il ne m'a ni plu, ni choqué.
Je ne la trouve pas inconséquente, mais insouciante. Et à 19 ans, quand on est entouré de la bienveillance de sa famille et amoureux, et quand, en prime, on a l'espoir de commencer sa vie dans quelque chose qu'on adore faire, comment ne pas l'être ?
Cela se discute, bien sûr, mais je ne suis pas sûr que tout Paris était enfermé dans une peur constante, aux premiers jours de 1942. Et puis, il y a eu la rafle du Vel d'Hiv', dont le film parle en creux. Fallait-il la montrer ou la reconstituer une fois encore ? Pas sûr.
Le titre ne me plaît toujours pas. Il ne me choque pas non plus. C'est juste cette expression "qui va bien" que j'ai entendue dans la bouche de commerciaux : je la trouve moche et vide de sens réel. Et, pour le coup, je crains qu'elle desserve le film...
Ah oui je vois à présent ou plutôt j'entends le "qui va bien" qu'on entend à tout propos aujourd'hui qui veut dire "adapté".
Il y a PLEIN d'expressions qui m'agacent, pas celle-ci. Chacun ses névroses. Lol.
Le vel d'hiv, je ne l'évoque même pas. La rafle et Elle s'appelait Sarah me suffisent en films... inutile de la reconstituer.
Paris était occupé et envahi d'allemands, c'est fou qu'on en voit pas un seul mais c'est le parti pris du film.
L'insouciance poussée à ce point à 19 ans et dans ces circonstances cela m'a paru aberrant.
Pour tout te dire, je l'ai même trouvée un peu idiote cette jeune fille à côté de la plaque.
Voilà, c'est cette fameuse expression que je déteste, surtout mise à toutes les sauces. Bref...
Insouciante, oui, même si, pour aller dans ton sens, c'est peut-être un peu trop, dans ce film. Mais je me demande souvent à quel point les "circonstances" étaient perceptibles, à l'époque. Bien sûr, Paris était occupé, bien sûr, le climat était plus que tendu et les privations nombreuses. Mais... l'information ne circulait pas avec la même facilité, d'autant que la propagande vichyste et nazie devaient entraver bien des choses. Je crois donc qu'à défaut de combats, certains ont pu entretenir l'illusion d'une vie presque normale. Au moins jusqu'à ce qu'on demande aux Juifs de porter une étoile jaune...
Je n'aurais pas regardé le film s'il s'était appelé "Une jeune fille un peu idiote et à côté de la plaque".
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